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Didier l’embrouille

Par Florian Cadu
5 minutes
Didier l’embrouille

Malgré sa bonne réputation, Deschamps n’a jamais échappé aux critiques et aux polémiques. En témoignent les nombreux clashs, qu’il a souvent provoqués, mais qu’il a toujours gagnés. Un côté obscur qu’il tient de son pragmatisme et qui l’a sûrement aidé à soulever des trophées.

Même si l’on ne voit pas ses dents, il sourit beaucoup. Qu’il soit gêné par une situation, joyeux d’une victoire ou mis à mal après une question médiatique sensible, Deschamps s’en sort très souvent par une communication quasi parfaite accompagnée d’un visage qui incite à l’optimiste. Ce smilediscret, il l’a promené partout, dans tous les clubs qu’il a connus, dans tous les pays qu’il a arpentés. Ce talent d’orateur aussi. Ce qui fait son charme. Si l’on ajoute à ça son intelligence tactique indiscutable, sa sociabilité évidente et son leadershipnaturel, il a tout du parfait meneur d’homme. Sauf que comme tout le monde, la Dèche a sa face sombre.

La preuve ? En trente ans de football professionnel, DD a collectionné les embrouilles. Ce qui peut sembler bien sûr logique – ou normal –, lorsqu’on passe autant de temps au haut niveau. Sauf que les disputes de Deschamps sont toutes à peu près les mêmes : jamais vraiment officialisées par le principal intéressé, elles n’en demeurent pas moins sincères et atteignent quasiment à chaque fois un point de non-retour. Surtout, elles laissent transparaître dans le caractère pragmatique du Français des qualités qui se transforment en défaut : une abnégation qui devient entêtement, et un aspect « je-veux-tout-contrôler » qui nourrit un côté dictatorial.

Jacquet et Desaily comme gardes du corps

Adoré par la majorité de ses coéquipiers, le joueur Deschamps n’était pas forcément apprécié par ses adversaires. Les reproches d’un possible « sectarisme » en équipe de France se sont par exemple rapidement fait entendre après la Coupe du monde 98 gagnée. La raison évoquée ? Si la tronche de quelqu’un ne revenait pas au duo Deschamps/Desailly, hommes de base d’Aimé Jacquet, le malchanceux pouvait dire adieu à ses espoirs de sélection. Nicolas Ouédec en aurait fait l’expérience. « En équipe de France, quand tu ne rentres pas dans le moule de certains, c’est fini, raconte-t-il dans So Foot. Et à l’époque, il y avait des moules : le microcosme Blanc, Deschamps, Desailly. Les cadors, les bras droits de Jacquet. Si tu n’étais pas copain avec eux… C’est comme ça. Et ce n’était pas du tout mon style de lécher des culs. Desailly et Deschamps étaient jaloux de notre réussite à Nantes. » Ainsi, DD, le capitaine tricolore, avait tellement d’influence auprès de Jacquet qu’il pouvait même se permettre de choisir ceux qui devaient être appelés, à en croire les propos d’Ibrahim Ba sur Canal Plus.

À l’époque au Milan, l’attaquant, qui connaît ses premières sélections, croise parfois le milieu en Serie A. Et manque de bol, les deux équipes sont en concurrence. « Juventus-Milan, Boban a été expulsé, se souvient Ba. Je vais voir l’arbitre, je lui dit : « Monsieur l’arbitre, déjà on ne voit pas le match, on perd 3-1, il reste 10 minutes, un carton rouge franchement ça ne vaut pas la peine. »Et là je m’étonne, il y a Deschamps qui arrive et qui me dit : « Ferme ta gueule ! Tu te la racontes, tu parles, tu parles… » Je lui réponds : « Non, je ne pense pas, tu parles pour ton équipe, je parle pour mon équipe. »À la fin du match, on se retrouve devant l’entraîneur, Aimé Jacquet. On a parlé, on a discuté et il me dit : « Alors ? C’est comme ça que tu parles à ton capitaine ? » » Résultat : le buteur reste à quai pour la Coupe du monde. Une décision que le natif de Dakar met sur le compte de ce petit épisode. Et parce qu’il estime que l’équipe de France était réservée « à certains joueurs » . Vrai ou pas, l’actuel sélectionneur des Bleus a toujours préféré éviter le sujet et justifier ces critiques par la notion de groupe.

Simone et Panucci comme punching-balls

Si l’histoire ne se répète pas à l’identique quand il devient coach, Deschamps l’entraîneur garde son comportement de chef têtu. Prenons son passage à Monaco. Lorsqu’il arrive à la tête de la Principauté pour sa première expérience du banc – à 33 ans seulement ! –, le Bayonnais trouve le clan italien Simone/Panucci comme patrons du vestiaire. Prennent-ils trop de place ? Sont-ils trop imposants au goût de Monsieur ? Toujours est-il que DD met à peine quelques semaines pour se prendre le chou avec eux. « Pourtant, j’étais capitaine du club et j’avais validé l’idée du président, rembobine Simone.Campora était venu me voir et m’avait dit : « Marco, Deschamps comme entraîneur, t’en penses quoi ? » J’ai répondu :« Oui, pourquoi pas ? Il a du charisme, il a montré de très bonnes choses tactiquement en tant que joueur, il pourrait nous apporter. » » La suite est évidemment moins bon enfant : « Panucci a subi quelque chose d’humiliant et je ne pouvais pas laisser passer ça. Deschamps et moi, on est tous les deux fautifs sur notre engueulade, mais c’était une injustice, ce qu’il avait fait à Panucci » , confie celui qui ne jouera que cinq matchs en rouge et blanc cette année-là et qui ne souhaite pas en dire davantage sur la querelle. Débarrassé par la suite de ces (prétendus) fauteurs de trouble, Deschamps continue son bonhomme de chemin… et atteint la finale de C1 en 2004.

L’âge comme remède ?

À l’OM, les clashs sont aussi sévères que nombreux : Anigo, avec qui le courant n’est jamais passé, Ben Arfa, à qui il réclame de rester en lui promettant un statut de remplaçant – « Il met ses entraîneurs dans la merde.(…)Je ne peux pas lui donner de garantie. Je ne suis pas une banque » -, Gignac, dont il ne veut plus selon les conversations téléphoniques révélées par L’Équipe – « Remplacer Gignac par Gameiro ou par n’importe qui, de toute façon, ça ne peut être que mieux » ; « Gignac, bon, tu peux oublier. Il est là, on va le traîner comme un boulet, hein, donc. Il ne veut pas partir, il fout plus rien depuis douze jours. Bon, il a envie d’être payé aux frais de la princesse, quoi » –, M’Bia, dont il ne supporte pas l’attitude… Bref, en France, DD est un habitué des guerres de pouvoir… qu’il a pratiquement toujours remportées en même temps que ses trophées. Reste que les récents retours de Payet, Ben Arfa ou Gignac en EDF semblent montrer que Didier l’embrouille s’assagit en vieillissant. Tant que ça ne le fait pas perdre…

Dans cet article :
Monaco : trop bon, trop con
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Par Florian Cadu

Propos de Marco Simone recueillis par FC

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