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Au Maroc, une jeunesse rugissante

Par Enzo Leanni
4 minutes

D’un côté, les jeunes Marocains manifestent, de l’autre, ils remportent la Coupe du monde U20. Les situations sont plus liées que jamais dans un pays qui privilégie l’impact politique international du football aux conditions de vie de sa population.

Au Maroc, une jeunesse rugissante

Il ne s’est pas déplacé jusqu’au Chili, mais le roi Mohammed VI a tenu à adresser ses félicitations à la sélection U20 du Maroc, victorieuse du Mondial de la catégorie, dans la nuit de dimanche à lundi, en disposant de l’Argentine. Celui qui cristallise les tensions dans un pays, récemment marqué par d’importantes manifestations, a savouré l’engouement populaire et a souligné « une immense joie et une profonde fierté » procurées par les Lionceaux de l’Atlas.

Un soft power réussi

Après plus d’une semaine de calme, le mouvement GenZ 212 a repris la direction de la rue ce week-end pour protester contre l’emprisonnement de 600 sympathisants interpellés lors des premières mobilisations. Celles-ci visaient à alerter sur les conditions de vie de la jeunesse marocaine et de l’état critique des services publics locaux, jugeant que le football était devenu la priorité du Royaume. L’amertume n’a pas empêché plusieurs milliers de personnes de célébrer le titre à coups de klaxons et de feux d’artifices.

Depuis 2009, aucune sélection africaine n’avait remporté la Coupe du monde U20, et il fallait évidemment que ça soit le Maroc. Ces dernières années, le ballon rond à un impact diplomatique pour les dirigeants. Dans la lignée d’une politique étrangère particulièrement active, le pays a réintégré, en 2017, le comité exécutif de la Confédération africaine de football après quinze ans d’absence. Un soft power allant jusqu’à l’attribution de la CAN 2025, disputée à cheval entre décembre et janvier prochains, et du Mondial 2030, aux côtés de l’Espagne et du Portugal. Les 900 millions d’euros dépensés pour la rénovation ou la construction des stades, dont la nouveau enceinte Moulay-Abdellah de Rabat, et la mise à disposition de camps de base dans 24 hôtels luxueux pour les équipes accueillies, sont le symbole de l’ambition sans limite pour régner sur le continent africain. Et plus si affinités ?

La nouvelle place forte

Depuis l’hiver 2022, marqué par la demi-finale mondiale époustouflante de la bande à Walid Regragui au Qatar, l’appétit s’est ouvert au niveau sportif. Cette année, chez eux et menés par Achraf Hakimi, les Lions de l’Atlas auront sans doute à cœur de réparer l’anomalie historique et de remporter la deuxième Coupe d’Afrique des nations de leur histoire, cinquante ans après leur unique titre majeur. La politique menée par les dirigeants marocains – Fouzi Lekjaa en tête, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et ministre du budget – porte ses fruits : dernier carré de Coupe du monde, record de victoires consécutives, trois CHAN remportées entre 2018 et 2024, médaille de bronze aux JO de Paris 2024, CAN U23 en 2023, Mondial U20, Can U17 ou encore finale de la CAN féminine organisée sur son sol cette année. Si vous ajoutez à cela les trois titres consécutifs à la CAN de futsal chez les hommes ainsi que le sacre des femmes pour la première édition en avril dernier et vous avez la recette d’une nation (sportive) qui va bien.

Gianni Infantino, supporter de longue date du Maroc.
Gianni Infantino, supporter de longue date du Maroc.

La GenZ 212 ​​(nom donné à la génération née entre la fin des années 90 et début des années 2010 et à l’indicatif téléphonique du Maroc) brille sur les terrains. Longtemps issus des centres de formation européens, entre la France et les Pays-Bas, les cracks sortent désormais aussi des académies locales. L’équipe sacrée au Mondial U20 compte ainsi dans ses rangs des joyaux du crus (Yassir Zabiri, Fouad Zahouani, formés à l’Académie Mohamed VI) comme des binationaux ayant, pour le moment, opté pour Maroc (Gessime Yassine, Othmane Maamma, nés en France, ou Ismaël Baouf venu tout droit de Belgique), à l’image de la sélection A où se croisent Nayef Aguerd et Eliesse Ben Seghir. Avec la CAN féminine U17, qui se dispute actuellement au Maroc, et la Coupe du monde de la même catégorie, chez les garçons, en novembre, les jeunes peuvent continuer de toquer à la porte. Dans la rue, ils vont tenter de se faire entendre, car le pain et les jeux ne suffiront pas toujours.

Le Maroc U20 sur le toit du monde

Par Enzo Leanni

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