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Cinq choses à retenir de la vidéo de Loris Giuliano à Naples
Après trois ans d’attente et un deuxième Scudetto empilé entre-temps, Loris Giuliano, célèbre créateur de contenu adepte des micro-trottoirs et de toutes formes d’interactions avec les peuples du monde, a enfin publié sa vidéo documentant la soirée du sacre du Napoli en 2023. Une manière de nous en apprendre davantage sur le peuple napolitain. En voici cinq qu’on a décidé de retenir.
1. La meilleure fête de la décennie a eu lieu le 4 mai 2023
C’est sur une plage napolitaine que ce documentaire commence, calme, paisible, avec du Pino Daniele dans les oreilles, mais très rapidement Loris Giuliano et son cousin nous emmèneront dans une soirée désormais inoubliable dans le football italien, celle du grand retour du SSC Napoli sur le toit de la Botte. Une soirée tellement dingue que ce match du jeudi soir face à l’Udinese (1-1), à l’extérieur, n’était même pas important à regarder. Un simple match nul suffisait aux hommes de Luciano Spalletti et au peuple napolitain pour faire exploser le Vésuve. Fumigènes, drapeaux, chants : la fête est totale. Certains attendaient cet événement depuis 33 ans, depuis le dernier titre remporté par Maradona et sa bande en 1990. L’Argentin disait lui-même après son premier sacre en 1987 : « Pour tous les Napolitains, c’est la plus grande fête que j’ai vécue de ma vie. Pas même le Mondial, ça n’a pas été une ferveur comme ça, car je n’étais pas dans mon pays. »
En 2023, sur place, beaucoup n’avaient d’ailleurs jamais vécu de titre des Azzurri. C’est le cas de notre reporter du jour, Loris, qui vit aux côtés des locaux la joie d’une vie. « On peut mourir maintenant », s’exclame un homme, sa femme et ses deux enfants sur un scooter, hurlant et se pavanant dans les rues napolitaines. C’est sur un petit téléphone, ou totalement inconscients du temps qui passe, que les dernières minutes du match s’écoulent dans les files et les rues de Naples, avant une fête qui durera des jours et toute une vie.
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2. Maradona est une putain d’idole
Maradona est une légende mondiale, mais à Naples, cela devient religieux. Dans un extrait tiré d’une archive, on voit un Napolitain prononcer quelques mots que certains diront blasphématoires : « On ne peut pas mal parler de Maradona, parce que si tu parles mal de Maradona, tu parles mal de Dieu, et Dieu, on ne peut pas le citer. » Acheté au Barça pour 9 millions de dollars à l’époque alors que Naples connaît près de 20 % de chômage, l’Argentin est accueilli comme le sauveur émotionnel de la ville. Au moment de l’officialisation dans la presse, le père de Loris raconte un engouement jamais connu auparavant dans la cité napolitaine : « Il était 1h27 du matin et il y avait presque 1 million de personnes qui attendaient juste pour lire un journal. » Une folie qui ne s’arrêtera jamais : 85 000 spectateurs seront présents à San Paolo pour acclamer l’arrivée du joueur. Des chants désormais cultes du club lui rendront hommage : « Eh maman, je suis amoureux ! Oh maman, maman, maman, tu sais pourquoi mon cœur bat ? J’ai vu Maradona ! »
parfois faut savoir partir au bon moment pic.twitter.com/t5qvlSPHgM
— Loris Giuliano (@Loris_Giuliano) December 16, 2025
Chaque pizzeria, chaque bar, chaque rue est marquée par El Pibe de Oro. Naples s’est identifiée à Maradona : « Les gamins aujourd’hui qui ont 5, 6 ans, tu leur parles de Maradona, ils le connaissent même s’ils ne l’ont jamais vu. Si tu leur demandes qui est Platini, ils ne savent pas. » Après sa mort en 2020, il aurait normalement fallu attendre dix ans avant de rebaptiser le stade San Paolo, mais rien ne résiste à Maradona dans la Città del sole : le stade devient rapidement le stade Diego Armando Maradona. C’est officiel : dans la ville, Maradona est le seul non-Italien officiellement Napolitain.
