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  • Uruguay/Paraguay (3-0)

Uruguay pride

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Uruguay pride

Les Uruguayens peuvent être fiers, en remportant cette Copa America aux dépens du Paraguay (3-0), ils permettent à leur pays de pouvoir revendiquer le titre de meilleur pays de foot au monde.

Uruguay-Paraguay: 3-0

Buts: Suarez (12e) et Forlan (42e et 90e) pour l’Uruguay

L’Uruguay, favorite depuis les quarts, remporte donc cette Copa America 2011. Et avec cette quinzième victoire, elle dépasse maintenant d’une tête l’Argentine en haut du palmarès de l’épreuve. Mieux, en y ajoutant ses deux victoires en Coupe du Monde (1930 et 50) et ses deux médailles d’or olympiques (1924 et 28), cela fait dix-neuf trophées majeurs (sans compter le Mondialito de 1981), soit plus que le Brésil, plus que l’Argentine, que l’Allemagne ou l’Italie. L’Uruguay peut donc légitimement se considérer comme la meilleure nation de football de l’Histoire. Ce qui est d’autant plus remarquable pour un pays de 3,5 millions d’habitants. Soit autant que la Lituanie, la Mauritanie ou le Liberia… Soit environ douze fois moins que l’Argentine (43 millions d’habitants), environ soixante fois moins que le Brésil (201 millions d’habitants), ses deux ogres de voisin. Comme quoi, messieurs, la taille ne fait pas tout…

L’Uruguay sur le toit du monde

Il n’y aura pas eu de suspense dans ce match. L’Uruguay, très déterminée, a ouvert la marque très vite, puis doublé la mise avant la mi-temps, histoire de tuer tout suspense. Et pour la forme, c’est Diego Forlan qui claquera un but façon France 98 en toute fin de rencontre pour devenir (ex-æquo) le plus grand buteur de l’histoire de son pays. Mais c’est bien Luis Suarez, décidément un homme pressé, qui a lancé les hostilités. Premier corner obtenu par l’attaquant de Liverpool et première alerte pour le Paraguay. Tête de Lugano repoussée à bout portant par Villar, nouvelle tête repoussée par un défenseur paraguayen, et léger moment de flottement, on croit à une main, et pendant que le jeu repart, l’Uruguay obtient un nouveau corner, puis un autre. En vain. On peut maintenant voir le ralenti sereinement, et il y avait bien main sur l’action précédente. Suarez s’en fout, il chaloupe à nouveau, un défenseur dans le vent, hop, un autre, et nouveau corner. Forlan est décidément le meilleur tireur de coups de pied arrêtés du monde, mais la défense s’en sort tant bien que mal.

Il faut attendre la onzième minute de jeu pour voir ce diable de Suarez ouvrir le score. Cafouillage, le ballon, contré, arrive sur le numéro 11 : contrôle, enchaînement pied gauche, contré, gardien pris à contre-pied, poteau rentrant opposé (1-0, 12e). L’Uruguay est en tête mais l’Uruguay en veut encore. Suarez reprend son chantier là où il l’avait laissé, et ne laisse pas d’autre choix à l’arbitre que de coller le premier jaune du match à Caceres, le milieu paraguayen. Puis c’est l’autre Caceres, le défenseur uruguayen, qui se prend un bon tampon dans la gueule. Le rythme retombe un peu ; le Paraguay, avec ses trois milieux défensifs, semble un peu emmerdé maintenant qu’il est mené au score. La partie est vraiment dans les mains d’Oscar Tabarez. Par rapport à leur demi-finale contre le Pérou où, en l’absence de Diego Pérez suspendu, il avait opté pour un 3-5-2 (avec Caceres en défense centrale), aujourd’hui, le Mister de la Céleste a choisi de repasser en 4-4-2. Et maintenant en tête au score, il peut voir venir, avec ses deux lignes façon Gillette Mach 4, et avec sa paire d’as devant. D’ailleurs, Diego Perez s’emmerde un peu, et pour tuer le temps, il y va de sa bonne grosse faute et se prend un jaune aussi superficiel que mérité. L’amour de la Violence. Derrière, c’est Caceres qui va chercher son jaune en se faisant justice lui-même sur Vera, puis c’est Maxi Perreira qui prend son avertissement.

