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Ligue 1+ et le foot français : la fête est finie
La plateforme Ligue 1+ a réussi son lancement dès le mois d'août avec un démarrage record et la barre des millions d'abonnés rapidement franchie. Deux mois plus tard, les tensions se multiplient et confirment que le football français est loin d'être sorti de l'ornière.

Dans son titre Puisque tu pars, Jean-Jacques Goldman rappelle qu’octobre est loin d’avril, Nicolas de Tavernost ne pourra qu’acquiescer ou même remixer les paroles pour prendre comme point de départ le mois d’août. Après la sortie de route de DAZN en fin de saison dernière, Ligue 1+ a réussi son lancement, avec 1,026 million d’abonnés au 14 septembre. Un traitement médiatique plébiscité par les fans et l’espoir que la crise des droits TV s’estompent définitivement. Deux mois plus tard, les bonnes intentions de la rentrée des classes et l’illusion d’un football français motivé par l’intérêt général ont laissé place aux conflits, aux doutes et à cette sensation que le grand bazar est toujours d’actualité.
Un conseil d’administration houleux
Le conseil d’administration de ce mercredi 15 octobre en a été le théâtre. Ce n’est pas un nouveau 14 juillet, mais les tensions se sont ravivées entre Nicolas de Tavernost, directeur général de LFP Médias, et les présidents du collège de Ligue 1, selon les informations de L’Equipe. Un échange particulièrement vif entre l’ancien patron M6 et Olivier Létang, président du collège nouvellement élu, a eu lieu, notamment au sujet du budget de fonctionnement de Ligue 1+ qui s’élève à 36,5 millions d’euros, dont 14 millions rien que pour le marketing. Des critiques pas du tout appréciées par celui qui a également été vice-président de la branche médias de CMA-CGM, qui n’a pas hésité à menacer de prendre « ses responsabilités ».
La période d’accalmie entre la Ligue et les clubs français semble donc déjà être une histoire ancienne, malgré la légère augmentation des revenus liés aux droits TV que toucheront les écuries hexagonales cette saison (de 15,66 millions d’euros de plus pour le club le mieux classé à 2,28 millions supplémentaires pour le dernier). Une bonne entente initiale, de façade seulement puisque selon quelques indiscrétions, dès le lancement de la plateforme, les personnes impliquées faisaient savoir qu’il y avait « beaucoup d’ennemis ».
Autre point de crispation : les relations avec Bein Sports qui ne tendent pas à l’amélioration. En effet, aucun accord n’a encore été trouvé entre la LFP et la chaîne franco-qatarie à date. Le diffuseur du neuvième match de Ligue 1 chaque semaine continue de contester les conditions de diffusion, ainsi que l’impossibilité de diffuser plus de huit fois la même équipe dans la saison, ou de programmer deux fois de suite le même club. BeIN continue ainsi de ne pas payer l’intégralité des sommes qu’il doit verser à la Ligue. Présent à l’évènement Demain le sport, Nicolas de Tavernost n’a pas caché l’espoir de pouvoir récupérer ce 9e match dès la saison prochaine, avec pour conséquence une logique hausse du prix de l’abonnement.
Ligue 1+ face à Zack Nani pour les Espoirs
Ce sont finalement les mêmes murs auquel se heurte la Ligue. Ne proposant pour l’instant « que » huit affiches sur neuf du championnat français, Ligue 1+ cherche à enrichir son offre afin de respecter sa promesse initiale : réunir le football français. Un premier coup d’arrêt à cette envie a été porté par la FFF, qui a préféré laisser le droit des matchs de l’équipe de France Espoirs pour les deux prochaines saisons au créateur de contenus Zack Nani plutôt qu’à Ligue 1+. Une décision qui a provoqué l’ire de de Tavernost, interpellant Philippe Diallo à ce sujet lors du conseil d’administration de la Ligue mercredi.
Ligue 1+ aurait en effet souhaité diffuser ces rencontres et réclame donc une co-diffusion à la 3F. Ce à quoi le président de la FFF aurait répliqué que le contrat avec Zack Nani n’était pas encore signé. La situation financière de la Ligue reste toutefois critique. Toujours lors de l’évènement Demain le Sport, de Tavernost a dressé les attentes concernant Ligue 1+ : « La chaîne prévoyait de faire à peu près 170 millions d’euros de chiffres d’affaires cette saison », tout en ajoutant que les deux premiers exercices de Ligue 1+ seraient difficiles en revenus audiovisuels reversés aux clubs de l’élite. « Il sera très inférieur à ce qu’il y avait précédemment, a prévenu l’ancien patron du groupe M6. Il y aura une montée en puissance progressive.»
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— Zack (@Zack_Nani) October 12, 2025
Véritable intention ou volonté opportuniste ? La question mérite d’être posée. Nicolas de Tavernost a ainsi annoncé lors de ce même évènement vouloir abriter sur Ligue 1+ d’autres compétitions que la L1, et notamment les matchs des Espoirs, sans toutefois promettre un montant pour les acquérir, la Ligue étant engluée dans une crise financière majeure. Un vœu pieux mais qui aurait pu déjà se réaliser avec d’autres compétitions. Si les droits de l’Arkema Première Ligue sont détenus par le groupe Canal+ jusqu’à la saison 2028-2029, la chaîne cryptée ne propose que deux matchs par semaine sur ses antennes, tandis que le reste des rencontres sont retransmises sur la chaîne Youtube de l’APL. De quoi donner un début de piste de réflexion à la plateforme pour enrichir son offre, à condition bien sûr de se réconcilier avec Canal.
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