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On a discuté de l’identité de jeu du PSG avec Thiago Silva

Par Markus Kaufmann / Propos recueillis par Markus Kaufmann et Charles Alf Lafon
On a discuté de l’identité de jeu du PSG avec Thiago Silva

Dans une équipe de football, la naissance d'une identité de jeu reste un phénomène mystérieux. Alors que Marcelo Bielsa a créé en quelques mois une identité de jeu à l'OM, les performances et les absences de Thiago Motta et Zlatan ont montré les limites de cette « personnalité collective » à Paris. L'identité de jeu d'une grande équipe peut-elle reposer sur les pieds et les épaules de deux joueurs ? Finalement, quelle est la patte de Laurent Blanc sur cette équipe ? On en a discuté avec Thiago Silva.

Le 8 mai dernier, un jour après avoir obtenu le titre de champion de France tout en perdant contre Rennes, un Thiago Silva en casquette répond à nos questions après avoir passé son après-midi à déconner avec Zlatan. Mais quand les sujets Chelsea et tactique ressortent, le défenseur retrouve vite son style de jeu, sérieux et intransigeant. Au moment où l’insistance de Laurent Blanc sur la possession de balle est abordée, Thiago interrompt la conversation de façon surprenante :
– Attends, tu dis qu’on insiste plus sur la possession de balle avec qui, Ancelotti ou Blanc ?
– Bah… Blanc, non ? Par rapport à l’an dernier, toi par exemple, en moyenne tu touches 20 ballons en plus par match…
– Ah, oui… C’est vrai… (hésitant) Mais c’est surtout vrai que l’an dernier, si vous regardez bien le calendrier et les matchs, il n’y avait pas Thiago Motta. C’est ça, la grande différence avec la saison dernière.

Mais alors, malgré un changement d’entraîneur et tout ce qui a été dit sur les différentes philosophies de jeu défendues par Ancelotti et Blanc, la « grande différence » serait la forme fragile d’un Brésilien au passeport italien jouant en Mizuno ? Effectivement, sous Ancelotti en 2012/13, Motta joue 12 matchs de Ligue 1. En 2013/14, le total monte à 32. Naïfs étaient donc ceux qui pensaient que les entraînements et les idées de jeu de Blanc avaient transformé le PSG ? Les 63% de possession, c’était Thiago Motta ? Les séries interminables de circulation de balle dans le camp parisien, c’était Thiago Motta ? La différence entre Ancelotti et Blanc, c’était Thiago Motta, vraiment ? Les propos du capitaine parisien interrogent : les joueurs sont-ils si peu impliqués dans la conception des idées de leur jeu qu’ils peuvent penser que l’un des leurs peut faire toute la différence ? La réponse aurait-elle été différente si elle avait été posée à un milieu comme Verratti ou Motta ? Interrogé par la suite sur le discours et le plan de jeu de Laurent Blanc avant la terrible défaite Chelsea-PSG à Stamford Bridge, Thiago Silva répond : « « Ne prenez pas de but » . Voilà ce qu’il nous a dit avant le match. Et aussi « Restez bien concentrés ». » Et c’est tout… Alors, surestime-t-on l’importance de l’entraîneur au sein de ces clubs de superstars ? Le PSG joue-t-il en roue libre, plus ou moins bien en fonction de la présence de tel ou tel talent ?

De l’influence de Thiago Motta

Cette saison, Thiago Motta a presque toujours été là. Un miracle de la haute médecine parisienne, penseront les Italiens. Mais alors que sa présence était auparavant la garantie de voir un PSG plein de maturité, équilibré derrière et cynique devant, ses performances cette saison n’ont pas suffi. Car l’Italo-Brésilien était bien titulaire lors des matchs nuls contre Reims, Rennes, Toulouse, Monaco. Et même, face à Lyon au Parc, le PSG menait 1-0 à son entrée en jeu (64e), et avait fini par se faire rejoindre. D’où un nouvel argument allant dans le sens des propos de Thiago Silva : cette année, Motta joue moins bien, et donc le PSG aussi. D’ailleurs, quand l’enfant de la Masia élève son niveau de jeu, comme contre le Barça au Parc, tout le collectif le ressent. Sans même avoir besoin de gagner un seul duel aérien, Motta accumule 8 interventions défensives, 4 récupérations et des passes lasers capables d’accélérer les contres du PSG comme il accélérait ceux de l’Inter de Mourinho. Cette saison plus que jamais, Motta est aussi le symbole de ce PSG « fait pour l’Europe » . C’est le cas en phase offensive : en 4 matchs européens, il a créé autant d’occasions qu’en 11 matchs de championnat (6 dans chaque compétition). Et aussi en phase défensive : 38% de duels gagnés en Ligue 1 contre 66% en C1 (stats Squawka). En fait, certains joueurs cadres ont une importance tactique telle que le visage de l’équipe finit par avoir le leur, et le même phénomène est observé avec Gabi à l’Atlético. Alors, sans Motta contre Marseille – suspendu pour accumulation de cartons jaunes – que va faire Blanc ?

