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Tu te prends pour qui, CR7 ?

Par Antoine Donnarieix
7 minutes
Tu te prends pour qui, CR7 ?

Si les Matelassiers ne réussissent pas à la Maison Blanche depuis le début de la saison, celle-ci pourra compter sur le retour polémique d'un homme : Cristiano Ronaldo. Quelle coïncidence…

24 janvier 2015, dans le Nuevo Estadio El Arcangel. Pris au cœur de la torpeur cordouane, le Real Madrid est en plein doute. Face au quatorzième de Liga en net regain de confiance depuis la trêve hivernale, la Casa Blanca n’arrive pas à entrer dans son match. Bebé, fraîchement arrivé de son prêt du Benfica Lisbonne, se balade et fait l’amour à Sergio Ramos, Raphaël Varane, Daniel Carvajal ou Marcelo, pourtant habitués à museler leurs vis-à-vis depuis le début de saison. Au milieu, le jeune Federico Cartabia donne des sueurs froides à Sami Khedira. Oui oui, on parle bien du champion du monde allemand. En attaque, Karim Benzema fait ce qu’il peut pour compenser les écarts individuels de Gareth Bale ou Cristiano Ronaldo. D’ailleurs, depuis le début du match, le triple Ballon d’or est franchement à la peine. En témoignent ses tomahawks sur coups francs s’envolant dans les tribunes locales. On ne sait pas si sa récente rupture avec Irina Shayk le secoue mentalement, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est clairement hors de son match.

Devant autant d’incapacité à faire front, le Portugais va bientôt péter les plombs, comme un gosse de riche casserait de rage sa manette de Playstation 4 devant une frustration impossible à contrôler. On joue la 80e minute de jeu, le Real est tenu en échec et CR7 en a marre d’être sur la pelouse. Il commence donc son one-man-show en assénant un coup de poing mal dosé à José Angel Crespo. Problème : personne n’a rien vu. Pas vu, pas pris, donc. Mais CR7 bouillonne, c’est plus fort que lui. Il ne résiste pas à l’appel d’un deuxième craquage trois minutes plus tard : un coup de pied arrêté de Kroos finit dans les gants de Juan Carlos, Cristiano se voit fermer la porte par Edimar. Bim, un coup de pied bien sale par derrière et une gifle, devant toute la tribune populaire. Cherchant à faire le caïd, il en profite même pour asséner une deuxième tarte à Crespo. Cette fois, c’est trop, c’est rouge, c’est dehors. Reste encore dans les mémoires cet énigmatique essuyage de blason FIFA au moment de rentrer dans les vestiaires… Tout le monde se dit que le joueur, aussi fort soit-il, va prendre très cher en commission de discipline. Mais pour qui se prend-il, CR7 ?

Vidéo

L’intouchable

Le match à peine terminé, la presse ibérique s’enflamme. Le coup de sang de la star madrilène pourrait lui coûter très cher, le Mundo Deportivo parle même d’une sanction pouvant aller jusqu’à 12 matchs de suspension. Un fardeau à porter pour le Real, mais aussi pour Super Saiyan, qui verrait sa réputation de meilleur joueur du monde sacrément écornée. En réalité, son image est déjà celle d’une canaille : au cours de sa carrière, l’ailier a été expulsé 9 fois. Une stat impressionnante pour une star du ballon rond. La preuve : dans la catégorie des grands joueurs, seul Zinédine Zidane (14) parvient à battre ce chiffre. De partout, on s’attend à une peine lourde. De partout, sauf peut-être dans l’entourage du joueur. Habilement conseillé par ses proches, le Lusitanien commence par envoyer un message via Twitter, peu après la rencontre : « Je demande pardon à tout le monde et en particulier à Edimar pour mon geste irréfléchi lors du match d’aujourd’hui. » Comme un gosse de riche qui s’excuse d’avoir déchiré les rideaux de sa chambre, en fait. Mais alors que des parents modèles auraient logiquement infligé une belle punition à leur fils, les choses ne vont pas aller dans le même sens pour CR7.

