William Saliba, une flamme à entretenir chez les Gunners

Nom : Saliba. Prénom : William. Âge : 24 ans. Club : Arsenal. Fin de contrat : juin 2027. Club intéressé par un transfert cet été : Real Madrid. Ambition collective : Gagner des trophées. Ambition personnelle : Devenir le meilleur défenseur du monde. La double confrontation entre les Gunners et le Real Madrid en quarts de finale de la Ligue des champions s’annonce palpitante. Avec des face-à-face très intéressants à suivre et un niveau individuel à scruter de près. À commencer par celui de William Saliba face à Kylian et sa bande. Patron de la défense londonienne, et alors que son compère Gabriel est out, l’international français a, avec cette affiche de prestige, l’occasion de faire passer plusieurs messages : faire valoir son statut d’indispensable dans le nord de Londres. Prouver que son niveau individuel est en perpétuelle ascension. Montrer qu’Arsenal a les cannes pour enfin aller très loin en Ligue des champions. Et enfin donner toujours plus de maux de tête à ses dirigeants dans la perspective du dossier de sa prolongation qui s’annonce explosif.

« Arsenal, ce n’était pas gagné d’avance… »

Alors qu’il va disputer ce mardi le 125^e match de son histoire avec la tunique d’Arsenal, Saliba a gagné le respect de beaucoup de monde. À commencer par celui des anciens francophones de la maison Gunner. « Je suis épaté, ne dit pas mieux Gilles Grimandi, un des premiers Français des débuts de l’époque Arsène Wenger entre 1997 et 2002. Il a de la constance depuis quelque temps. Aujourd’hui, il est certainement à son meilleur niveau. C’est un des meilleurs défenseurs de Premier League, ce qui n’est pas peu dire ! »

Avant le terrain, c’est d’abord le cheminement patient de Saliba qui est remarqué. « Il a vraiment pris le temps, note Philippe Senderos, membre de l’unique équipe d’Arsenal à être allée en finale de C1 en 2006 (défaite face au FC Barcelone d’Eto’o et Ronaldinho, 1-2). Ses prêts en France (Nice, Marseille) lui ont été bénéfiques, dans des équipes où on doit faire des résultats, avec cette pression. Il en est revenu plus mature, avec plus de minutes dans les jambes. » « Arsenal, c’est vrai que ce n’était pas gagné d’avance, rappelle Gilles Grimandi, qui n’oublie pas que certains au club ne croyaient pas en William Saliba. Il a été de bonne composition, car son histoire a été très compliquée. Ça a été conflictuel. Désormais, il a acquis un statut. »

« Son potentiel physique est hors norme »

Aujourd’hui consultant technique pour la FIFA, essentiellement dans la zone du Moyen-Orient, Philippe Senderos sait la complexité de passer du championnat de France à la Premier League, et surtout à Arsenal. « C’est un grand défenseur ! Il est très bien installé dans le club. Ce que j’aime le plus, c’est sa vitesse et sa capacité à récupérer le ballon dans des positions où des joueurs n’en seraient pas capables. Mais aussi ce leadership de prendre cette défense, le voir monter la ligne, accepter de défendre un peu plus bas, ses interventions qui ont du poids… » Gilles Grimandi ne dit pas autre chose, même si certains doutes pouvaient naître dans son esprit au départ. Mais Saliba les a vite gommés : « Je me demandais s’il n’allait pas être en difficulté dès que la confiance serait un peu moindre. Et, en fait, il est constant, il ne fait pas beaucoup d’erreurs… Sur le terrain, son potentiel physique est hors norme. Il est calme, techniquement assez juste, il n’a pas peur de jouer. C’est un garçon qui est en train de devenir une référence en Premier League. Le club lui va si bien. »

Le mérite lui revient essentiellement. Mais le duo Senderos-Grimandi est d’accord sur un autre point : l’association avec Gabriel Magalhaes, dont la saison est malheureusement terminée depuis quelques jours, a été bénéfique pour tout le monde. Le duo franco-brésilien ayant, d’ailleurs, un parcours assez similaire, au regard par exemple des prêts qui ont été nécessaires à leur développement, mais également à la France comme dernière étape avant le grand saut (Gabriel a été vendu par le LOSC et avait été prêté à Troyes). « Cette alchimie entre les deux a été importante, juge Grimandi. Avoir trouvé une très bonne stabilité défensive est un des éléments qui ont permis à Arsenal de performer. »

« Ils ont vraiment pris cette défense centrale et créé ce partnership qui manquait au club pour avoir une assise stable, enchaîne Senderos. William Saliba n’a pas toujours eu Gabriel à côté de lui, mais a toujours su s’adapter et prendre cette envergure dont un défenseur a besoin. Il a été consistant. Il est très bien installé à Arsenal. »

Un titre… ou un transfert ?

Pour valider tous ces (bons) signaux et ne pas stagner, Gilles Grimandi est catégorique : « Maintenant, il va falloir qu’il inscrive des titres à son palmarès ! On voit bien que ce n’est pas loin. » S’il ne voit pas « à part l’Espagne » où Saliba, 24^e du dernier Ballon d’or, serait mieux pour être en position de conquérir des trophées, Grimandi aimerait surtout que les Londoniens l’aident à devenir plus grand : « Ce qui est dommage à Arsenal, c’est que, par période, il y a des moments où la gestion de certains moments dans les saisons n’est pas toujours optimisée. Avec donc des pertes de points, des blessures, beaucoup d’événements… J’espère qu’ils vont trouver des solutions pour pallier ça, car quand ils sont à leur meilleur niveau de performance, ils peuvent rivaliser avec tout le monde. Saliba est à l’endroit où il faut. Il a un statut, il est aimé par les supporters, il est reconnu, il a du crédit… »

Mais sera-t-il toujours patient si les ouailles de Mikel Arteta finissent (encore) bredouilles en juin (Saliba a deux Community Shield à son actif avec Arsenal) ? « Je suis vraiment heureux ici, disait-il il y a quelques semaines. Je veux gagner de grandes choses avec Arsenal. Si tu pars du club sans rien, les fans t’oublieront. » Éliminer le Real Madrid pour la première saison de Kylian Mbappé en Espagne, voilà une bonne solution pour rester dans les mémoires.