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Et à la fin, c'est le Barça féminin qui trinque
L'inquiétude grandit de l'autre côté des Pyrénées et dans la sphère du football féminin. En cause : le Barça féminin, mastodonte européen, est la victime collatérale des problèmes économiques du FC Barcelone. Avec 17 joueuses sous contrat à l'orée de la nouvelle saison, la gestion du club blaugrana interroge. Tour d'horizon.

Près de trois mois se sont écoulés depuis la défaite du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions féminine face à Arsenal (1-0), une défaite amère pour une équipe promise à régner sans partage sur l’Europe ces prochaines saisons. Un premier rouage brisé dans l’évolution exponentielle du club depuis 2015. Mais à l’orée du retour des Blaugranas sur les terrains, c’est le volet économique et la gestion du club qui inquiètent le plus les supporters et les observateurs. Alors que le club catalan continue d’être aux abois financièrement, renouvelant lors de chaque période de mercato le cirque autour de l’inscription de ses nouvelles recrues, après les nombreuses « palancas » soulevées ces dernières années, c’est désormais au tour de la section féminine d’être l’une des variables d’ajustement du club.
Un monument en péril
La nouvelle est tombée comme un couperet pour les supporters du Barça : Jana Fernàndez, fer de lance de la nouvelle génération blaugrana formée à la Masia et internationale espagnole, s’est engagée ce vendredi avec London City Lionesses, l’équipe anglaise de la galaxie Kang. Un départ qui laisse donc le FC Barcelone avec 17 joueuses sous contrat à deux semaines du retour de la Liga F. Une gestion qui interroge puisque depuis janvier 2025, sept joueuses de l’équipe première ont été remerciées ou n’ont pas vu leur contrat être renouvelé, à l’instar d’Ingrid Engen partie à l’OL Lyonnes ou Fridolina Rolfö. Seule Keira Walsh a été transférée à Chelsea contre près de 500 000 euros, après que le club a refusé de la céder à Arsenal quelques mois plus tôt alors que les Gunners proposaient le double pour s’attacher les services de la championne d’Europe anglaise.
Côté arrivées, Laia Alexandri a signé son grand retour au Barça, huit ans après son départ du club, en arrivant libre en provenance de Manchester City et Lucia Corrales est revenue de son prêt au Séville FC. Pour subsister, le maître mot de Pere Romeu, son staff et ses joueuses sera la polyvalence afin de combler les postes où des joueuses manqueront. Du côté des équipes réserves, l’angoisse est également présente, le Barça B féminin comptant pour le moment moins de dix joueuses sous contrat et devant donc compter sur les joueuses évoluant à un échelon inférieur.
❗️Beyond the first team’s situation, there’s also growing concern for Barça B as young players move to leagues with better opportunities.
➡️ With fewer than ten players under contract, the reserve team will have to rely on talent from the lower-tier squads
— @LaiaBonals pic.twitter.com/BLJhuMHUcd
— Barça Femení (@BarcaFem) August 8, 2025
Face aux difficultés économiques de l’entité barcelonaise, l’objectif de la direction est simple : alléger la masse salariale, celle de la section féminine y compris. Selon les médias espagnols, celle-ci aurait besoin d’un million d’euros pour équilibrer ses comptes. Selon Sport, jusqu’à cet été, la section féminine était la seule du club à être autonome, avec un budget avoisinant les 15 millions d’euros. La véritable hérésie du fair-play financier imaginé par La Liga réside dans le fait que les comptes de la section féminine, ainsi que ceux des autres sections du club, soient pris en compte pour celui de l’équipe masculine, ce qui a rendu la situation plus critique. L’avenir s’est clairement assombri du côté de la Catalogne avec une situation de plus en plus exsangue : en effet, dès la fin de la saison prochaine, huit joueuses arriveront au terme de leur contrat, dont la plupart forment l’ossature de l’équipe (Cata Coll, Mapi León, Ona Batlle ou encore Caroline Graham Hansen).
What a difference a year can make… pic.twitter.com/wUadK1R3El
— Barça World (@BarcaWorldEn) August 12, 2025
L’instabilité du haut niveau dans le football féminin
À la seule exception de l’Olympique lyonnais, devenue OL Lyonnes depuis la scission entre la section féminine et le club lyonnais sous l’égide de Michele Kang, tous les clubs qui ont dominé la scène du football européen ont périclité. Par ailleurs, vu la situation financière délicate dans laquelle se trouvait Lyon sous John Textor, le destin lyonnais aurait pu ressembler comme deux gouttes d’eau à celui qui se profile pour le Barça. Wolfsburg, le Turbine Potsdam, l’Umeå IK… Tous les clubs qui donnaient au mitan des années 2000 des sueurs froides en Coupe d’Europe ont perdu de leur superbe ou naviguent dans les divisions inférieures. Le football féminin français ne fait pas exception. Laurent Nicollin, pourtant président de Montpellier, l’un des clubs pionniers du football féminin hexagonal, a annoncé début août vouloir vendre sa section féminine.
Une constante reste de mise : à chaque fois que les clubs masculins balbutient, ce sont toujours les sections féminines qui trinquent. En témoigne le président d’Orléans, qui souhaitait supprimer celle de l’USO pour faire remonter son équipe masculine en Ligue 2, un projet qui avait finalement été enterré grâce aux donations des collectivités territoriales pour sauver la section. De nombreux clubs français continuent de chercher des repreneurs pour leur section féminine, à l’instar du Havre ou de Dijon. À chacun ses causes : la crise des droits TV dans l’Hexagone, l’héritage des années Bartomeu au Barça, combiné au train de vie parfois excessif du club, au point de mettre ses finances en péril. Au grand dam du football féminin.
« Gagner des titres, c’est l’ADN du Barça », annonce Pere Romeu après la défaite face à ArsenalPar Léna Bernard