3. Naples, la ville la plus rejetée d’Italie
Ce Scudetto est aussi une revanche face à la domination du Nord et de la Juventus. Depuis toujours, Naples est regardée de haut. Ville sale, ville pauvre, ville à part. Le Sud contre le Nord, illustrée par certains chants de supporters de la Juventus : « Napoli caca, Napoli choléra, Vous êtes la honte de toute l’Italie ! Napolitains, travaillez dur, Car Maradona vous coûte la peau du cul. » Le nord de l’Italie est industriel et constitue la puissance économique du pays. Un Nord qui se montre très méprisant envers le Sud : même pays, même peuple, mais pas la même classe sociale. Naples est populaire, donc rejetée. « Se sentir étranger dans son propre pays, c’est compliqué. » Les Napolitains sont surnommés les Terroni, « les gens de la terre ». Mais Naples a construit son identité autour de cette image et en joue désormais. Certaines banderoles lors de cette soirée festive affichent fièrement : « Moches, Sales, Terroni… et Champions. » Mais un certain ras-le-bol se fait quand même sentir vis-à-vis du traitement médiatique de la ville et de ses péripéties (vols, meurtres, etc.). « Je pense que ce qui se passe ici, ça arrive partout dans le monde. Sauf que quand il se passe quelque chose ici, à Naples, on en parle lundi, mardi, mercredi, jeudi dans tous les journaux télévisés. Et quand il se passe la même chose dans le Nord, on en parle une fois et basta. Et c’est de la jalousie », s’exprime une femme de 80 ans du quartier espagnol de Naples.
4. Les Napolitains ne sont pas objectifs sur leur ville
Dans sa vidéo, Loris interroge de nombreux Napolitains et Napolitaines pour recueillir leurs témoignages. Certains mots reviennent en boucle : « Naples est unique », « Les Napolitains sont les meilleures personnes du monde », « Quand je pars en vacances et que je rentre, je me dis toujours : on vit dans le plus bel endroit du monde. » Chaque Napolitain loue la bonne humeur, le sourire et la convivialité de sa ville. « Ma ville, je ne la troquerais contre aucune autre, pour l’amour de Dieu. » Ils y expliquent également une proximité entre ses habitants, un esprit fédérateur dans cette ville. « Tu vois les quartiers qui sont serrés les uns aux autres, les balcons sont très proches. Une dame regarde ce que fait l’autre à côté. Il y a une affinité, une harmonie, et on ne trouve ça nulle part ailleurs. » Mais bon, il suffit d’aller à Marseille pour entendre exactement les mêmes discours sur la Canebière…
5. Même en Italie, il existe des traîtres footballistiques
Eh oui, il n’y a pas qu’à Paris qu’on trouve des traîtres marseillais, ou à Marseille des traîtres parisiens. Le père de Loris est un exemple rare : un Napolitain devenu supporter de la Juventus, attiré par sa gloire. Il le dit lui-même : « Mes amis me traitent de traître parce que je supporte la Juventus alors que je suis né à Naples, et j’assume complètement. » Son frère, Antonio, oncle de Loris, raconte le jour où il a découvert la tromperie : « Je m’en suis rendu compte un soir, lors d’un Naples-Juve de Coupe d’Italie qu’on regardait dans une voiture. Naples a gagné et il disait rien. Je lui ai dit : “Mais connard tu es supporter de la Juve ?” » Une incompréhension totale pour Loris, qui n’a jamais compris ce choix et ce détachement de son père pour la ville de Naples. Mais ce cas relance le débat éternel : un fan de foot doit-il vraiment supporter le club de sa ville ? Même dans les villes les plus chauvines, certains irréductibles résistent encore et toujours…
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