OL : extension du domaine de la lutte !
Assurément du grand fauve, hier, à Bordeaux, 3-1 sec ! Dix de der pour Benzéma, quatre étoiles pour Ben Arfa, Fabio Santos monstrueux et Juninho qui régale la chique. OK, ce n'est « que » Bordeaux. N'empêche, la performance était bien là, après l'humiliante déroute contre les Rangers. A Lyon, ça se remet à bouger ? Pourvu que ça dur(e) !
Passera pas l’hiver. Vraie ou fausse, cette formule ? Peu importe. A Lyon, pour tous les coaches, c’est toujours pph ou ppé (“passera pas l’été”), avec siège éjectable actionnable à tout moment. En tout cas, Perrin sait où il a mis les pieds et il endure comme il peut. Il est plus zen qu’à l’OM, vu que toutes luttes pour le pouvoir sportif sont perdues d’avance face à Aulas-Lacombe. C’est encore eux qui ont fait le recrutement estival et “excusé” l’absence vidéo de Juninho que Perrin a lui même « justifiée » .
Tenir. Si Perrin “passe l’hiver”, c’est-à-dire si l’OL est encore en course en Coupes d’Europe (C1, pourquoi pas, ou Coupe de l’UEFA) et en championnat, il pourrait se retrouver à la tête d’un OL toujours conquérant et devenir le coach “qui compte”.
A la différence d’Houllier qui avait hérité d’un effectif hyper compétitif à son arrivée, Perrin a repris un groupe remanié et manquant avant tout d’un atout maître : la vivacité. Avec les départs de Malouda, Abidal, Tiago et même Wiltord, son groupe a du mal à “bouger les lignes”. A la place : Kallström, Bodmer, Baros, Govou (moins speed qu’avant) et Grosso, qu’on a trouvés un poil trop lourds, trop statiques pour battre les Rangers à Gerland. Ceci-dit, avec des Ben Arfa, Benzéma, un Keita retrouvé (?) et un Belhadj au taquet, les potentialités existent.
Et puis, Perrin doit reconstruire des schémas de jeu qui, avant, fonctionnaient tout seuls depuis un bout de temps, notamment le jeu en triangle, à gauche Malouda-Abidal-Juninho ou à droite Tiago-Govou-Clerc/Réveillère.
Les blessures de Coupet et de Cris ont par ailleurs fait très mal. Deux joueurs de vestiaire (deux leaders de jeu, aussi, au tapis). Sans oublier aussi Patrick Müller. Perrin a dû bricoler depuis une défense axiale avec Squillacci, Anderson et Bodmer. D’où la cata sur les 2ème et 3ème buts des Rangers : un duel avec Cousin et un hors-jeu mal négocié sur lesquels Cris n’aurait certainement pas fauté.
En fait, le challenge qui s’offre à Alain Perrin sera de savoir gérer psychologiquement et tactiquement la concurrence au sein d’un groupe pas si mauvais que ça. C’est de cette “saine émulation” que naîtra ou non le “Lyon nouveau”, avec ou sans Perrin. Car, le “nouveau Perrin” émergera ou coulera. A lui de jouer.
Se battre pour une place. C’est aussi ce qui a fait le succès de l’OL ces dernières années, où des Abidal, Malouda, Sonny Anderson ont dû vraiment s’arracher pour s’imposer. Alors, faut que ça clashe ! Perrin doit de fait prendre ses responsabilités : tout le monde a eu sa chance, tout le monde a été essayé ! On peut grossièrement repérer les zones concurrentielles où le combat doit faire rage. En défense axiale : outre Cris qui tient la corde, duel Squilacci-Anderson Cleber, voire Müller. Au poste de latéral droit, duel habituel Clerc-Réveillère. A gauche, Grosso, de plus en plus discuté, va devoir se méfier de Belhadj, même si ce dernier est souvent employé au milieu. En milieu placé devant la défense, Toulalan a dû comprendre après la big performance de Fabio Santos contre Bordeaux que désormais il n’était plus à l’abri de la concurrence. Bodmer va devoir cravacher pour aller déloger Kallström, idem pour Keita avec Govou dans le couloir droit. Après des bouts de matchs convaincants, et avec son entente avec Benzéma, Ben Arfa est en train de “préempter” le couloir gauche que Govou occupe parfois. Devant, Benzéma avait annoncé la couleur : il boufferait tout, cette saison. Avec 10 buts, il a mis Baros et Fred sur le reculoir. Et comme le Brésilien supporte très mal la concurrence.
Reste le cas particulier de Juninho. Absent à Sochaux (victoire 2-1 de l’OL) et “remplacé” moyennement par la paire Kallström-Fabio Santos, il n’a pas vraiment de challenger à son poste de meneur de jeu. Bodmer ? Trimballé à tous les postes, l’ancien Lillois n’est pour l’instant pas en mesure d’inquiéter le chouchou de Gerland. Juninho se sait intouchable, il en use et en abuse.
Et c’est là l’un des problèmes majeurs de Lyon, cette saison. Juninho ou la saudade de Chantecler. Chantecler (ouvre d’Edmond Rostand), c’est le nom du coq, roi de la basse-cour, qui croyait que le soleil se levait chaque matin pour l’écouter chanter…
Le melon. Juni prend la tête, joue les pleureuses, se plaint de l’effectif et des choix du coach, zappe la séance vidéo, tire la tronche aux entraînements. Il parle de Coupe de l’UEFA après seulement deux matches de C1, alors que rien n’est encore joué : n’importe quoi ! Juni joue perso et plombe l’atmosphère alors qu’il n’est pas exempt de critiques (au Barça, par exemple). Par moments, il transforme son andropause en suicide collectif.
Alors, fini, Juninho ? Pas vraiment, non, vu la bonne prestation d’hier contre Bordeaux, ou voire aussi contre les Rangers (match plus qu’honnête). Juninho marche à l’orgueil qu’il a, pour l’instant, mal placé. Il lui manque l’humilité d’un Sonny Anderson, star venue du Barça ayant accepté de se fondre dans un collectif presque “indigne” à l’époque de son talent. Sonny-la-classe avait pris sur lui d’aider Lyon à grandir. Aujourd’hui, on a l’impression que Juninho rechigne à s’inscrire dans le groupe OL et à accepter de gérer à son niveau une saison moins facile que les précédentes. Il joue solo alors qu’en mai 2007, à 32 ans, Jean-Michel Aulas a prolongé jusqu’en 2010 son contrat qui courait jusqu’en 2008. Avec sûrement revalorisation à la clef. Vérité cruelle pour le Brésilien : aucun club huppé ne s’était bousculé pour lui faire une offre vraiment intéressante. Hormis le Galatasaray, c’est-à-dire l’antichambre du Qatar. Grosse baffe dans la tronche pour celui qui estimait mériter mieux ?
Reviens, Juninho, reviens ! Parce que l’Ohelle, elle a besoin de toi !
Chérif Ghemmour
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