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Le calcio, nouveau cheval de bataille du gouvernement Meloni

Par Tristan Pubert

Après la suppression du Decreto Crescita, le gouvernement italien ne lâche pas le calcio. Cette fois, Giorgia Meloni et son équipe ont décidé de frapper fort avec un projet visant à contrôler les budgets des clubs professionnels de football (et de basket). Ce qui ne fait pas l’unanimité au sein des clubs, forcément.

Le calcio, nouveau cheval de bataille du gouvernement Meloni

Début mai, à la surprise générale, le gouvernement italien annonce son nouveau projet phare concernant les clubs professionnels de football et de basket, avec la « création d’une agence d’encadrement économique et financier des clubs professionnels ». Un projet sur lequel la squadra de la Première ministre Giorgia Meloni travaille depuis de longs mois et qui vise à remplacer le Covisoc, l’actuelle DNCG italienne, jugé has been. « Notre objectif est d’avoir un système qui fonctionne, dans le but de protéger ceux qui respectent les règles. Ce nouvel organe vise à contrôler efficacement et rapidement les comptes des clubs, en garantissant la responsabilité des tiers et la transparence », s’est félicité Andrea Abodi, le ministre des Sports italien. Ce projet, estimé à 2,5 millions d’euros (financé par la totalité des clubs professionnels concernés), vise à contrôler de manière plus assidue les comptes des clubs.

Si le gouvernement se félicite de ce projet, en argumentant que « le sport professionnel reste l’affaire de chaque citoyen », la sphère footballistique ne voit pas les choses du même œil, à commencer par Gabriele Gravina. « Je n’ai jamais entendu parler de cette agence gouvernementale avant vendredi dernier. Nous avons discuté avec Abodi il y a quelques mois l’idée de revoir les critères des membres du Covisoc, mais rien de plus », a avancé le président de la FIGC (Fédé italienne de football). Ces derniers jours, le gouvernement a pourtant décidé de passer la vitesse supérieure en adressant un document officiel aux fédérations de football et de basket, ainsi qu’au CONI, le comité olympique transalpin et en organisant plusieurs réunions.

Un projet flou et controversé

Ce projet de création d’une DNCG contrôlée par Meloni & Cie a surpris de nombreux clubs italiens, à l’instar de Sassuolo, relégué ce week-end en Serie B. Contacté, le club d’Émilie-Romagne se dit « dans le flou total » et estime « ne pas être en mesure de répondre à des questions sur ce projet à l’heure actuelle ». Concrètement, pourquoi le gouvernement italien souhaite contrôler les finances des clubs professionnels de football et de basket ? Dans un premier temps, c’est la compétence et le fonctionnement du Covisoc qui sont remis en cause. Depuis les années 1960, la Commission de surveillance des clubs professionnels est chargée de contrôler la situation économique des clubs, et dispose également de pouvoirs de consultation, de proposition et de sanction. Un organisme indépendant, mais interne à la Fédé italienne, que beaucoup n’estiment plus en mesure d’assurer ces tâches.

« Un contrôle plus minutieux des comptes des clubs italiens est nécessaire », assure Mauro Berruto, ancien sélectionneur de la Nazionale de volley-ball, devenu député sous l’étiquette du Parti démocratique en octobre 2022. Ce dernier estime cependant que le remplacement de la DNCG par une agence gouvernementale serait «  très préoccupant. Comment peut-on croire à l’indépendance de cet organe quand celui-ci est sous l’autorité du gouvernement ? Il s’agit d’une arme strictement politique, cela ne fait aucun doute. Si ce gouvernement voulait le bien du sport italien, comme il le dit, il renforcerait les instruments existants, comme le Covisoc, en lui garantissant une plus grande indépendance et surtout en lui permettant de faire plus de contrôles au sein des clubs. Mais ce n’est pas le cas. »

Il y aurait donc une forme d’hypocrisie de la part de Meloni et son équipe, un sentiment également partagé par Urbano Cairo. « Je crois que le sport doit être indépendant de la politique et qu’il doit définir ses propres règles, explique le président du Torino. La démarche n’est pas honnête et ne vient pas pour sauver le calcio. Pendant la période Covid, nous avons été délaissés. Ou encore avec les affaires de paris sportifs, ils ne font rien pour changer les choses. »

Une ingérence politique ?

Cette intrusion du gouvernement Meloni dans les comptes des clubs professionnels de football et de basket remet en cause un principe essentiel, celui de l’autonomie du sport. Un principe sur lequel sont très à cheval la FIFA et l’UEFA, qui n’ont par ailleurs pas hésité à adresser un courrier à la Fédé italienne le 8 mai dernier, pour demander des explications sur cette potentielle ingérence politique. Mais cet avertissement n’inquiète pas vraiment Andrea Abodi : « Le plus important est d’avoir un objectif commun, nous voulons travailler sur la réputation et la crédibilité du système à travers les aspects économico-financiers. L’autonomie du sport n’est pas remise en cause, au contraire, c’est notre préoccupation. Et j’espère qu’on aura l’occasion de l’expliquer à l’UEFA et la FIFA dans les prochains jours. » Un argument non valable selon Mauro Berruto, qui estime que le ministre des Sports et sa troupe souhaitent évidemment tout contrôler : « Ils ont une soif de pouvoir. Le gouvernement de Meloni agit dans tous les domaines de la même manière en occupant tous les postes de pouvoir possibles ou bien en créant de nouveaux postes, comme ici avec ce nouvel organe. »

C’est terrible pour la démocratie italienne.

Mauro Berruto, député PD (Parti démocratique) et ancien sélectionneur de la Nazionale de volley-ball.

Cette autorité s’est manifestée dans de nombreux domaines, notamment celui des médias, en témoigne la censure prononcée par la chaîne de télévision RAI à l’encontre de l’écrivain Antonio Scurati. Plus que jamais donc, le gouvernement de Giorgia Meloni cherche à affirmer son autorité, et le calcio ne déroge pas à la règle. Déjà, en décembre dernier, la supportrice de la Lazio et/ou de la Roma avait décidé de mettre fin au Decreto Crescita, une mesure jugée absurde par de nombreux acteurs du football transalpin. Pour Berruto, « c’est un gouvernement qui vide le Parlement de son sens et qui souhaite uniquement affirmer son autorité, diviser l’Italie et construire des chaînes de pouvoir de plus en plus fortes. C’est terrible pour la démocratie italienne. » L’un des effets produits par l’extrême droite une fois au pouvoir.

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Par Tristan Pubert

Propos de Mauro Berruto et Urbano Cairo recueillis par TP.

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