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L’Union saint-gilloise, le retour d’une belge histoire
Après avoir enchaîné les désillusions pendant trois ans, l’Union saint-gilloise a enfin été sacrée championne de Belgique. Ce titre échappait aux Bruxellois depuis l’entre-deux-guerres, et a été remporté grâce à une philosophie de travail moderne. Le déclic est enfin arrivé, au moment où l’exercice aurait pu être plus difficile.

2025 serait-elle l’année où s’arrêtent les malédictions ? En Angleterre, bon nombre de clubs ont retrouvé un trophée pour la première fois depuis des décennies : Newcastle avec la Carabao Cup, Tottenham avec la Ligue Europa ou Crystal Palace, son premier en 164 ans d’existence. Outre-Manche, les Go Ahead Eagles ont inscrit une ligne à leur palmarès avec la Coupe des Pays-Bas, seule récompense depuis 90 ans. À trois heures de route de Deventer, une autre disette prend fin en ce mois de mai. Sur sa pelouse du Joseph-Marien, les joueurs de l’Union saint-gilloise ont été sacrés champions de Belgique. Une première depuis l’an de grâce 1935, et les trois titres consécutifs de la fameuse « Union 60 », invaincue pendant soixante matchs consécutifs. Record qui tient toujours dans l’histoire du football belge.
🥳 | Le coup de sifflet de la libération pour l’Union SG ! 🔥 #USGGNT pic.twitter.com/1mRBSJzTZL
— DAZN Belgique (@DAZN_BEFR) May 25, 2025
Un choc des extrêmes se dessinait, à la réception de La Gantoise lors de l’ultime journée. Pendant que Gent n’a pris qu’un seul succès en dix matchs de barrages, l’USG bouclait une campagne historique. Dans un championnat où les points sont divisés par deux en fin de la saison régulière, les Unionistes en ont profité pour combler leur retard. À la traîne derrière Genk fin mars, les Bruxellois vont engranger 28 points sur les 30 possibles. La meilleure performance depuis l’instauration des barrages.
Un titre décroché à la persévérance
Malgré ce rythme de feu, la course pour le titre s’est jouée jusqu’au dernier jour, contre un adversaire que l’Union ne connaît que trop bien : le Club Bruges. Champions de Belgique 2022 et 2024, les Blauw en Zwart ont été pendant quatre ans la bête noire de l’USG. Encore cette saison, les hommes de Nicky Hayen ont montré peu de faiblesses au moment des play-off, emmenés par un feu follet grec nommé Christos Tzolis. Une seule défaite au compteur dans cette dizaine d’affiches : à la maison, contre l’Union saint-gilloise. Presque un exploit, qui n’était arrivé que deux fois sur leurs quatorze affrontements en championnat.
Ce sera un match spécial, parce que, personnellement, j’espère que l’Union sera championne.
Alors que le champion en titre était capable de conserver son dû, l’ambiance était sereine dans la capitale. Dans un stade où les places étaient chères (certaines revendues au marché noir pour 1 500 euros), tous étaient sûrs de la finalité heureuse de ce match. Peut-être car certains joueurs de Gent avaient d’autres aspirations, à l’image de Dante Vanzeir. Pour ce qui n’est pas sa première déclaration polémique, l’ex-attaquant de l’Union montrait son amour pour son ancien club : « J’ai vécu de très beaux moments et j’ai de très beaux souvenirs là-bas. Ce sera un match spécial, parce que, personnellement, j’espère que l’Union sera championne. » Loin d’un match pris par-dessus la jambe, La Gantoise égalisera avant la pause (avec une passe dé de Vanzeir), mais le scénario catastrophe ne se répétera pas grâce à Promise David. L’heure est à l’envahissement de terrain et aux couleurs bleu et jaune, volant dans le ciel bruxellois.
