Oranges explosifs
Direction les Pays-Bas pour la quatrième étape de la série Hooligans FC diffusée le lundi soir sur Discovery Channel. Après l’impressionnant épisode consacré à la Serbie et la Croatie, (voir la chronique Balkans, football et guerre), le téléspectateur est renvoyé à des scènes de hooliganisme plus classiques.
Est-ce pour cela que ce passage par la Hollande paraît un peu fade ? Pourtant, Danny Dyer, le présentateur, s’attarde sur la tradition hollandaise des engins explosifs, lancés sur les supporters adverses ou dans le local des fans ennemis.
Pourtant, il évoque l’utilisation d’armes par les hooligans, les bagarres planifiées entre bandes ainsi que les batailles rangées avec la police néerlandaise qui tente, tant bien que mal, de contenir le phénomène. Pourtant, il pointe les liens entre la mouvance hooligan et la scène techno, abordant au passage la consommation massive de drogue, ce qui vaut au téléspectateur d’avoir la tête farcie du martial refrain “Rotterdam Hooligans”. Mais, à côté des scènes de guerre, de haine ethnique et de viol de l’épisode précédent, cette violence paraît presque banale. Pourtant, il est au final question de blessés graves et de la mort d’un des meneurs du F Side de l’Ajax lors d’une épique bagarre dans un champ avec leurs rivaux du Feyenoord, dont Nancy a apprécié l’hiver dernier la force de frappe. Si cet épisode hollandais est moins marquant, c’est forcément – et heureusement – parce que la charge émotionnelle est moindre. Mais c’est aussi parce que Danny a eu du mal à trouver des hooligans acceptant de témoigner. Seuls quelques membres du F Side de l’Ajax consentent à parler mais le visage masqué par des écharpes, par crainte de la répression policière qu’ils en profitent pour condamner, s’estimant exagérément persécutés.
D’ailleurs, le passage le plus intéressant est sans conteste celui consacré, à la fin de l’épisode, aux hooligans d’Utrecht qui s’expriment, eux, à visage découvert. C’est l’occasion pour Danny de s’interroger sur les méthodes adoptées par la police et les clubs néerlandais pour juguler le phénomène hooligan. Il souligne que les hooligans s’adaptent aux techniques de plus en plus sophistiquées de la police pour continuer leurs combats. Il insiste aussi sur le souci des clubs de maintenir le contact avec leurs hooligans afin de limiter les risques de débordements. Ainsi, le responsable du club des supporters d’Utrecht est un ancien hooligan et les actuels durs sont les bienvenus dans la maison des supporters attenante au stade. Pour la police et les dirigeants du club, cette intégration est le meilleur moyen de contrôler les comportements des hooligans, le local des supporters étant comme le stade sous vidéo-surveillance. Dès lors, Danny peut boire des bières avec d’anciens durs, confortablement installé dans une des tribunes du stade.
Les témoignages de plusieurs générations de hooligans d’Utrecht permettent d’éclairer des événements singuliers, comme la destruction de l’ancien stade par les supporters eux-mêmes dès la fin du dernier match avant le déménagement de leur club vers une enceinte plus moderne. Ils offrent surtout un aperçu de l’évolution historique du hooliganisme batave et de son penchant pour les armes et les engins explosifs. Du coup, la fin de l’épisode est plus dense et convaincante que le début à Amsterdam où ce pauvre Danny semblait ramer à côté des canaux, en titubant sur son vélo devant les sex-shops et autres coffee shops.
Nicolas Hourcade
Hooligans FC tous les lundis soirs à 22 h 35 sur Discovery Channel. Rediffusion à 0 h 20 dans la nuit du samedi au dimanche.Pour une présentation générale de la série : All over the hooligan world.