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Michele Kang : elle, multi-présidente
Après l’ère Textor, un nouveau chapitre s’est ouvert à Lyon avec l’arrivée de Michele Kang comme présidente de l’entité fin juin. Six mois après sa prise de poste, à l’orée des débuts des Gones en Ligue Europa face à Utrecht et dans un contexte particulièrement vindicatif à l’encontre de la multipropriété, notamment à Strasbourg, quid des Lyonnais ? Tour d’horizon.

Lorsque sa nomination comme présidente de l’Olympique lyonnais est tombée le 29 juin dernier (au même moment que la tête de son ami John Textor), son nom n’était pas étranger aux supporters lyonnais et aux suiveurs du football féminin. Michele Kang, c’est avant tout la première femme d’affaires à posséder plusieurs clubs féminins à travers le monde, trois pour être précis : Washington Spirit aux États-Unis, l’OL Lyonnes depuis 2023 et le dernier de la liste London City Lionesses depuis décembre 2023. Devenue officiellement la présidente de l’OL masculin et PDG d’Eagle Football Group, elle a permis aux côtés de Michael Gerlinger, devenu directeur général de l’entité lyonnaise, le maintien du club en Ligue 1. Alors en quoi ce fonctionnement est-il différent de ce qui se passe à Strasbourg version BlueCo, par exemple ?
Un modèle de multipropriété différent
Dans le monde du football, Michele Kang est un ovni. Devenue fin juin la première femme à prendre le contrôle d’une entité masculine en Ligue 1, c’est bien le football féminin qui a sa préférence. Un mode de vie comme elle l’expliquait à L’Équipe : « On pourrait dire que ce que j’accomplis dans le football féminin est un acte de rébellion, car je défie les idées reçues. Aujourd’hui, moi, l’immigrée coréenne en Amérique, je me bats pour que des jeunes femmes soient traitées à la hauteur de leur talent et de leur mérite. J’y vois une certaine ironie. » Le credo pour la femme d’affaires est simple : les trois équipes en sa possession doivent être les meilleures dans leur championnat, voire à l’échelle continentale pour la formation lyonnaise, et pour cela, pas question de faire sans moyens, comme elle l’a expliqué au micro de France Inter en juin 2023 : « Je pense que le football féminin va devenir aussi important que le football masculin, et pour y parvenir, nous devons investir dans le football féminin : dans l’environnement des entraînements, du jeu, dans la santé et la sécurité des joueuses. » Des paroles et des actes, à l’instar du dévoilement du prochain centre d’entraînement de Lyon dédié aux femmes qui ouvrira ses portes à Meyzieu à l’horizon de la saison 2027-2028.
Le futur centre d’entraînement d’OL Lyonnes à Meyzieu, dans le lieu actuel du centre de formation de l’OL, qui va déménager à Decines pic.twitter.com/iOQC1w8nLq
— Max (@MaxOL69) May 19, 2025
Un chamboulement qui s’est traduit aussi lors du mercato estival. Avec pas moins de sept arrivées du côté du Rhône, dont les anciennes Parisiennes Marie-Antoinette Katoto et Korbin Shrader ou encore Jule Brand, qui a brillé durant l’Euro 2025 avec l’Allemagne. À l’instar des autres systèmes de multipropriété, les clubs se nourrissent les uns et les autres, à l’image de Jonatan Giráldez qui était sur le banc de Washington Spirit la saison dernière, devenu entraîneur des Fenottes après le départ de Joe Montemurro, ou les prêts des jeunes pousses lyonnaises comme Wassa Sangaré, prêtée cette saison au club londonien, ou Kysha Sylla du côté de Washington. Mutualiser plutôt qu’appauvrir en résumé, comme elle l’a assuré à ESPN au mois de mai : « Je ne vais pas voler les meilleures joueuses d’une équipe pour les donner à une autre équipe. » Une dynamique pour l’instant saine, avec la promotion en WSL de London City Lionesses accompagnée d’un recrutement XXL, notamment celui de Grace Geyoro en fin de mercato, même si sportivement, les Anglaises ont concédé deux lourdes défaites lors des trois premiers matchs de championnat face à Arsenal (4-1) et Manchester United (1-5), l’OL Lyonnes s’est affranchi de la section masculine, et Washington Spirit a terminé deuxième de NWSL la saison dernière.
L’OL enfin débarrassé du spectre Eagle ?
La scène prêtait aux sourires lorsque Michele Kang a fait son apparition dans les vestiaires lyonnais quelques minutes seulement après leur victoire lors de l’Olympico (1-0). Alors que les Gones avaient été relégués en Ligue 2 lors de leur premier passage devant la DNCG, la victoire au Groupama Stadium face à l’Olympique de Marseille pour engranger un troisième succès en autant de rencontres en Ligue 1 représentait un bol d’air frais pour tous. Devenue présidente de la section masculine, un peu par obligation pour sauver le club d’une rétrogradation administrative, les critiques qui fusaient à l’encontre de John Textor et du modèle d’Eagle semblent s’être estompées. Invité sur RMC mardi, Jean-Michel Aulas n’a pas hésité à chanter les louanges de cette nouvelle présidente et de sa gestion : « Avant, c’était pour moi une propriétaire de club féminin avec tout le côté féministe américain qui veut démontrer un certain nombre de choses quand on a de l’argent. Et là, elle s’est révélée être une cheffe d’entreprise. »
▶️ Après avoir obtenu le feu vert de la DNCG, Michele Kang et Michael Gerlinger reviennent sur les coulisses de ce sauvetage de l’Olympique Lyonnais Version complète sur @OLPLAY_Officiel et sur YouTube 🔴🔵 pic.twitter.com/EjHGsuFYv1
— Olympique Lyonnais (@OL) July 10, 2025
Devenue en même temps présidente d’un club de football et directrice générale d’Eagle Football Group, Michele Kang n’a pas vocation à s’occuper du sportif. Son rôle au sein de l’OL consiste à gérer les orientations stratégiques et financières du club et l’ensemble des décisions institutionnelles. Mais comme elle l’expliquait sur les réseaux sociaux du club après le sauvetage de l’OL en Ligue 1 le 10 juillet dernier, les déboires financiers ne sont plus au programme. « Il y a deux priorités. La première, c’est de rétablir une discipline financière stricte. C’était une des causes majeures de nos difficultés. Nous devons mettre en place les bons systèmes, les bonnes procédures, et veiller à ce que tout le monde respecte le budget, a martelé la femme d’affaires américaine. La réussite d’un club de foot commence sur le terrain. Les victoires rendent les supporters fiers, attirent les partenaires, renforcent la crédibilité du club. Michael et moi allons nous partager ces missions. L’objectif est clair : restaurer la confiance, aussi bien dans l’équipe que dans la direction. » Le groupe Eagle reste donc aux manettes du club, mais avec une gestion plus équilibrée qu’auparavant du côté des masculins et moins de micmacs avec les autres clubs du groupe ? Les interrogations restent permises. Les ambitions sportives lyonnaises seront, elles, déjà challengées ce jeudi à 21 heures au Stadion Galgenwaard d’Utrecht.
À l’OL, où vont les femmes ?Par Léna Bernard