La saison de Ligue 1 est finie, tristesse infinie

Quand on ne vit que pour la Ligue 1, il y a des décisions qu’on prend à contrecœur, mais qui s’imposent comme une évidence. S’abonner tel un pigeon à DAZN en début de saison, par exemple. Ce n’était pas un choix, c’était une nécessité. Une forme de dépendance assumée. Oui, la couverture du championnat était mauvaise. Oui, l’interface faisait mal aux yeux. Oui, il fallait parfois rafraîchir trois fois pour voir un corner.

Mais que faire d’autre quand on aime la Ligue 1 à ce point ? Quand un Reims-Toulouse a plus de valeur qu’un Liverpool-Chelsea ? Quand la vraie vie commence au coup d’envoi d’un Rennes-Nantes ? Alors, on a cliqué. On a payé (sans savoir qu’une promo Menu Golden serait disponible quelques mois plus tard). Parce qu’il n’y avait pas d’autre solution. Parce que la Ligue 1, même en 720p instable, reste plus précieuse qu’un monde sans elle. Et pourtant, cette saison n’avait pas si bien commencé. Pas de multiplex pour les matchs à 15 heures. Juste une Ligue 1 éclatée, fragmentée, impossible à suivre pleinement.

Et Georges Quirino apparut

Puis, à la 17^e journée, comme un miracle tombé du ciel, le multizone présenté par Georges Quirino a débarqué. Enfin, un vrai fil conducteur le dimanche après-midi. Enfin, la possibilité d’être partout à la fois, de passer d’un tacle de Charlie Cresswell à une percée d’Himad Abdelli. Souvent moquée, parfois ignorée, cette Ligue 1-là colle à la peau. Elle agace, elle frustre, elle déçoit. Et pourtant, elle fascine. Peut-être parce qu’elle échappe à toute logique.

Parce que la bande de Christophe Pélissier peut devenir, le temps de quelques semaines, le regen du Liverpool de Jürgen Klopp en venant s’imposer au Vélodrome contre toute attente. Parce qu’un attaquant célèbre pour crier « AFOU » sur ses jeunes coéquipiers belges du temps d’Anderlecht devient soudain l’arme fatale d’une équipe en perdition. Parce qu’une rencontre entre deux formations en difficulté peut offrir un spectacle plus vivant qu’une affiche de Ligue des champions. Oui, on parle bien de ce Sainté-Angers. Ce championnat n’obéit à aucune règle, si ce n’est celle de la surprise permanente. Ou même de l’ennui, parfois ou souvent, mais ce n’est pas très grave tant la routine d’un week-end de Ligue 1 ou le déroulé d’une saison agissent comme des réconforts. Des repères, même.

Un grand vide pendant trois mois

Que reste-t-il, ce dimanche, sans des matchs à picorer et sans perspectives concrètes ? Un grand vide qui va durer trois mois, soit une éternité. Ne venez pas parler du mercato et de ses rumeurs incessantes ; de la Coupe du monde des clubs inventée par la FIFA ; de la Gold Cup, de la Ligue des nations, de l’Euro féminin, d’une compétition de jeunes, et de tout le reste. Rien n’a le goût de la Ligue 1, ce feuilleton qu’on adore aimer comme détester.

Ce championnat a le charme de l’imprévisible, du rugueux, de l’authentique. Il respire la peur de la relégation, l’euphorie d’un maintien, l’espoir fou d’une qualification européenne. Et voilà que tout s’arrête : on le sait, on connaît cette sensation, on est même contents, au fond, de respirer un peu. Dès la semaine prochaine, pourtant, il y aura quelque chose de bizarre. La finale de la Coupe de France sera un écho à la saison terminée, celle de la Ligue des champions une belle ou triste conclusion pour les supporters du PSG. Ce qu’on perd avec la Ligue 1, c’est une tranche de quotidien, la petite voix joviale de Smaïl Bouabdellah ou le vibrato de Julien Brun.

Alors, on patientera. Comme toujours. Il faudra compter les jours, les semaines, les mois, les annonces de recrues à droite à gauche, les prises de parole, les publications LinkedIn de Pablo Longoria. Il faudra surveiller, aussi, les coulisses frénétiques et insupportables, en espérant que les présidents n’offrent pas un nouveau 14 juillet déplorable et qu’il ne faille pas attendre la dernière minute pour savoir quel sera le diffuseur du championnat. Il restera, quand même, les matchs amicaux, ceux qui ne servent à rien. On se raccrochera au moindre bruit de ballon, au moindre nouveau maillot dévoilé, aux moindres premiers pas des nouvelles recrues qui feront la cuvée 2025-2026. Voilà, la Ligue 1 est finie, et la promesse des retrouvailles au cœur du mois d’août atténue déjà notre tristesse infinie.