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Les leçons tactiques de PSG-Dortmund

Par Maxime Brigand
Les leçons tactiques de PSG-Dortmund

Battu à l'aller en Allemagne, le PSG s'est qualifié mercredi soir pour la première fois de son histoire en phase à élimination de la Ligue des champions après s'être incliné lors d'une première manche. Ainsi, les Parisiens verront les quarts de finale de la C1, et ce, au terme d'une rencontre pas toujours maîtrisée, mais où Tuchel aura retrouvé l'essentiel : une unité collective.

On avait quitté Thomas Tuchel placide, coincé dans sa veste de survêtement, au fond d’une salle de presse, à Lyon. Là, au terme d’une demi-finale de Coupe de France étrange, mais finalement facilement remportée par le PSG, l’entraîneur allemand s’était envolé : « C’était un match difficile, de niveau Ligue des champions. J’ai eu l’impression que l’on jouait avec confiance, avec l’idée que l’on peut toujours décider du sort d’un match en quelques minutes, sur une action, avec Kylian, Ney, Pablo, Icardi, Cavani… Du coup, l’équipe ne perd ni la patience ni la confiance. » Mais quoi, alors ? Le PSG ne serait qu’une équipe de quelques bonhommes attendant patiemment que ses éléments offensifs la libèrent de n’importe quel scénario ? L’idée était là et c’est précisément en partie à cause de cette sensation que les Parisiens s’étaient inclinés à Dortmund à l’aller : pour ne pas avoir réussi à avancer en équipe, en ayant la conviction qu’ils s’en sortiraient par des exploits individualisés et non via une grande performance collective. Avant le retour, Thomas Tuchel connaissait alors très bien son job : entre les secousses inhérentes au PSG version QSI et derrière le fait de jouer dans un stade nu, l’Allemand devait faire renaître un bloc et faire signer à ses hommes un contrat social invisible, dont les termes étaient clairs : on vit ensemble, on meurt ensemble, on saigne ensemble.

Résultat, au bout d’une manche retour maîtrisée, où le PSG aura notamment balancé son unité sur la table en première période et où le Borussia Dortmund n’aura pas su profiter des espaces laissés en seconde, Tuchel a réussi sa mission. « Maintenant, il faut garder cette mentalité, ces valeurs, cette personnalité » , a soufflé Marquinhos après la rencontre, là où Thilo Kehrer a également fait remonter la notion de groupe à la surface : « Pour nous, le plus important, c’était nous, notre plan, notre envie, notre groupe. Ce n’est pas la fin. C’est le début. » Si l’on ne sait pas ce que l’avenir réserve à ce PSG branché sur courant alternatif, l’important commence en effet maintenant pour Tuchel, car si Paris s’est qualifié pour la première fois depuis 2016 pour les quarts de finale de la Ligue des champions, il n’a pas résolu tous ses problèmes.

Étouffer, cadrer, percer

Début janvier, quelques jours après un nul concédé au Parc face à Monaco, l’entraîneur parisien avait réveillé une vieille vérité : « La question n’est pas dans quelle structure on joue, mais comment on le fait. » Et c’est justement sur le « comment on le fait » que l’Allemand avait vu ses hommes se saborder à Dortmund au cœur d’une compétition où la qualité de la récupération – et donc du pressing – est vitale. Au début de son mandat au PSG, lors d’un entretien donné à L’Équipe, Thomas Tuchel évoquait déjà ce besoin de « souffrir ensemble » et l’exprimait alors à l’époque ainsi : « La Ligue des champions n’est pas une compétition seulement tactique, c’est aussi une compétition de générations. Le Real Madrid a une génération qui sait comment gagner les grands matchs, comment résister à la pression. » Jusqu’ici, le PSG possède un groupe qui sait surtout comment les jouer avec les mollets ramollis et donc les perdre.

Partant, cette qualification contre le Borussia Dortmund est un cap psychologique non négligeable, mais son franchissement a avant tout été rendu possible grâce à une réorganisation tactique qui a changé pas mal de choses, Tuchel revenant notamment mercredi soir à un 4-4-2 avec lequel il est invaincu à Paris. Privé de Thiago Silva, Verratti et Meunier, puis d’un Mbappé trop juste pour être lancé sur la piste dès le coup d’envoi, le technicien parisien a posé un système sans surprise, mais dont l’animation dépendait avant tout de l’investissement défensif de son carreau offensif (Neymar, Cavani, Sarabia, Di María). Et c’est avant grâce à lui que le PSG a fait la différence en première période.