C'est l'Union qui sourit 😏 🏆⚽🇧🇪 Union Saint-Gilloise has just won the Belgian league for the first time since 1935. And the people are obviously celebrating accordingly. De Bruxelles la fierté 🟦🟨 pic.twitter.com/7ljvaFnpUD
— Adrian Fuentes (@fuenareva) May 25, 2025
Ironie du sort, l’Union décrochera son Graal l’année où elle doutera le plus. Doutes survenus dès le début de saison alors que Sébastien Pocognoli, ancien international belge, succédait à Alexander Blessin pour sa première expérience sur un banc professionnel. Rapidement mis en péril par un début de saison difficile (neuvième de Pro League en novembre), l’ancien taulier du Standard n’a jamais flanché. Cette vertu a impressionné Kevin Mac Allister, frère d’un certain Alexis : « L’entraîneur y a toujours cru. Il savait que c’était une période de transition. Nouvel entraîneur, nouveaux joueurs… Mais il a dit : “Continuez à travailler tous les jours. Battez-vous.” Et on y arrivera. » Non sans poigne, n’hésitant pas à dire adieu à Lazare Amani (Standard) et Loïc Lapoussin (Saint-Trond), deux favoris du public au mercato hivernal. « Je les aime, mais je choisis ma vision du football », déclarait Pocognoli sans regrets en conférence de presse. Le club avant les joueurs : une vision du football qui a l’air de toucher le RC Lens, prêt à en faire le successeur de Will Still.
Une équipe en plein Bloom
Mais le natif de Seraing n’a pas exercé sa première année à Bruxelles sans filet. Leur succession de bons résultats s’explique par un travail de longue date. Rachetée par Tony Bloom, l’Union va profiter de talents débauchés par son club parent : Brighton. Kaoru Mitoma, Simon Adingra, Deniz Undav : tous ont fait trembler les filets de la Pro League avant de confirmer au plus haut niveau. Prêts qui se sont raréfiés avec le temps, laissant place à une stratégie qui a déjà fait ses preuves en Premier League. Avec l’appui de Starlizard, société créée par Tony Bloom et spécialisée dans le recueil de données statistiques.
Ayant permis une grande avancée de la data du monde du football, une telle technologie va permettre de faire des emplettes. Lorsque Brighton acquiert Alexis Mac Allister et Moises Caicedo, l’Union révélera des noms comme Teddy Teuma, Mohamed El Amine Amoura ou Victor Boniface. Dernières acquisitions, le duo d’attaque Franjo Ivanović – Promise David, pour 4,5 millions d’euros. Quand Ivanović est sacré champion de Belgique et de Croatie la même après-midi avec Rijeka, l’attaquant canadien aura connu un parcours rocambolesque à seulement 23 ans. Croatie, Malte, avant d’enchaîner les pions à Nömme Kalju, troisième plus grand club d’Estonie. Deux grands gabarits qui planteront la bagatelle de 40 buts, en championnat comme en Ligue Europa.
Je me souviens que lors de notre première année en Ligue Europa, des gens disaient qu’on allait faire baisser le coefficient européen. Ça nous a marqués alors que ça fait trois ans qu’on nous dit merci par rapport à ce qu’on fait en Europe.
Un troupeau de loups encadrés par des vétérans qui ont tout connu à Bruxelles, de la deuxième division au sacre. C’est le cas de Christian Burgess, défenseur infatigable arrivé de Portsmouth ainsi qu’Anthony Moris, inégalable portier de l’Union. À 35 ans, le Luxembourgeois revient de loin : victime de deux ruptures des ligaments croisés, le gardien formé au Standard va passer par l’échelon inférieur. D’abord à Virton, ensuite à l’Union. Le début d’une histoire d’amour de cinq ans, dans laquelle vont s’enchaîner les succès et les deuxièmes places. Une revanche savourée par celui qui rêve maintenant d’Europe : « Je me souviens que lors de notre première année en Ligue Europa, des gens disaient qu’on allait faire baisser le coefficient européen. Ça nous a touchés, ça nous a marqués alors que ça fait trois ans qu’on nous dit merci par rapport à ce qu’on fait en Europe. On sait que la Ligue des champions l’année prochaine, ce sera quelque chose. »
Conséquence du titre, l’Union saint-gilloise fera partie des 36 équipes participant à la Ligue des champions pour la saison 2025-2026. Un rêve qui se jouera loin du Joseph-Marien, non homologué pour la compétition. Den Dreef, stade de l’OH Louvain, à une demi-heure de route, accueillera ce qui pourra être les nouveaux exploits des Unionistes à l’automne prochain, en attendant que le projet du stade Bempt se finalise. Espérons que lui ne mette pas 90 ans à venir.
Les frères Mac Allister remplissent l’armoire à trophées de la famillePar Mathieu Plasse