- Le journal de Zlatan
Le blues de Zlatan
Cette semaine, Zlatan a marqué autant de buts que Gignac pendant le Classico, a eu un petit coup de déprime et préparé un match contre les Iles Féroé. Si le Suédois prenait la plume pour raconter ses impressions, voilà ce que cela donnerait. Ou pas.
Cher journal,
Quelle semaine je viens de vivre, je suis exténué. Même si Zlatan n’est jamais vraiment fatigué. C’est la fatigue qui est fatiguée par Zlatan. Il faut que je te raconte le match que j’ai disputé dimanche soir contre Marseille. Déjà, on m’avait prévenu que cela allait être le match le plus chaud de l’année. Sérieusement ? C’était ça le match le plus chaud ? Des tribunes vides et des mecs qui passent leur temps à crier « aux arbres » et à dire qu’ils « sont les Marseillais » ? Merci de prévenir, j’aurais pu croire qu’ils étaient suisses tellement c’était silencieux. Sérieusement, l’ambiance est plus chaude dans la salle de bain de mon hôtel quatre étoiles. Bref, je n’ai pas tout compris dans ce match. Zlatan était tranquillement en train de faire ses étirements et Zlatan a marqué un but. Puis Zlatan a voulu faire une passe au gardien adverse et Zlatan a encore marqué un but. J’avais l’impression que c’était mon jubilé, putain… Tu sais, ce match où tout le monde fait exprès de faire n’importe quoi pour que tu puisses marquer des buts. Il ne manquait plus que mon fils de 4 ans entre en jeu… J’ai passé le reste de mon temps à marcher sur la pelouse en écoutant dans mon oreillette le score du derby milanais. Quand j’ai voulu vraiment commencer à jouer, on m’a dit que le match était terminé. Mais c’est quoi cette arnaque, bordel ?
Juste après la rencontre, le joueur de Marseille, Rob Fanni, a dit qu’il n’avait « pas trouvé Zlatan étincelant » . Attends, qui parle là ? Un type qui a un blase de fillette et qui a été le jouet d’Anthony Le Tallec ? C’est bizarre, mais les journalistes et les fans n’étaient pas du même avis, puisqu’ils se sont tous prosternés devant Zlatan. Tu sais quoi, ça me donne la sensation d’être une rock star en tournée. Je peux faire le même show tous les soirs, personne ne s’en rend compte. Parce que bon, le coup de l’aile de pigeon, ça fait quand même huit ans que Zlatan le ressort et que c’est la même extase à chaque fois. Quels tocards. La semaine prochaine, je leur ferai le coup de l’embrouille avec Guardiola ou du high-kick dans la tête d’un de mes coéquipiers, comme j’avais fait avec Cassano. Pas la peine de te préciser qui sera ma victime. Je peux juste te dire qu’il risque de s’étouffer avec ses écarteurs de narines, en tout cas.
Après mon retour de Marseille, j’ai eu quelques jours de déprime. Ici, c’est Paris, mais ici, c’est surtout la pluie. Et Zlatan n’aime pas être mouillé. Zlatan n’est pas une poule. J’ai confié à la télévision suédoise que Milan me manque. C’est vrai. Mais je ne leur ai pas tout dit. Celui qui me manque vraiment, c’est Phillipe Mexès. Tout me fait penser à lui, ici : la coiffure de Ménez, le bide de Beaudemer, le niveau de Camara, la vitesse de pointe d’Alex, la condition physique de Lavezzi. Même les étoiles dans la chambre de mes fils me font penser à ses tatouages. Bref, c’était quand même un plaisir de jouer avec un type comme lui, car il avait sincèrement peur de moi. Allegri lui avait dit de ne rien faire d’autre que des longues ouvertures sur Zlatan. Personne n’est aussi obéissant ici. A part peut-être le petit gros, même si je sens qu’il va revenir avec des intentions de rebelle après avoir passé 10 jours avec El Shaarawy. D’ailleurs, bonne prestation pendant le derby, Stephan, impressionnant. Tu comprends peut-être pourquoi je ne te passais jamais la balle, maintenant.
Bon, ce n’est pas tout, mais je vais devoir te laisser, cher journal. Même si je préfèrerais rester ici pour continuer à chercher un pavillon dans les Yvelines sur seloger.com, je dois aller jouer pour l’équipe nationale de Zlatan contre les Iles Féroé. Sans déconner, depuis quand des îles jouent au football ? C’est quoi l’idée ? Leur gardien, c’est Robinson Crusoé et leurs cages sont faites avec des bouts de bois, c’est ça ? Ouais, ça ne me changera pas beaucoup de mes déplacements en Corse, tu me diras. A bientôt.
Z.
NB : J’ai lu que des gens avaient parlé de « Gignacimovic » ou de « André-Pierrimovic » . Que ce soit clair. Il n’y a qu’un seul Zlatan. Et le seul Zlatan, c’est Zlatan.
PS : Une photo souvenir de moi pendant le Clasico, en train d’expliquer à Xavier comment faire pour que sa cheville ne soit pas en mousse lors d’impact avec du cuir. Il a failli se mettre à chialer, le con. Et puis c’est bon, Bruce Willis, t’es cramé avec ton déguisement jaune.
Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite. Enfin, pas vraiment.
Eric Maggiori