Portrait – Guglielmo Stendardo
Guglielmo Stendardo a 27 ans. Il taquine le cuir en professionnels depuis 1997 et officie actuellement au sein de la défense centrale de Lecce où il est titulaire indiscutable. Auparavant, il avait - entre autres - déjà porté les maillots du Napoli, de la Juve ou encore de la Lazio après avoir connu longuement la deuxième division transalpine. Pas si dégueulasse que ça comme carrière. Seulement voilà, Guglielmo Stendardo n'a toujours considéré le football que comme «une parenthèse, brève mais importante» dans sa vie. Portrait.
Guglielmo Stendardo est ce qu’on appelle un joueur moyen. Le genre de type capable d’être tout aussi brillant que maladroit dans un même match. Le profil de bonhomme qui ne sera jamais sélectionné en équipe d’Italie alors même qu’il n’aurait certainement pas volé une petite entrée en jeu dans les dernières secondes d’un match amical. Comme ça, pour déconner, pour lui dire merci. Un peu comme Jurietti : service rendu à la Nation.
Notre homme a un sourire assez niais. Au vrai, il a même l’air assez simplet. Sur le terrain, pourtant, il est combatif, jamais dernier quand il s’agit de se jeter pour contrer un ballon ni d’aller sauver une touche dont tout le monde se cogne.
L’histoire de Guglielmo commence à Naples, sa ville natale. C’est là qu’il débute en pro en 97-98, saison durant laquelle il ne dispute qu’un seul match. S’en suivront six années passées en Serie B (trois avec la Samp’, une avec la Salernitana, une avec le Catania et une autre avec Pérouse) où le Sudiste découvrira le sang, la sueur et les larmes, faisant ainsi de lui le solide gaillard qu’il est devenu (1m90, 89 kg). Puis Stendardo regoûte aux joies de l’élite avec la Lazio, où il passe trois saisons et dispute même la Champions. Avant de décoller pour la Juve où il ne jouera que cinq matchs, pour finalement débarquer à Lecce. Là il est devenu une pièce maîtresse de l’effectif de Beretta, l’entraîneur.
Du déjà-vu, en somme. Seulement voilà, notre homme n’a pas bâti sa vie autour d’un ballon rond, bien au contraire.
La scène se passe le 28 novembre 2008, la veille d’un match entre Lecce et le Catania. En conférence de presse, Beretta ne convoque pas Stendardo pour la rencontre du lendemain, étonnement des journalistes, léger brouhaha dans l’assemblée…
Beretta se justifie : « Il ne s’agit pas d’un choix tactique mais d’une permission accordée à un joueur qui a un rendez-vous très important. Malheureusement pour nous, cela arrive la veille d’un match. Si nous avions joué dimanche, il aurait pu nous rejoindre à Catane mais là, c’est un peu juste. D’autant plus qu’il s’agira pour lui d’une journée très forte sur le plan émotionnel » .
Ce 28 novembre, Stendardo soutenait une thèse de jurisprudence à l’University of Malta de Rome. Son sujet ? La fiscalité d’entreprise. Après avoir obtenu la note de 95/110, le joueur est devenu “Docteur” : « Je suis très heureux, j’ai atteint un objectif important car de toute façon, le football n’est qu’une parenthèse dans ma vie. Brève et importante, mais ce n’est qu’une parenthèse quand même » . Plus tard, Stendardo voudrait devenir avocat spécialisé de droit sportif. « Aujourd’hui, je suis un avocat qui défend à l’intérieur du terrain, demain, je défendrai en dehors du terrain. En fait, j’aime bien défendre ! » , se marre l’intéressé.
Dimanche, Lecce reçoit le Torino. Stendardo sera comme à son habitude le dernier rempart de son équipe. Il n’aura qu’un objectif : défendre, encore et toujours.
Lucas Duvernet-Coppola
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