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John Textor et Evángelos Marinákis, deux cow-boys dans la ville
Avant de passer devant la DNCG, l’OL ne se cache même plus de faire quelques affaires louches avec Nottingham Forest. Amis sur le marché des transferts, John Textor et Evángelos Marinákis se rendent cous pour coup au niveau administratif pour savoir qui aura le droit de participer à la prochaine Ligue Europa.

Alors que le Bon foule les pavés sous un soleil de plomb, surgissent derrière lui la Brute et le Truand, prêts à livrer un duel mémorable au cœur d’un cimetière, dans une tension maximale renforcée par les regards appuyés entre les trois personnages. Enlevez désormais Clint Eastwood, remplacez Lee Van Cleef par Evángelos Marinákis et Eli Wallach par John Textor et changez la bande originale d’Ennio Morricone par des bruits de casseroles et vous avez la version moderne (et risible) du plus mythique des westerns. Le président de Nottingham Forest et celui de l’Olympique lyonnais s’adorent, puis se détestent, sont prêts à s’allier comme à se tirer dans les pattes, mais sont toujours au cœur de magouilles assez nauséabondes.
Son épaisse barbe poivre et sel ne peut dissimuler le sourire narquois qu’affiche constamment Evángelos Marinákis. Fils d’un célèbre armateur et politicien grec, il a récupéré l’entreprise et la fortune familiales pour s’offrir l’Olympiakos, Nottingham Forest, Rio Ave et lorgne maintenant sur Vasco da Gama en bon patron de multipropriété. Il boxe donc dans la même cour que John Textor, propriétaire de l’OL, Molenbeek et Botafogo, tout en ayant 43% des parts de Crystal Palace.
Corruption, trafic de drogues et gueulante
Mais c’est au niveau extrasportif que l’excentrique patron grec surpasse largement son homologue américain. Au-delà des soupçons de corruption, matchs truqués et malversations qui l’entourent depuis plusieurs années, il est surtout accusé d’avoir organisé plusieurs actes de violence de supporters de l’Olympiakos dans le but de pénaliser les clubs adverses, et est également poursuivi par la justice grecque pour appartenance à « une organisation criminelle » ainsi que pour « détention et trafic de drogue ». « Evángelos peut faire peur au premier abord, à cause de ses coups de sang : après une défaite, il peut entrer dans un vestiaire et défoncer tout le monde. Mais il sait fédérer, parce qu’il est passionné et qu’il investit beaucoup dans ses clubs, qu’il considère comme ses bébés », expliquait à L’Équipe Mathieu Valbuena, qui l’a connu au Pirée.
Marinakis on the pitch isn’t a good look. #NFFC https://t.co/F127496onZ pic.twitter.com/VLPE7CDYLF
— Ste (@McLarenSte) May 11, 2025
En face, le chapeau de cow-boy et les fines lunettes de John Textor font plus penser à une mauvaise soirée déguisée dans une boîte de comptables. Si le président de l’OL pensait avoir l’image de l’année avec cet accoutrement face au PSG de son meilleur ennemi Nasser al-Khelaïfi, c’était compter sans l’inénarrable Evángelos Marinákis qui, après un nul concédé en fin de match contre Leicester, est descendu sur le terrain pour exprimer son mécontentement envers l’entraîneur de Forest, Nuno Espírito Santo, qui n’avait pas remplacé Taiwo Awoniyi, commotionné. Une gueulante sous l’œil de toute l’Angleterre que le Portugais a dû minimiser en évoquant l’« émotion » du président et en soulignant que le club « doit beaucoup à la famille Marinákis ». Inutile de préciser que Gary Neville a vu son accréditation être refusée au City Ground après avoir critiqué cet accès de colère et comparé Nottingham à une « mafia ». Plus tôt dans la saison, le Grec avait été suspendu cinq matchs pour avoir craché au passage d’un arbitre et malgré une défense en béton : sa consommation de deux à trois cigares par jour l’oblige à cracher régulièrement et il n’avait pas de mouchoir en papier à ce moment-là. Voilà Johnny, c’est ça, une vraie attitude de cow-boy.
Liens troubles
Les deux multipropriétaires s’entendent en tout cas plutôt bien sur le marché des transferts. Avec les arrivées d’Orel Mangala et de Moussa Niakhaté, l’OL a gentiment laissé plus de 65 millions à Nottingham en échange d’un « coup de pouce » du Grec auprès de la DNCG, d’après L’Équipe. Facilités par l’agent Giuliano Bertolucci, ces liens pourraient prochainement aboutir aux transferts d’Igor Jesus et Jair Cunha, de Botafogo à Forest, et à ceux de Danilo et Matt Turner, de Forest à l’OL. Aux dernières nouvelles, le club anglais ambitionne même d’acheter Malick Fofana, pourtant pisté par Liverpool et Chelsea. C’est à n’y rien comprendre quand on sait que les dirigeants lyonnais sont attendus devant le gendarme financier le 24 juin et qu’ils étaient déjà coutumiers de ces coups de billard à trois bandes avec Molenbeek et Botafogo, clubs du groupe Eagle Football.
Mais la relation entre John Textor et Evángelos Marinákis est si toxique que chaque occasion est prétexte à la scène de ménage. Crystal Palace s’est ramené dans l’embrouille et pourrait en faire les frais, puisque sa place en Ligue Europa, obtenue après une victoire historique en FA Cup, est menacée par sa place dans le consortium aux côtés de l’Olympique lyonnais. Septième de Premier League la saison dernière, Nottingham Forest a profité de l’imbroglio pour écrire à l’UEFA en contestant la présence des deux clubs de l’Américain dans la même compétition et en indiquant être évidemment candidat à la succession des Eagles. Un coup de poignard dans le dos qui pousse Textor à vendre ses parts dans le club londonien. Woody Johnson, propriétaire de la franchise de NFL des New York Jets, et Jimmy Butler, joueur des Golden State Warriors en NBA, seraient intéressés. Ils ne savent pas encore dans quoi ils s‘embarquent.
Nottingham Forest dénonce à l’UEFA les pratiques du groupe EaglePar Enzo Leanni