L’étrange histoire de Nicola Amoruso
Il avait déjà défendu les couleurs de dix équipes de Serie A et à chaque fois, il avait planté au moins un but. Depuis janvier 2009, Nicola Amoruso porte le maillot de Sienne. La onzième étape de son Giro perso'. Un record, évidemment. Portrait d'un attaquant italien à la carrière des plus curieuses.
Parce que le simple lieu de naissance influe parfois sur une vie entière, il peut être utile pour saisir la carrière de Nicola Amoruso de savoir que l’homme est né à Cerignola. Pour faire vite, une bourgade d’un peu moins de 60 000 habitants dans les Pouilles (le talon de la Botte), presque entièrement détruite lors d’un tremblement de terre en 1731 et dont la principale activité économique est la transformation des produits agricoles. De quoi donner des envies d’ailleurs.
Amoruso s’en est donc allé un beau matin pour apprendre le métier chez les jeunes de la Samp’. C’est d’ailleurs là qu’il débute sa carrière, en décembre 93 contre l’Inter. Il a alors 19 ans. Depuis, Nicola a exploré de fond en comble toute la Santiag’, sans jamais aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte. D’ailleurs, pourquoi quitter l’Italie quand, comme Nico, on l’aime d’amour ?
Dans l’ordre chronologique, voilà qui nous donne : Samp’, Fidelis Andria (un bled dans la province de Bari à l’époque en Serie B), le Padova, la Juve pour trois saisons, le Perugia, le Napoli, de nouveau la Juve, de nouveau le Perugia, Côme, le Modena, Messine, la Reggina pour trois saisons, le Torino et enfin, depuis janvier, Sienne. Ouf.
Juste la carrière d’un joueur un peu gauche, trimballé par un agent louche d’une società à une autre ? Pas seulement. Car à chaque étape, Amoruso y va au moins de son petit pion. Aujourd’hui, il en est à 107 buts pour presque 350 matchs de Serie A, ce qui n’est pas rien. Et comme Nicola n’en est pas à un record près, il est l’un des rares mecs à avoir dépassé la barre des cent buts en première div’ italienne et à n’avoir jamais été appelé en Nazionale. Un loser ? Il y a un peu de ça, c’est vrai.
Mais mine de rien, Amoruso a glané une Coupe d’Italie avec la Samp’, une Supercoupe d’Europe et trois Scudetti avec la Juve. Quand même. Et puis, Nico a toujours été plutôt accepté par ses supporters. Surtout à la Reggina, où il était une idole pour bon nombre de ragazzi.
Il faut dire que niveau com’, Amoruso sait y faire : en interview, notre homme a toujours su donner des réponses passe-partout. Du temps de la Reggina, à la question « Ta ville préférée ? » , Nico répond qu’il aime beaucoup celles où il y a la mer, que Gênes c’était bien, que Naples c’était chouette, mais que Reggio c’est sacrément mieux. Imparable.
Ajoutez à cela des passions de footeux ( « J’ai deux hobbies : lire ou regarder le tennis à la télé » ), une préférence affichée pour les brunes « avec un faible pour Monica Bellucci » , des déclarations de haute voltige comme seul un attaquant italien peut en faire ( « Je préfère faire l’amour que m’entraîner » ), vous obtiendrez un mec un peu penaud mais finalement à la cool.
Un type qui s’auto-définit comme « fier, altruiste et généreux » et qui depuis janvier dernier défend les couleurs de Sienne, sa onzième étape en Serie A. Probablement l’une des toutes dernières : Amoruso facture aujourd’hui les 34 printemps. Et en cinq matchs, il n’a toujours pas scoré.
Mais dimanche, son équipe se déplace chez le voisin détesté : la Fiorentina. Amoruso, qui devrait être titulaire, a déjà annoncé aux supporters avides de ce genre de déclarations qu’il allait tout faire pour leur offrir la victoire. Imparable, une fois encore.
L’occasion, surtout, d’améliorer son étrange record.
Lucas Duvernet-Coppola
Par