Comment est née ta passion pour le foot ?
Je devais avoir sept ans lorsque j’ai pris conscience de mon amour pour ce sport. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire pour les enfants de mon quartier. Tout le monde jouait donc plus ou moins. Et moi aussi. Je pense même avoir passé beaucoup trop de temps sur un terrain de foot. J’aurais pu faire des choses bien plus utiles, comme suivre des cours de musique par exemple.
Tu allais régulièrement au stade à cette époque ?
Avec mes potes, on allait souvent soutenir notre équipe locale, Rostselmash. Depuis, elle a changé de nom et s’appelle désormais Rostov. C’est vraiment une équipe de merde, mais elle a tout de même affronté la Juventus en 1999. C’était un match légendaire, pour lequel c’était impossible d’avoir des places. Surtout pour un jeune de quinze ans comme moi. Heureusement, un mec ivre parmi la foule nous a donné deux billets gratuits, à mon pote et moi. Un vrai miracle.
Tu te souviens du match ?
Oui, bien sûr. C’était le 29 juillet à Rostov et le match se déroulait à 16h. Le stade était bondé, voire carrément surpeuplé. Beaucoup de supporters étaient debout dans les allées, même si cela était dangereux d’un point de vue sécurité. Rostselmash ne pouvait sans doute pas jouer plus mal, mais tout le monde s’en fichait. On était bien trop heureux de regarder jouer Davids, Inzaghi ou Van der Sar.
C’est quoi la situation du foot en Russie ?
La Russie a toujours eu de bons clubs, avec une vraie histoire, des bons joueurs et de fervents supporters comme le Spartak, le Zénith et le CSKA. En dehors de ça, on a aussi des clubs qui ne peuvent pas payer le salaire de leurs joueurs. Tout ça dans le même championnat. Ce qui est regrettable, c’est que les joueurs russes sont toujours aussi réticents au fait d’aller jouer en Europe sous prétexte qu’ils ne gagneraient pas autant que ce qu’ils gagnent en Russie. Ça leur permettrait pourtant de progresser, contrairement à toutes ces stars des grands championnats qui viennent se perdre chez nous pour quelques millions d’euros de plus. Comme Eto’o, par exemple.
Tu n’as pas l’air de porter le championnat russe dans ton cœur…
Non, je ne suis pas un grand fan de ce championnat. D’autant que Rostov est bon dernier cette saison. Heureusement, il y a le Dynamo qui, avec des joueurs comme Valbuena, Buntner, Kurányi et Samba, propose du beau jeu et fait vraiment plaisir à voir.
Hormis le match de Rostov contre la Juventus, quel est ton meilleur souvenir ?
La finale de la Ligue des champions en 1999, sans aucun doute. Je me souviens que j’étais avec mes grands-parents à ce moment-là, et c’est probablement après ce match que j’ai réalisé que le football était vraiment quelque chose d’important, que c’était un sport capable de procurer des émotions spectaculaires. Aujourd’hui encore, je peux me repasser les trois dernières minutes du match pour me remonter le moral.
Les finales comme celle-ci sont plutôt rares, non ?
Carrément ! Mais les performances de ce niveau le sont tout autant. Je suis sûr que la plupart des gens aiment le foot pour ce genre de moments…
Il y a un joueur qui t’a toujours fait rêver ?
Comme beaucoup d’enfants de mon âge, j’adorais Beckham. Toutes ses coupes de cheveux, ses buts de l’autre côté de la ligne médiane, la beauté de sa femme ou encore son brassard de capitaine en équipe nationale, tant de choses font de lui un joueur exceptionnel.
Il y a un match ou un fait marquant que tu retiens particulièrement de lui ?
Le match contre l’Argentine en huitième de finale de la Coupe du monde 98. Son carton rouge n’est pas seulement injuste, il est stupide. C’est ce jour-là que j’ai commencé à aimer Beckham, et à détester Simeone.
À l’instar de la musique de Motorama, tu sembles très porté sur Manchester ?
En effet ! Peut-être que si je vivais là-bas et que j’avais rencontré les dirigeants de la Factory, j’aurais supporté City, mais je suis un grand fan de United depuis mon enfance. Sir Alex, Scholes, Giggs, Van der Sar, Beckham, Van Nistelrooy, Cantona, Schmeichel, tant de joueurs emblématiques sont passés par Old Trafford.
Tu penses quoi de ce nouveau United, piloté par Van Gaal ?
Pour être honnête, je n’aime pas trop ce qu’est en train de devenir le club avec sa politique de recrutement. Les gros transferts comme Di María et Falcao, ce n’est pas l’esprit de United. Je ne veux pas que le club ressemble à Chelsea, Munich, Madrid ou City.
En dehors de United, tu es fan d’une autre équipe aujourd’hui ?
Je suis assez impressionné par l’équipe de Bilbao. J’ai la sensation que seuls les joueurs avec des racines basques peuvent y réussir. Et puis l’équipe parvient parfois à rivaliser avec des monstres comme le Barça ou le Real tout en faisant de bonnes prestations dans les tournois européens. J’aime aussi la façon dont les habitants de la ville deviennent fous en regardent leur équipe. On sent une véritable passion.
Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki