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«Vivre la progression du soccer, c’est excitant»

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«Vivre la progression du soccer, c’est excitant»

De la campagne normande d'où il est originaire à Philadelphie où il vient de signer en passant par la Bretagne, le Texas et Seattle, c'est le rêve américain de Sébastien Le Toux, 26 ans. Passer du foot à la française au soccer yankee ? Yes, you can.

Explique un peu comment tu es arrivé jusqu’en MLS ?

J’ai été formé à Rennes jusqu’à mes 19 ans, puis j’ai joué deux ans à Lorient, en D2. Quand on est montés, vu que je ne jouais pas beaucoup, je me suis retrouvé sans contrat, pendant à peu près huit mois. J’ai fait quelques essais, sans succès. Un agent m’a proposé d’aller faire un match aux États-Unis, fin 2006. J’ai payé billets d’avion et hôtel et je me suis retrouvé à Dallas avec d’autres Français sans contrat, à jouer devant pas mal d’entraîneurs de la MLS. Celui de Dallas m’a demandé de revenir en février, j’y suis resté un mois à mes frais, je devais signer avec l’équipe première mais les choses ont trainé et j’ai recontacté le président de Seattle que j’avais rencontré entre-temps et qui m’avait dit qu’il comptait sur moi au cas où ça marcherait pas à Dallas. J’ai fait une première année en USL (l’équivalent de la deuxième division nord-américaine), ça s’est super bien passé et j’ai donc pu signer un contrat de 5 ans et rester à Seattle, dont la franchise a été acceptée en MLS un an après. Voila l’histoire !

A Rennes, tu faisais partie de la même promo que Gourcuff, Briand, Faty, Bourillon, Mvuemba…

Exact, on a gagné le championnat de France des 17 ans en 2002, la Gambardella en 2003 et le championnat des réserves pro en 2004, c’était une très belle génération. On jouait en 3-5-2, j’étais le latéral droit.

A Lorient, c’est Gourcuff père qui te voulait ?

C’est ça. Lui et son adjoint me connaissaient de l’époque où ils entraînaient à Rennes. Je dépannais comme arrière droit, même si je suis plutôt milieu de terrain de formation.

Et aux États-Unis ?

Ici on me fait jouer avant-centre. Ça s’est bien passé dès le début puisque la première année en USL je termine meilleur joueur du championnat et meilleur buteur et collectivement, on gagne le championnat et les séries. Et la saison suivante l’US Open Cup (la Coupe des États-Unis de soccer), en terminant aussi meilleur buteur.

Pour un joueur français, partir au pays du soccer, c’est plutôt exotique…

C’est sûr mais quand l’offre s’est présentée, j’ai pas hésité. Jouer hors de France, c’est une opportunité intéressante, alors pourquoi pas aux États-Unis ? C’est un pays dont on parle beaucoup, parfois en bien, parfois en mal. Mieux vaut venir sur place juger soi-même.

Et ?

Et j’ai aimé tout de suite, les gens, l’accueil, c’est surprenant. C’est sûr que tout reste encore à développer ici niveau soccer et j’ai dû faire de gros efforts financiers la première année, mais je ne regrette en rien. J’ai trouvé ici un idéal de vie qui me convient parfaitement.

Sur le terrain et dans les stades, tu y trouves aussi ton compte ?

Physiquement ils sont forts. Après techniquement… ils ont encore du retard. Mais faut prendre en compte les déplacements et le décalage horaire : quand tu vas jouer sur la côte Est avec Seattle, c’est comme quand un club français joue à Moscou en coupe d’Europe. Niveau récupération, c’est moyen. En plus ici ça joue beaucoup sur des terrains synthétiques, ça change le jeu. Par exemple, l’an dernier à New-York, on a joué les Red Bulls dans l’ancien stade des Giants, sur un terrain hyper dur, c’était pas facile. Mais je remarque qu’il y a de plus en plus de bons joueurs, le niveau s’améliore. A mon avis, tu prends n’importe quelle équipe de MLS contre une équipe de milieu de tableau de L1, elle ne serait sûrement pas ridicule. L’été dernier avec Seattle, on a joué contre Chelsea et Barcelone, on n’a pris que 0-2 et 0-4, ça va.

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En parlant de bons joueurs, tu as joué aux côtés de Freddy Ljunberg la saison dernière. Tes impressions ?

C’est une excellente personne. Très gentil, toujours à essayer d’aider. Il a une bonne mentalité et ça reste un super joueur. J’ai apprécié de pouvoir apprendre de son expérience. Il y avait aussi Kasey Keller, l’ancien gardien de la sélection nationale américaine.

Niveau fans, ça donne quoi ?

A Seattle, c’est extraordinaire. Ils attendaient d’avoir une bonne équipe en MLS, d’autant que l’équipe de base-ball n’est pas très bonne et celle de foot américain non plus. Je crois qu’il y avait 28 000 personnes de moyenne au stade l’an dernier, dont 15 000 abonnés. L’an prochain, ils visent 35 000. Les gens aiment de plus en plus le soccer. Comme beaucoup de jeunes pratiquent, ils poussent leurs parents à venir au stade. Ça donne un public familial sympa.

Tu as donc passé trois ans à Seattle ?

C’est ça. J’aurais pu partir après un an vers d’autres clubs de MLS mais je voulais vraiment rester jouer pour cette ville, quitte à rester un an de plus en USL. Je savais qu’en 2009 le club était accepté en MLS, il fallait juste patienter un an. J’ai donc trouvé un arrangement avec le président de Seattle et la MLS pour signer un contrat MLS tout en restant une saison de plus en USL avec Seattle, en ayant l’assurance de ne pas être drafté. Tu suis ?

Moyen. Si je comprends bien, aux États-Unis tu n’appartiens pas à un club mais à la Ligue ?

En gros c’est ça. Un peu comme ce qu’il se passe en NBA ou NFL je pense, c’est la MLS qui est détentrice de tes droits. Tu peux demander de jouer pour tel ou tel club mais au final c’est pas toi qui décide.

Ton récent transfert à Philadelphie n’est donc pas un choix de ta part ?

Non. Ce qu’il s’est passé, c’est que le club me voulait. Les dirigeants ont fait leur demande à la MLS, qui a accepté. Dans cette affaire je n’ai rien eu à dire, j’ai été obligé d’aller à Philadelphie.

C’est un nouveau défi ?

Oui, d’autant que c’est une nouvelle franchise en MLS qui, contrairement à Seattle, n’avait pas de vécu en USL les saisons précédentes. C’est donc une nouvelle équipe entièrement constituée de nouveaux joueurs, un stade encore en construction, etc. C’est un challenge excitant.

Ta carrière est ici désormais ?

Je ne sais pas, je vis au jour le jour. Ici j’ai trouvé tout ce que j’espérais en termes de niveau de vie et de plaisir de jouer, donc pour l’instant je te dirai que j’ai envie de rester. Le soccer est en pleine progression, j’ai envie de suivre ça de l’intérieur.

Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki

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