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Que reste-t-il de l’Atalanta ?
Surprise de la dernière saison de Serie A, l'Atalanta retrouve l’Europe après 26 ans d’absence. Or, tout le monde s’attendait à ce qu’elle se fasse dépouiller à l’intersaison. Alors, est-ce le cas ?
La Reggiana n’a jamais participé à une compétition UEFA, et n’a fait qu’une courte apparition en Serie A au milieu des années 1990. Pourtant, les habitants de Reggio Émilie seront européens pour la seconde saison d’affilée. Après Sassuolo l’an passé, qui a racheté le Mapei Stadium, c’est l’Atalanta qui viendra y passer ses soirées en semaine soutenue par 10 000 fidèles ayant souscrit l’abonnement Ligue Europa malgré les 130 bornes séparant les deux villes à vol d’oiseau. Les responsables de ce déménagement sont les cousins de l’Albinoleffe, prêts à tous les recours possibles pour invalider la récente vente du stade d’Atleti Azzurri d’Italia à la Dea et dont ils étaient également locataires jusqu’ici. Une action juridique qui a retardé les quelques travaux de mise aux normes européennes et empêche ainsi les Nerazzurri de recevoir Everton, Lyon et Limassol dans leur enceinte bouillante. Un handicap de plus pour un club qui a vendu quelques-uns de ses meilleurs éléments.
Du biff pour sécher les larmes d’adieu
S’il y a bien un football indépendant des individualités, c’est celui de Gian Piero Gasperini. Le technicien piémontais est capable d’endoctriner n’importe quel joueur pour mettre en place son 3-4-3 fait de marquages individuels et coulissements en phases défensives, ainsi que de combinaisons triangulaires latérales en phases offensives. Un schéma parfaitement modulable en fonction de l’adversaire du jour. En janvier dernier, l’Atalanta avait déjà vendu un de ses hommes-clés, le surprenant Gagliardini, à l’Inter. Un départ indolore, comblé par la titularisation de Freuler aux côtés de Kessie dans l’entrejeu. Or, ce dernier s’en est aussi allé, direction le Milan, tout comme Andrea Conti, le latéral droit capable de planter huit buts. Trois titulaires issus du centre de formation ou arrivés très jeunes, presque débutants en Serie A et qui renfloueront le compte en banque à hauteur de 67 millions d’euros – voire 75 si tous les différents bonus souscrits sont atteints.
À ce jackpot, il faut ajouter les quinze (plus éventuellement dix de bonus) du défenseur central Mattia Caldara, vendu à la Juventus en décembre, mais laissé en prêt jusqu’à juin 2018. Lorsque Bonucci a fait ses valises, les dirigeants bianconeri ont bien été tentés de le rappeler en avance avant d’abandonner cette idée. Tout l’inverse du cas Spinazzola, le pendant de Conti sur le côté gauche. Prêté deux ans par la Vieille Dame l’an dernier et auteur lui aussi d’une grosse saison, le joueur n’a pas hésité à aller au clash pour rentrer à Turin dès que possible, mais sa direction a été inflexible et intelligente. Monnayer les joueurs les plus bankables a un sens, anticiper le retour d’un élément dont elle n’obtiendra pas le moindre centime, beaucoup moins.
Un effectif renforcé plutôt que déforcé
Des plus-values considérables tout en amputant le onze type de seulement deux membres, voilà un très juste milieu. Et pas le départ de trop qui aurait pu être celui de Spinazzola, et surtout Gómez – peut-être la seule individualité vraiment indispensable. Approché sans trop de conviction par des clubs plus huppés, celui que l’on surnomme « Papu » a finalement prolongé son contrat jusqu’en 2022 avec une belle augmentation de salaire à la clé (de 0,8 à 2 millions d’euros par an) faisant de lui le joueur le mieux rémunéré de l’histoire du club. Un autre record de ce genre a été battu cet été, puisque les quinze millions d’euros payés pour rapatrier Marten De Roon en font le transfert le plus onéreux de l’histoire. C’est presque cinq de plus que la somme encaissée un an plus tôt, lorsque le Néerlandais quittait Bergame pour Middlesbrough. Une trajectoire inhabituelle pour un retour bien senti, tant ce milieu relayeur fut une des belles surprises de la saison 2015-2016 de Serie A.
À Gasperini d’exploiter son potentiel ainsi que celui de Timothée Castagne. Débauché à Genk pour six millions d’euros, le Belge aura la lourde tâche de faire oublier Conti. Certes, on est plus dans le profil du pari, mais l’entraîneur des Nerazzurri en a vu d’autres. Pour le reste, rien n’a été retouché. Mieux, dans l’optique d’être compétitif sur les deux fronts, le banc a été renforcé avec de nombreuses arrivées, dont celle de l’attaquant danois Cornelius, du milieu slovène Iličić et du défenseur argentin Palomino. Et le fameux centre de formation dans tout ça ? Tout va très bien, merci pour lui, puisqu’il conserve son rôle de principal fournisseur, dont le défenseur central Alessandro Bastoni (18 ans) est la nouvelle pépite, au point d’avoir déjà été vendu à l’Inter pour dix millions d’euros (plus bonus), tout en le conservant les deux prochaines saisons. Un bel exemple de cercle vertueux, malheureusement encore trop peu imité.
Par Valentin Pauluzzi