S’abonner au mag
  • Angleterre
  • Burnley

Burnley, le promu qui casse les codes

Par Mathieu Plasse
5 minutes

Pendant que l’on compte les jours avant le retour de la Premier League, certaines équipes ne finissent pas d’inquiéter. Victimes de l’écart de niveau phénoménal avec le reste du championnat, les promus semblent voués à ne faire que de la figuration. Si Leeds et Sunderland s’adaptent avec un mercato proche des 100 millions d’euros, Burnley opte pour une approche plus inhabituelle. Celle d’une préparation à l’élite dès l’arrivée de Scott Parker, à l’été 2024.

Burnley, le promu qui casse les codes

La séquence avait fait le tour des réseaux sociaux. En déplacement au Loftus Road pour l’avant-dernière journée de Championship, Burnley affrontait QPR dans un match sans grand enjeu. Atteignant la barre symbolique des 100 points, les Clarets ont déjà officialisé leur retour en Premier League. L’exhibition se fait sans encombre pour les hommes de Scott Parker, gagnant 3-0 à la demi-heure. Dans un élan d’orgueil, Karamoko Dembélé se lance dans une contre-attaque aux vingt derniers mètres. L’ancien attaquant du Stade brestois n’a plus qu’un défenseur qui le sépare du but. Quand soudain, six joueurs de Burnley surgissent sur la largeur du terrain, parés à lui subtiliser la balle. Une action qui a tendance à nous rappeler le football total ou le Leeds de Bielsa, autre équipe ayant roulé sur la deuxième division.

Loin des préceptes du Loco, Burnley terminera son match par une manita. De quoi arrondir le nombre de clean sheets sur la saison à trente, chiffre atteint une seule fois dans l’histoire du football anglais, par Port Vale en 1954. À titre de comparaison, leur pourcentage de clean sheets (65,2%) se rapproche de celui du Chelsea édition 2004-2005 (65,8%), pour la première de José Mourinho dans la capitale. Un chiffre vertigineux, qui se traduit par seize petits buts concédés en 46 matchs.

Dyche, don’t kill my vibe

Maintenant que la promotion dans l’élite anglaise a été confirmée, un challenge plus ardu se dresse devant le vice-champion de D2 : survivre. Aux côtés de Leeds et Sunderland, le modeste club du Lancashire doit tenir, au milieu d’équipes bien supérieures, financièrement et donc sportivement. Au terme de la saison 2024-2025, les promus en Premier League n’ont tenu que 38 matchs. Le gap entre Southampton, Ipswich et Leicester et le reste demeurait trop important pour espérer rivaliser. L’année d’avant, Luton Town, Sheffield United et… Burnley empruntaient le même ascenseur. Pour ne pas devenir une sorte de Metz à l’anglaise, l’équipe vêtue de bleu ciel et de bordeaux opte pour une stratégie différente.

Ils prennent peu de risques avec la balle, ce qui fait qu’ils ne la perdent que dans des zones où l’on ne peut les faire souffrir avec des contre-attaques.

Daniel Farke, coach de Leeds

De manière générale, les équipes terminant au sommet du Championship se démarquent par leurs qualités offensives. Qu’il s’agisse des 43 pions d’Aleksandar Mitrović avec Fulham ou de l’Ipswich de Kieran McKenna, loué pour ses folles séquences à plus de trente passes. Une fois face aux meilleures équipes du monde, difficile d’appliquer un tel style de jeu, concentré sur la possession. Scott Parker, spécialiste des promotions avec Fulham (2019) puis Bournemouth (2022), se montre plus pragmatique. Un 4-2-3-1 plutôt rigide, où le double pivot vient en soutien de la ligne défensive. Pourtant, on se retrouve assez loin de la philosophie de Sean Dyche, légende absolue de Turf Moor, à qui l’on associe l’adage du kick and rush. Bon nombre de buts de Burnley dans l’antichambre du football britannique proviennent de constructions à partir de la défense. Seulement, chaque joueur a tendance à rester à sa place. Les défenseurs défendent, les attaquants attaquent, et les milieux défendent plus qu’ils n’attaquent. Ce qui forme un tout cohérent et assez difficile à piéger, à en croire Daniel Farke, entraîneur de Leeds : « Ils prennent peu de risques avec la balle, ce qui fait qu’ils ne la perdent que dans des zones où l’on ne peut les faire souffrir avec des contre-attaques. Il faut donc se préparer à jouer un bloc compact. » Une préparation d’un an qui pourrait être un avantage conséquent, contre des équipes enclines à monopoliser le ballon.

Un mercato entre traditions et modernité

Quand les observateurs critiquent le jeu des Clarets pour son manque de spectacle (douze matchs nuls 0-0 en championnat), Scott Parker répond toujours la même chose : « J’entends que cela n’est pas très attractif, mais ce que nous avons fait défensivement en tant qu’équipe et groupe est remarquable ». Cet esprit de groupe, Parker cherche à le conserver à tout prix après la promotion. C’est en toute logique qu’il confirme les transferts de Zian Flemming, Bashir Humphreys ou Marcus Edwards, pièces prêtées mais maîtresses de l’équipe la saison dernière. Une décision qui les démarque encore d’autres promus tels que Sunderland, ayant déjà engrangé dix recrues. Même avec la perte de leur colonne vertébrale à la suite des départs de James Trafford (Manchester City), CJ Egan-Riley (Marseille) ou Josh Brownhill (fin de contrat), les Clarets ne font pas dans les grosses dépenses. Quilindschy Hartman et Loum Tchaouna viennent renforcer les côtés pour des transactions autour de dix millions. Sans oublier un passage par les agents libres, où Kyle Walker et Martin Dúbravka apportent toute leur expérience.

Notre football n’est pas très attractif, mais ce que nous avons fait défensivement en tant qu’équipe est remarquable.

Scott Parker, amoureux des trois points

Détenu par les Américains d’ALK Capital, se lançant dans la multipropriété avec l’acquisition de l’Espanyol, le petit Poucet s’est permis quelques écarts. Conscients qu’une formidable cohésion ne peut pas tout faire, Burnley annonce les arrivées d’Armando Broja et Lesley Ugochukwu en provenance de Chelsea. Instantanément, les deux talents deviennent les deux plus gros transferts de l’histoire du club (23 et 28 millions d’euros). Le mercato n’est pas encore terminé, mais il semble se finir en toute quiétude au Nord-Ouest de l’Angleterre. Si beaucoup estiment que les Clarets trôneront en dernière place du classement, la confiance est de mise envers un groupe proposant quelque chose d’inédit chez les promus de la décennie 2020. Un retour aux sources tactique, tout en essayant de conjuguer avec les us et coutumes du football moderne. Dans une Premier League ressemblant toujours plus à une Super League qui ne dit pas son nom, peut-être que la manière de Burnley est le dernier espoir d’éviter cet ascenseur continuel. Et peut-être alors, célébreront-ils un maintien inespéré accompagnés de Natasha Bedingfield au Royal Dyche, pub nommé après la légende locale lors de la qualification en Ligue Europa.

Manchester United gagne enfin un match de football !

Par Mathieu Plasse

À lire aussi
Les grands récits de Society: Rester vivantes
  • Témoignages
Les grands récits de Society: Rester vivantes

Les grands récits de Society: Rester vivantes

Elles étaient ensemble à La Belle Équipe, l'un des bars pris pour cible par les terroristes le 13 novembre 2015. Elles ont survécu. Sept ans plus tard, entre peur, culpabilité et solidarité, elles racontent comment elles se sont reconstruites.

Les grands récits de Society: Rester vivantes
Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine