- Bundesliga
- J7
- Bayern-Dortmund (2-1)
Harry Kane, l’attaquant devenu chef d’orchestre
Harry Kane aime marquer, mais il est tellement plus qu'un finisseur. Le serial buteur, le neuf, celui qu’on imagine parfois cloué entre les deux centraux adverses, est descendu d'un étage. Ce samedi, dans le Klassiker face à Dortmund (2-1), l’Anglais s’est transformé en meneur, en architecte. Un véritable chef d'orchestre.

Dès la 10e minute, on a senti le ton : deux transversales millimétrées depuis sa moitié de terrain pour lancer Michael Olise, une conduite de balle façon milieu de la Masia pour casser le pressing de Serhou Guirassy et Pascal Groß. Harry Kane, d’habitude dans la surface, s’est mis à exister entre les lignes, orientant le jeu, levant la tête, scrutant le positionnement de ses ailiers comme un vieux briscard du milieu. C’est justement de là qu’est né le deuxième but du Bayern : une diagonale de quarante mètres vers Luis Díaz, un centre tendu à ras de terre, Jobe Bellingham qui gèle sur sa ligne, Olise qui surgit et conclut en glissade, scellant, malgré la réduction du score de Julian Brandt, la victoire du Bayern dans le Klassiker (2-1). Cela ne sort pas de nulle part : Kane n’est pas seulement un renard, un buteur hors pair, il était déjà bien plus que cela à Tottenham. Ce match, pourtant, s’est peut-être imposé comme la meilleure illustration possible de ce qu’il est et de ce qu’il peut encore devenir, à 32 ans.
Les déguisements de Kane
« Aujourd’hui, j’ai plus été un milieu, confirmait l’Anglais au micro d’ESPN. Probablement 6, 8 et numéro 10. J’ai apprécié ce rôle, j’ai pu montrer d’autres aspects de mon jeu. Je pense que je peux contribuer bien plus au jeu de l’équipe et aujourd’hui en a été le parfait exemple. Il s’agissait davantage de tacler, de défendre, de récupérer les seconds ballons. » Oui, oui : défendre. Dangereusement, certes, mais défendre quand même. À la 89e minute, l’Anglais se jette dans un tacle glissé aux abords de sa propre surface, sauvant un ballon brûlant. Pas très académique, mais terriblement efficace et totalement dans son rôle hybride.
Une pluralité offensive que son coach Vincent Kompany, architecte de ce repositionnement, apprécie : « Nous aimons que tous les experts se demandent qui était notre attaquant ce soir. Qui était le milieu offensif ? Qui était le meneur de jeu ? Cela montre que nous avons une attaque fluide et que nous le faisons bien », se réjouissait-il en conférence de presse.
Le faux 4-2-4 de Kompany
Sur le papier, le Bayern de Kompany évoluait en 4-2-4. Dans les faits, c’était une symphonie à géométrie variable : Joshua Kimmich redescendait pour former une ligne défensive à trois, Aleksandar Pavlović se retrouvait seul dans l’axe, et Kane, lui, venait jouer les seconds couteaux pour créer une supériorité numérique au milieu. Résultat : Dortmund ne savait plus s’il fallait suivre Kane ou le laisser libre. Dans les deux cas, c’était perdu d’avance. C’est la troisième fois que Kane évolue en tant que numéro 10, ou milieu, derrière Nicolas Jackson. Mais alors, est-ce une tactique durable ou un simple coup d’un soir face au BvB ? Ce genre de schéma lui laisse beaucoup moins l’opportunité d’être le finisseur de l’équipe, même s’il a su marquer une fois de plus, sur corner cette fois-ci, pour le neuvième match consécutif. Sa 19e réalisation de la saison, en seulement 11 matchs (oui, vous avez bien lu).
Le Bayern a besoin de lui dans le jeu comme devant le but, Jackson n’étant pas encore au niveau dans ce domaine (1 but en 7 apparitions, contre Pafos). Ce système est-il fait pour durer cette saison au Bayern ? Kompany devrait sans doute l’abandonner face à Bruges mercredi ou contre Gladbach le week-end prochain, mais également le remettre à l’occasion des grandes affiches, comme lors de la réception du PSG le 4 novembre, dans deux semaines. Un test pour les Bavarois comme pour Kane, qui a signé le 400e pion de sa carrière contre Dortmund, sans trop s’en émouvoir. Comme s’il savait que ce qui comptait, ce n’était pas tant le chiffre que la manière.
Le Bayern poursuit son chemin contre Dortmund avec Olise buteurPar Sacha François