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Denis Bouanga : « Pour moi, le football éteint le baseball ! »

Propos recueillis par Matthieu Darbas

L'histoire de Denis Bouanga, c’est celle d’un joueur qui a quitté l’AS Saint-Étienne après une défaite face à l’AJ Auxerre et donc une descente en Ligue 2 pour devenir meilleur buteur de la MLS en moins de deux ans. Rencontre avec le Gabonais de 27 ans qui vit sa plus belle vie à Los Angeles.

Denis Bouanga : « Pour moi, le football éteint le baseball ! »

Il y a six mois, après avoir glané le titre de champion des États-Unis, tu avais dit : « L’Europe me manque. Je pense que j’ai encore les capacités de jouer dans une équipe européenne et de montrer ma force. » Six mois plus tard, tu es le meilleur buteur de la saison régulière et qualifié pour les play-off. L’Europe te manque encore ?

Tant que j’ai mes deux pieds, mes deux yeux et mes deux mains, je serai toujours impliqué à 100%. J’ai encore faim de titres, j’ai encore faim de buts, je veux gagner tous les matchs… et avec tout ça, je montrerai que je peux encore m’ouvrir les portes du football européen. Je suis venu ici avec beaucoup d‘objectifs, dont celui de marquer l’histoire de la MLS. J’ai la dalle, et là, je suis focus sur les play-off pour que le trophée reste à la maison. Allons à Vancouver pour gagner (match aller ce dimanche à 2 heures, heure de Paris, NDLR), il n’y a pas d’autre question à se poser. Je ne pense pas encore à la suite, et on fera les comptes à la fin. Mais oui, j’ai toujours vu cette ligue comme un tremplin.

Pour certains, cette ligue est d’un niveau un peu en dessous des grands championnats européens. Ce qui les amène à banaliser ta grande saison…

(Il coupe.) Oui, mais c’est trop facile de dire que ce championnat est nul. Moi, je les invite à venir ici pour faire un vrai constat. Beaucoup de joueurs pleins de talents sont venus ici et n’ont pas trop réussi. Je considère le niveau de la MLS entre celui de la Ligue 2 et de la Ligue 1. Mais plus les mois, semaines et jours passent, plus le niveau grimpe. L’organisation de la Coupe du monde y est pour quelque chose, l’arrivée de grands joueurs comme Messi aussi. Je laisse les gens penser ce qu’ils veulent, mais la MLS n’est plus ce championnat qui attirait les joueurs pas loin de ranger les crampons.

Que ce soit dans l’équipe de Los Angeles FC ou dans le championnat, tu arrives à voir cette évolution de niveau depuis une ou deux saisons ?

Il faut voir le potentiel de certains de mes coéquipiers ou d’autres joueurs que j’ai croisés. Ça ne rigole pas. Moi, je suis venu ici parce que le club a montré beaucoup d’envie pour que je rejoigne le projet, et évidemment parce que si tu prenais 30 secondes pour regarder les noms dans l’effectif, tu voyais Bale, Tello, Chiellini, Vela… Forcément que ces gars attirent. Je suis le premier qui a été excité d’apprendre d’eux. D’ailleurs, j’ai toujours été très proche de Gareth. On se comprenait beaucoup sur le terrain, que ce soit aux entraînements ou pendant les matchs. Mais la majorité des pensionnaires de ce championnat sont des jeunes et, c’est parce qu’il y a un bon cocktail avec des joueurs plus expérimentés que la MLS est un championnat en devenir. Plein de jeunes aspirent à marquer le championnat et à se faire un nom avant le Mondial. Et puis, Messi aurait pu partir ailleurs et il a décidé de rejoindre Miami, non ? Une preuve de plus.

Quand Messi est venu en septembre dernier, je me souviens d’avoir vu Selena Gomez, l’acteur américain Owen Wilson, le rappeur Tyga et encore plein d’autres célébrités dans les tribunes.

Bouanga

Les play-off se feront sans l’Inter Miami de Messi. Mais j’imagine que tu es pressé de l’affronter à ce niveau-là de la compétition ?

Évidemment. Mais depuis qu’il est arrivé, qu’il joue ou pas, que l’Inter Miami joue ou pas, on a tous remarqué qu’il a attiré les regards sur la MLS. Quand il est venu à Los Angeles en septembre dernier (victoire 1-3 de Miami avec deux passes décisives de Messi, NDLR), il y avait énormément de stars dans les tribunes. Je me souviens d’avoir vu Selena Gomez, l’acteur américain Owen Wilson, le rappeur Tyga et encore plein d’autres célébrités. Clairement, il y a désormais bien plus de lumière sur la MLS. Et d’ailleurs, pour avoir discuté avec certains joueurs : certains pensent plus à graver leur passage dans un championnat où Messi joue, plutôt que de rêver de se faire un nom pour rejoindre l’Europe.

