S’abonner au mag
  • Mondial 2022
  • Petite finale
  • Croatie-Maroc (2-1)

Merci Maroc

Par Mathieu Rollinger, au Khalifa International Stadium
4 minutes
Merci Maroc

Le Maroc termine cette Coupe du monde 2022 au pied du podium et avec un goût de frustration dans le fond la bouche. Il ne doit toutefois pas oublier tout ce qu'il laisse derrière son passage dans cette Coupe du monde : une immense sensation qui pourra faire bouger quelques lignes.

Jusqu’au coup de sifflets finaux de ses supporters. Jusqu’au bout d’un septième match plein de tension malgré l’enjeu moindre. Jusqu’au bout de leurs forces, mais surtout de leur rêve. Le Maroc a bouclé sa Coupe du monde avec une défaite face à la Croatie, sélection contre laquelle il avait entamé sa marche glorieuse le 23 novembre dernier avec un nul déjà significatif. L’idée était alors, plutôt que de ruminer l’élimination de mercredi, de savourer. Peu importe si ce samedi, Sofyan Amrabat a manqué quelques passes, si Bono a failli marquer le but casquette du tournoi ou si les esprits étaient à vif : le Maroc est la première nation africaine à s’être hissée à de telles altitudes et restera un exemple à suivre pour les prochaines. Walid Regragui ne disait pas autre chose : « Nous aurions préféré disputer une finale dimanche plutôt que samedi, mais j’ai dit à mes joueurs que c’est notre septième match dans cette Coupe du monde. Si nous avions dit à n’importe quel supporter du Maroc que nous jouerions notre septième match le 17 décembre, il aurait été fier. » De la fierté, et malgré cette quatrième place finale, il n’en a pas manqué cette fin d’automne. Les peaux ont frémis au son de l’An-našid Al-waṭani ou des Dima Maghrib, les rues et les sommets des gratte-ciel se sont parés du drapeau rouge au pentagramme vert, et tout le peuple arabe a fini par se ranger derrière son meilleur représentant. Difficile de faire autrement que de se laisser emporter par cette vague qui a retourné chaque soir le Souq Waqif, poussé certains à se chercher des ascendants du côté de Casablanca et tordu le coup à beaucoup de pronostiqueurs frileux.

Un pays comme le Maroc ne doit plus attendre vingt ans avant de rejoindre à nouveau le Mondial. J’espère que notre parcours va libérer beaucoup de jeunes Africains.

Walid par la street

Ces Lions de l’Atlas, propulsés au Qatar par Vahid Halilhodžić, ont trouvé tous les ingrédients pour se défaire de l’étiquette de « sensation du début de Mondial » pour qu’on lui colle celle plus méritée d’ « outsider à ne surtout pas prendre à la légère » . Dans cette constellation de profils, on pouvait être né en Belgique, au Canada ou en Italie, parler néerlandais, français ou espagnol, jouer en Premier League en D1 marocaine ou en Arabie saoudite, plus rien d’autre ne comptait que ce maillot rouge à la bande verte. C’est ce projet commun qui a permis de galvaniser les talents purs que sont Hakim Ziyech et Sofiane Boufal, faire tourner des compilations des meilleurs tacles de Sofyan Amrabat dans toutes les chichas du pays, éclater à la face du monde son joyau Azzedine Ounahi, décoller Youssef En-Nesyri ou encore dévoiler le plus beau sourire de son gardien Yassine Bounou. La Belgique, le Canada, l’Espagne et le Portugal n’y ont pas résisté. Il faudra aussi se souvenir qu’avant les blessures du capitaine Romain Saïss, traversant trois matchs sur une jambe, et Nayef Aguerd, le Royaume avait des allures de forteresse et c’est ce qui l’a peut-être empêché de voir plus grand.

Ce parcours, c’est aussi celui d’un type sorti de Corbeil-Essonnes, qui s’est donné corps et âme à une sélection dont il a hérité moins de trois mois avant le Mondial et qui n’avait que le mot « compétence » à la bouche. Celle que Walid Regragui a mis au service de son pays et de son continent. « Si tu es arabe, blanc, de couleur, musulman ou chrétien, c’est la compétence qui fait la différence », affirmait-il. Ce bonhomme plein de charisme, capable d’expliquer qu’il faut savoir se détacher des statistiques ou de l’ultrapossession, a su proposer un football plein de tripes, d’engagement, de jeu. De vie, en somme. S’il repart du Qatar « sans regret », il sait en tout cas qu’il y a encore beaucoup d’effort pour que cette performance serve de déclic et que le Maroc – sélection pas réputée pour sa stabilité – s’impose comme une puissante locomotive d’Afrique. « Passer le premier tour de la Coupe du monde doit être normal pour nous, résuma l’éphémère coéquipier d’Olivier Giroud. Un pays comme le Maroc ne doit plus attendre vingt ans avant de rejoindre à nouveau le Mondial. J’espère que notre parcours va libérer beaucoup de jeunes Africains. On a joué en représentant le continent. Nous pouvons atteindre le niveau des top nations comme le Brésil, la France ou le Portugal. Désormais, je veux atteindre les demi-finales de la CAN dans un an. L’objectif, c’est la demi-finale minimum. Si je ne l’obtiens pas, je partirai. C’est comme ça que ça doit marcher. » À la compétence, rien d’autre.

Le Danemark, les Pays-Bas et l’Autriche assurent, la Croatie piétine

Par Mathieu Rollinger, au Khalifa International Stadium

À lire aussi
Les grands récits de Society: Sur les traces du trésor perdu de Daech
  • Reportage
Les grands récits de Society: Sur les traces du trésor perdu de Daech

Les grands récits de Society: Sur les traces du trésor perdu de Daech

Jusqu’à la fin de son califat, l’État islamique était l’organisation terroriste la plus riche du monde. Depuis qu’il a été chassé, on se bouscule pour retrouver le supposé trésor qu’il aurait dissimulé quelque part en Syrie ou en Irak. Suivez-nous à sa recherche.

Les grands récits de Society: Sur les traces du trésor perdu de Daech
Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

L'OM peut-il gagner un trophée d'ici 1000 ans ?

Oui
Non
Fin Dans 3j
98
44
30
Revivez France - Azerbaïdjan  (3-0)
Revivez France - Azerbaïdjan (3-0)

Revivez France - Azerbaïdjan (3-0)

Revivez France - Azerbaïdjan (3-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!