Alors que les Paraguayens viennent plus s’empaler dans la défense qu’autre chose, les Uruguayens ont sorti les sécateurs et se mettent en danger tout seuls avec ces cartons jaunes. En même temps, ça permet au match de garder une certaine tension, et il faut bien avouer que ce n’est pas forcément pour nous déplaire. D’un coup, Suarez lance parfaitement Diego Forlan plein axe pour la balle de break. Mais le premier but de la compétition se fera encore un peu attendre pour Boucle d’Or. Suarez, lui, s’en fout, il n’arrête plus de clignoter. Duel, prise de balle, petit pont, coucou aux caméras, frappe enchaînée ; il s’en est fallu d’une claquette de Villar pour éviter le doublé. Suarez revient à la charge, puis temporise avant de servir son arrière droit, Maxi Perreira. Remise pour Forlan, dont la reprise, écrasée, finit doucement dans les gants du portier.

Jouer juste, et plus si affinités

Franchement comment ne pas admirer l’Uruguay ? Ils collent des buts incroyables, jouent intelligemment et mettent des taquets comme personne. La Céleste ne joue pas bien, elle joue mieux que ça : elle joue juste. Sur un nouveau ballon récupéré dans les trente mètres adverses, Rios, plein axe, décale Forlan, qui malgré sa période de disette, ne se pose pas de questions et crucifie Villar du gauche (2-0, 42e). “Di-ego, Die-go” chante le public, ravi comme jamais. Trentième but pour le plus capé des Uruguayens, encore un et il sera donc le recordman. Mais parler de chiffres relève presque du blasphème quand on parle du numéro 10 de la Céleste ; il faudrait lui écrire un poème.

La deuxième mi-temps n’est qu’anecdotique. L’Uruguay gère et le Paraguay n’aura donc pas gagné un match de la compétition. Ils ne parviendront même pas à sauver l’honneur pendant ces quarante-cinq dernières minutes. Mention spéciale toutefois à la reprise de Mendès sur la barre, qui aurait mérité meilleur sort, même si de l’autre côté, l’Uruguay ne méritait pas de s’inquiéter. Car la Céleste, elle, aura continué son récital. Défense adaptée à l’engagement adverse – faut-il encore une fois rappeler que c’est quand le jeu devient dur que les durs deviennent bons? – et attaque aussi subtile qu’efficace. Entre les prises de balle, la vision de jeu et la propreté technique de Forlan, entre les déplacements, les appels de balle et les dribbles de Suarez, la paire a fait tourner les serviettes. La blessure de Cavani fut donc un mal pour un bien. D’ailleurs, histoire de boucler la boucle, Tavarez fait entrer le Napolitain à la 63è, et son équipe finit ainsi la compétition comme elle l’avait commencé contre le Pérou, avec trois attaquants. Un remplacement offensif en apparence, défensif dans les faits, puisque la présence de Cavani oblige les latéraux paraguayens à reculer, leurs milieux de se retrouver définitivement étouffés dans l’étreinte ; Diego Pérez (ou son remplaçant, Eguren, pas passé loin du troisième but), Rios et Arveloa sont décidément très affectueux. Tactiquement, l’Uruguay livre à nouveau un match que l’on peut qualifier de parfait, à l’image de l’élimination, en infériorité numérique, de l’Argentine.

Argentine qui voulait se refaire la cerise, chez elle, avec cette compétition et doit aujourd’hui saluer le champion. Comme le Brésil, qui pensait joga boniter tout le monde, mais doit aujourd’hui saluer le champion. Comme le Paraguay, qui en plus finira à dix, Lucas se claquant après les trois changements. L’Uruguay, demi-finaliste, était déjà allée plus loin que tous ses compères sud-américains lors de la dernière Coupe du Monde. L’Uruguay a en plus le sens des choses bien faites, troisième but parfait pour clore la rencontre (3-0, 90e). Forlan est maintenant au panthéon, son équipe au sommet. Avec ce triomphe, l’Uruguay a confirmé qu’elle était non seulement la meilleure du continent le plus foot de la planète, mais aussi la plus admirable. On ne s’appelle pas la Céleste pour rien.

Par Simon Capelli-Welter

Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki

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