As-tu le sentiment d’avoir changé de dimension et d’être devenu une superstar ?

Il y a un an et demi je traversais une période difficile avec l’AS Saint-Étienne et une descente en Ligue 2. Aujourd’hui, tout a complètement changé. Et pourtant, rien n’a changé dans ma vie. Bien sûr que je signe plus d’autographes, je reçois un peu plus de messages sur les réseaux, quand je tourne la tête dans les stades, il y a souvent des pancartes avec le drapeau du Gabon et « Bouanga give me your jersey please ? », mais je n’ai pas bousculé mes habitudes. Je suis heureux de tout ça. Qui ne serait pas content de voir 100 supporters qui t’attendent à chaque sortie du stade ? Et puis Los Angeles, c’est tellement grand que tout le monde ne me reconnaît pas forcément. Il ne faut pas croire que je suis une méga star et que, quand je marche dans les rues, je fais autant de bruit que LeBron James. J’ai une vie normale.

Une vie normale à Los Angeles, ça change d’une vie normale à Saint-Étienne quand même, non ?

Yes ! Il fait tout le temps beau, chaud. Il ne pleut que très rarement. C’est un climat qui me fait penser à celui du Gabon, même si en Afrique, c’est souvent dix fois pire. Et puis si j’ai chaud, je saute dans la piscine. Je ne l’avais pas en France, alors j’en profite maintenant. Cette ville, c’est comme Paris en trois fois plus grand. Tu as plein de magasins. Mes enfants se régalent partout où ils vont. Mon fils ne veut plus partir, et pourtant les premières semaines étaient un peu compliquées. Notamment avec la barrière de la langue. Ma fille ne va pas encore à l’école, mais tout se passe bien pour elle aussi. Quand mes amis me rejoignent, ils passent aussi du bon temps dans des endroits un peu plus luxueux. Je suis très content d’habiter à LA, et la vie est très belle. Et ça se ressent sur le terrain, je pense. C’est aussi cette vie qui me permet de claquer 20 buts.

 

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Toutes proportions gardées évidemment, l’histoire de Wembanyama montre que lorsqu’un athlète devient une superstar, c’est toute sa famille qui prend les projecteurs. Ils sont au courant à l’école que le jeune Bouanga est le fils du meilleur buteur de la MLS ?

Ils essayent de ne pas trop en parler, mais une fois, sa maîtresse m’a fait remarquer qu’elle avait fait le lien. Elle m’a dit « félicitations pour votre titre de meilleur buteur », quand je suis allé chercher mon fils.

Le baseball, c’est super long. Parfois tu ne sais pas ce qui se passe. Tu attends dix minutes pour qu’un gars tape dans une balle. Si tu ne fais pas autre chose à ce moment-là et que tu le loupes, tu dois encore attendre dix minutes…

Bouanga, toujours meilleur buteur de la saison en MLS

Dans ce pays continent, les voyages ne sont pas trop éreintants ?

On peut jouer des matchs à cinq, six heures d’avion. Parfois tu restes une semaine parce que tu joues une autre équipe dans le coin le week-end qui suit. Pour ma femme et mes enfants, à chaque fois, c’est une petite épreuve, mais on essaye de s’y habituer au fil du temps. Et même pour moi c’est une nouvelle organisation. Ça fait penser aux classes vertes qu’on pouvait faire plus jeune à l’école. T’es éloigné de tout et t’es pressé de rentrer chez toi, mais tu ne peux pas parce que tu as des choses plus importantes à faire.

Quand tu es tout seul un peu loin de ta famille, est-ce que tu prends le temps de découvrir le pays et d’autres sports ? Beaucoup se frottent au baseball, au basket, au golf…

Oui, on a fait du golf plusieurs fois et c’est vraiment sympa. Évidemment que c’est une ville de basket avec la NBA, donc je suis allé voir les Lakers à plusieurs reprises. Maintenant, le baseball… (Rires.) C’est super long. Parfois, tu ne sais pas ce qui se passe. Tu attends dix minutes pour qu’un gars tape dans une balle. Si tu ne fais pas autre chose à ce moment-là et que tu le loupes, tu dois encore attendre dix minutes. Je ne critique pas ce sport, mais je n’ai pas accroché. Pour moi, de toute façon, le football éteint le baseball parce que c’est le meilleur sport.

 

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Propos recueillis par Matthieu Darbas

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