Première étape : celle du compte-rendu. Dans le rapport du match contre Cordoue, l’arbitre de la rencontre, Alejandro Hernández Hernández, fait une déclaration surprenante : « À la 83e minute, le numéro 7, Cristiano Ronaldo Dos Santos Aveiro a été expulsé pour le motif suivant : donner un coup de poing à un adversaire sans être à distance pour jouer le ballon. » À aucun moment, les mots « agression » ou « violence » ne sont prononcés dans l’acte. D’après les estimations de certains experts, ce type de sanction est en général récompensée de deux matchs. C’est la stupéfaction : Cristiano Ronaldo sera donc logiquement de retour pour la rencontre au sommet contre l’Atlético Madrid, dans trois petites journées. Dans l’attente de la confirmation de la sanction, c’est même Edimar qui vient prêcher pour son agresseur. « C’était une action sur laquelle Ronaldo était frustré, parce que Madrid ne maîtrisait pas le match. Mais cela peut arriver à n’importe qui. Je lui pardonne. (…) Cristiano devrait recevoir une sanction normale, rien de plus. Je ne veux pas le blesser. Il reste le meilleur joueur du monde. » En quelques jours, le Portugais vient contre toute attente de passer d’agresseur de deux adversaires à une icône planétaire à « ne pas blesser » . Cristiano Ronaldo écope de deux matchs fermes. Cristiano Ronaldo est intouchable.

Comparaisons et campagne au Ballon d’or

Comment analyser ce scénario rocambolesque ? Quelles peuvent être les raisons d’un tel comportement ? Comparons les différentes sanctions données en janvier en Europe, un mois chargé du côté des commissions de discipline pour attaquer 2015. En Angleterre, la dernière grosse polémique concernait la prestation de Diego Costa contre Liverpool, en demi-finale de Coupe de la Ligue. Tacles très engagés, appui (intentionnel ?) sur la cheville d’Emre Can, embrouille avec Gerrard, le natif de Lagarto s’est fait remarquer certes, mais il n’a pris qu’un carton jaune pour sa bousculade avec Stevie G. Pas assez selon la FA, qui décide de se saisir de l’affaire. Mourinho y voit un complot des médias et du Royaume, mais rien n’y fait : Costa prendra 3 matchs fermes de suspension. Une sanction sans aucun doute plus sévère que celle de CR7. Autre championnat, autre court-circuit : lors de l’opposition entre la Lazio Rome et le Milan AC, Philippe Mexès vire sa cuti sur le Romain Stefano Mauri. Auteur d’une tentative de coup de poing, puis victime d’une balayette passée inaperçue, Phif’ se chauffe une première fois avec le capitaine biancoceleste, avant de repartir de plus belle. Résultat : une strangulation et une expulsion qui lui vaudra 4 matchs de suspension. Ici, l’agression de Philippe Mexès est autrement plus grave que celle de CR7 et aurait sans doute mérité plus de sévérité. Mais tout de même, ces sanctions semblent dans l’ensemble assez légères. Les footballeurs sont-ils des enfants gâtés avec des parents beaucoup trop laxistes ? Certainement, oui.

Toutefois, il reste encore un volet pour comprendre l’étude du cas Cristiano Ronaldo. À ce stade de l’explication, on se dit que la commission de discipline anglaise est plus stricte que sa consœur espagnole, qui est, elle, un peu plus stricte que sa cousine italienne. Mais au sein même de son organisation, le Comité de Competicion n’échappe pas à l’adage « deux poids, deux mesures » . Le 19 décembre 2014, la 16e journée de Liga voit Almería s’imposer sur le terrain du Celta Vigo (1-0). Au cours de la rencontre, l’arbitre Gil Manzano est victime d’insultes. Sûr de lui, il expulse le buteur de l’équipe galicienne, Joaquín Larrivey. Après le match, Augusto Fernández ira lui-même se dénoncer auprès de l’homme en noir comme le véritable auteur des jurons. Mais rien n’y fait : Larrivey prendra 4 matchs de suspension. Autre exemple : lors du dernier match entre le FC Valence et Séville, le 25 janvier dernier, Rodrigo De Paul est exclu pour avoir infligé un coup de coude à Aleix Vidal. La sanction tombe : 4 matchs de suspension. En Espagne, un joueur serait donc jugé par la commission de discipline en fonction de son nom, de son réseau et de son palmarès ? Cristiano aurait-il réalisé le même geste d’énervement en novembre dernier, au moment où tous les officiels votaient pour le futur lauréat du Ballon d’or FIFA 2014 ? Ce qui est certain en revanche, c’est que le match contre Séville de mercredi a fait du grabuge : le club royal a vu James Rodríguez se rendre indisponible pour deux mois, Sergio Ramos pour cinq à six semaines, et Marcelo pour une accumulation de cartons jaunes. Finalement, il existe peut-être une justice divine…

Dans cet article :
Le penalty complètement foiré de Seraing
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