De l’influence de Zlatan Ibrahimović

Dans la suite de l’entretien, Thiago Silva est donc questionné sur l’influence réelle de l’idée de l’entraîneur sur le style de jeu du PSG : « Non, je pense que son idée (celle de Blanc) est la première chose. Mais après, sur le terrain, on fait ce qu’il y a de mieux à faire en fonction des qualités des joueurs que l’on a. Si on a des joueurs pour avoir la possession du ballon, on peut aller de l’avant avec un jeu de qualité. Si on n’a pas de joueurs de qualité, on met la balle sur « Zlata », qui est fort dans les duels pour remonter la balle. » Un côté diplomate, certes. Mais aussi une révélation sur l’importance de Zlatan, également mise en lumière par Marcelo Bielsa en conférence de presse d’avant-match : « En fonction d’où sera Ibrahimović, on va essayer qu’il y ait un de nos joueurs. Comme il bouge dans le centre, ce seront normalement nos défenseurs centraux qui vont l’affronter et comme il redescend aussi au milieu, il serait bon d’accompagner son action, car s’il redescend sans être marqué, il développe cette capacité à organiser les attaques de son équipe. » Évidemment que le jeu parisien change en fonction de la présence d’Ibrahimović est loin d’être une surprise.

Mais ici, le mot-clé est « organiser » : en l’absence de l’attaquant-meneur suédois, les prestations offensives du club parisien ont rappelé que ce n’est pas le PSG qui organise les attaques de Zlatan, mais plutôt Zlatan qui organise les offensives du PSG. Et Bielsa fait référence à des actions qui semblent aussi travaillées et répétées que le playbook de Gregg Popovich : le Suédois redescend, parfois jusqu’au rond central, se retourne, renverse vers l’avant sur un côté et fonce vers la surface en espérant reprendre un centre fort de Van der Wiel/Lucas à droite ou Maxwell/Matuidi à gauche. En fait, en l’absence du Suédois, le PSG perd donc certaines armes qui formaient une partie de son identité. Et pour en réinventer d’autres, forcément, ça met du temps. Sans Ibra, le PSG a tout de même signé 7 victoires et 2 nuls (Toulouse et Monaco). Mais il a anormalement souffert dans le jeu. D’où la question suivante : Laurent Blanc aurait-il pu, en un peu plus d’une saison, construire une identité de jeu qui ne dépende pas des caractéristiques uniques de Zlatan et Motta (33 et 32 ans) ? Concrètement, avant que Zlatan ne se blesse, est-ce que le PSG pouvait trouver le temps de travailler des automatismes sans le Suédois ? Combien de temps et combien de fois par semaine ?

Grands joueurs, collectif et travail

Après tout, il est normal qu’une identité de jeu dépende de certaines grandes individualités. Malgré la présence de Messi, Suárez et Mascherano, le Barça dépend largement de la forme de Xavi. Le dynamisme collectif de la Juve repose sur les mouvements de Pirlo, et celui du Real d’Ancelotti ne serait pas aussi abouti sans Modrić. Pour aller plus loin, que ferait Bielsa sans les efforts et les buts de Gignac, et sans la capacité d’Imbula à sauter les lignes adverses ? Heureusement qu’une idée de jeu dépend des joueurs pour qui elle a été pensée a priori. En fait, l’absence de ces derniers permet surtout d’éclairer des facteurs de réussite cruciaux : les capacités d’adaptation et d’anticipation des entraîneurs, et la préparation d’un collectif pensé comme groupe et non pas comme somme d’individualités.

En parlant de son grand Milan en octobre 2013, Arrigo Sacchi disait : « J’ai toujours pensé que le moteur du football était le jeu. Et en partant de cette idée de jeu, j’allais chercher des personnes de confiance, et puis des joueurs fonctionnels avec ce système. Et nous nous sommes mis à travailler ensemble. Je n’arrêtais pas de répéter : « Le collectif est meilleur que l’individu. » L’individu peut te faire gagner un match, mais les exploits se font avec une équipe. Le football est un sport collectif avec des moments individuels, pas le contraire. Et pour faire tout cela, nous avons énormément travaillé. Énormément, j’insiste. Je me rappelle avoir invité Wenger, Houllier et Fernandez à Milanello. Ils étaient revenus en disant qu’ils n’avaient jamais vu une équipe travailler autant. » Anticipation, adaptation, travail. Les mêmes concepts qu’avance continuellement Marcelo Bielsa. Le 6 octobre 2013 au Vélodrome, l’expulsion de Motta n’avait pas empêché Laurent Blanc de battre les Marseillais en remplaçant Lavezzi par Rabiot pour revenir sous l’impulsion du milieu Matuidi-Rabiot-Verratti. Et ce dimanche ?

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Par Markus Kaufmann / Propos recueillis par Markus Kaufmann et Charles Alf Lafon

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