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Ligue 1 : une orgie sinon rien ?
La journée de Ligue 1 s’est terminée avec un record (égalé) de 40 buts inscrits, et un festival de matchs spectaculaires sur le plan offensif. Mais nous sommes en France, donc nous allons un peu râler…

Un si beau week-end. Marseille qui en colle six à des Havrais qui avaient pourtant mené au départ. Strasbourg qui force le PSG à se rappeler qu’il faut désormais un peu se réinvestir en Ligue 1, pour arracher à la fin un nul intense (3-3). Sans oublier le Toulouse-Metz (4-0, 4 buts), ou encore Lorient-Brest (3-3, 6 buts). Nous sommes sortis ravis, certains béats, de ces trois jours, couronnés par l’ apothéose euphorique d’un record de quarante pions (certes déjà atteints la saison dernière, mais lors de la 3ᵉ journée). Bref, un parfait contre-poison à la déprime d’une Ligue 1 qui n’a plus beaucoup d’argent (enfin sauf pour certains qui trustent la tête et les victoires) et, qui plus est, continue de proposer, par le génie créatif de ses présidents, le scénario du pire en termes de gouvernance (cf. les manœuvres autour de la chaîne L1+).
De fait, on ne devrait que se réjouir. Se réjouir pour les personnes qui se rendent au stade et qui, pour le coup, en ont pour leur argent. Se réjouir pour ceux et celles qui ont souscrit leur abonnement télé afin de mater un Lens-PFC et qui font – cette fois – plutôt une bonne affaire (plus besoin de débourser une fortune pour la Premier League ou la Bundesliga). Se réjouir aussi pour les entraîneurs et autres formateurs qui peuvent clairement chanter auprès de leurs ouailles les louanges de l’attaque à tout prix, puisque même les petites équipes telle que Brest n’y renoncent pas, quitte à perdre des points. Se réjouir pour nos confrères et consœurs sur les plateaux télés qui auront cette belle moisson à commenter.
Pour l’amour des défenses solides
Le tableau semble idyllique. Il suffit de confirmer sur le terrain européen, et le bonheur sera dans le pré-carré tricolore. Mais justement, puisque nous sommes en France, il sera difficile de se renier. Nous serons toujours un peu râleurs ou pisse-froids, forever gaulois réfractaires. Car il existe une autre manière de regarder cette situation, un point de vue sûrement minoritaire ou passéiste. Évidemment, les erreurs de placement participent du jeu, comme les difficultés de Lucas Chevalier en ce moment font partie du « show ». Néanmoins, aimer le foot, c’est également aimer la culture défensive et sa qualité.
40 - Nombre de buts lors d'une journée de Ligue 1 au 21e siècle : 🥇 43 - 38e journée 2007/08 🥈 40 - 8e journée 2025/26 🆕 🥈 40 - 31e journée 2023/24 Millésime. pic.twitter.com/wGiC4gBuIN
— OptaJean (@OptaJean) October 19, 2025
Une telle disposition d’esprit se révèle forcément moins jouissive qu’un orgasme ce samedi soir au Vélodrome. Défendre un résultat se révèle parfois aussi passionnant à regarder, y compris au niveau émotionnel. L’erreur d’arbitrage contre Le Havre a ouvert les portes au quadruplé de Greenwood, mais nous a privés du suspense de savoir si les Havrais allaient conserver leur exploit. Et par exemple, jamais le Racing n’aurait dû lâcher deux points au Parc (et encore moins contre Monaco ou l’OM). Au-delà de la beauté du spectacle, il va bien falloir se demander comment vont vivre la suite les supporters d’Angers, Auxerre ou Nantes, si les scores fleuves les condamnent à la rétrogradation.
En élargissant l’horizon, les buts sont-ils le fruit de la folie offensive de jeunes talents le regard tourné vers les cages adverses, ou d’un terrible affaiblissement du secteur défensif dans les onzes types de notre championnat domestique ? Roberto De Zerbi a-t-il raison de se réjouir des progrès face au bloc bas ou basiquement plus personne ne sait les mettre en place convenablement ? Probablement, voire sûrement, les deux. La question se pose donc jusqu’à la trêve : les belles résolutions vont-elles tenir, surtout chez les équipes qui vont devoir assurer le maintien (le FC Metz plonge déjà à -15 en goal-average) et également chez les coachs en sursis, obsédés par les coupes européennes (une pensée pour Habib Beye à Rennes). Promis, nous serons tout autant mécontents si la prochaine journée aligne cinq pitoyables 0-0.
Découvrez les affiches de la première journée de Ligue 1Par Nicolas Kssis-Martov