Face à un Dortmund organisé en 5-4-1 en phase défensive, on a vu Cavani et Sarabia évoluer très haut, mais surtout Neymar et Di María au poil dans le pressing à la perte du ballon là où, sur certaines séquences à l’aller, le Borussia réussissait à éliminer plus de la moitié du onze parisien sur la majorité de ses sorties de balle. Cette fois, le PSG a parfaitement coupé les circuits de relance de la bande de Lucien Favre et a réussi à créer de nombreuses trappes au pressing grâce notamment aux cadrages de Neymar sur Hakimi, à l’investissement de la paire Sarabia-Cavani et au boulot coordonné du duo Gueye-Paredes sur les milieux allemands (Can et Witsel). Côté droit, Ángel Di María a aussi effectué un énorme travail, la preuve en est que Thilo Kehrer n’a eu que très peu de situations de un-contre-un à disputer et que le Borussia n’a quasiment jamais réussi à dédoubler sur cette zone du terrain. En neutralisant la première relance de Dortmund, le PSG s’est alors offert le luxe d’une double conquête : celle du temps et de l’espace. Une première victoire décisive.

Mais une première victoire qui a aussi – et surtout – été rendue possible grâce à un bloc haut, tenu comme des morpions par Marquinhos et Kimpembe, qui ont été intraitables dans la gestion de la profondeur et des duels. La note du défenseur français est belle : 85 ballons touchés, 89% de passes réussies, trois fautes subies, six ballons récupérés, plus de 70% de duels gagnés. Conséquence : lors des quarante-cinq premières minutes, Paris a tenu le ballon (58% du temps), tout en étant juste techniquement (90% de passes réussies), et a réussi à imposer son rythme à la rencontre. C’est là qu’arrive l’autre défi : la phase de possession. Depuis qu’il évolue en 4-4-2, le PSG a pris certaines habitudes et n’a fait, mercredi soir, que ressortir ses réflexes. Ainsi, Cavani et Sarabia ont, à plusieurs reprises, déclenché des appels entre les centraux et les latéraux (soit entre Piszczek et Hakimi, soit entre Zagadou et Guerreiro) afin d’offrir à Neymar et Di María une possibilité de s’insérer dans les half spaces. Le Brésilien a alors été trouvé à plusieurs reprises dans le dos de Can par Gueye et a évolué dans une situation idéale quand il avait eu tendance, lors du match aller, à trop souvent décrocher hors du bloc défensif de son adversaire. Ángel Di María, lui, a été moins touché, mais l’a notamment été une fois par Gueye, ce qui a conduit à une frappe de Cavani magnifiquement détournée par Burki.

S’il suffisait d’une séquence pour résumer l’approche parisienne du soir, le second but du soir, inscrit par Bernat, est d’ailleurs un cadeau puisqu’on y retrouve tous les ingrédients du plan de Tuchel : un contre-pressing réussi dans le rond central par Bernat dans les pieds de Hazard, Neymar trouvé dans le dos de Can, Di María servi dans celui de Witsel, Sarabia décalé ensuite côté droit et qui retrouve Bernat dans la surface pour finir. Sur cette séquence, le PSG a étouffé son adversaire et a réussi à étirer sa ligne défensive, ce qu’il n’avait que trop peu réussi à faire au Signal Iduna Park. Petit bémol malgré tout : à plusieurs reprises en première période, Bernat s’est retrouvé sans solution et a peiné à rapidement combiner entre les lignes, conséquence de ballons souvent donnés dans le mauvais tempo.

Le PSG aurait pu se crocheter tout seul

À 2-0 à la pause, Paris s’est retrouvé dans une position idéale, si tant est qu’il y en ait une pour lui, et a réussi à relativement tenir son animation jusqu’à la sortie de Sarabia à l’heure de jeu, remplacé par Kylian Mbappé. Avant l’entrée de l’attaquant français, quelques frissons ont malgré tout commencé à parcourir les corps parisiens : face à un pressing moins intense des offensifs du PSG et à un Paredes excellent dans son rôle en première période, mais plus en retard dans ses duels ensuite (il a par exemple laissé Can grimper d’un cran après la pause et l’effacer à plusieurs reprises), le Borussia Dortmund a trouvé des premiers décalages et commencé à s’exprimer dans le cœur de jeu, faute de pouvoir le faire sur les ailes. L’avantage acquis en première période a permis au PSG de se montrer moins pro-actif et de se contenter de faire reculer les Allemands grâce aux sorties de Bernat et Kehrer, mais cela aurait pu lui jouer des tours si les hommes de Favre avaient mieux négocié certaines séquences. Dans cette situation, Cavani a alors souvent été vu en position de troisième milieu pour permettre à son équipe de mieux gérer un Borussia qui attaque en permanence à sept têtes et pour combler des trous qui avaient été fatals à l’aller au milieu. Grâce aux replis de l’Uruguayen, le PSG a resserré ses lignes et a réussi à empêcher de trop nombreuses courses sur la largeur. Cela a aussi permis au leader de Ligue 1 de trouver du liant sur les quelques situations de contre qu’il a eu à jouer, notamment pour un Mbappé qui a déséquilibré son équipe lors de son entrée.

Sur ce point, le coaching de Thomas Tuchel, peut-être trop prématuré, aurait pu plonger Paris dans une drôle de situation, tout comme l’entrée d’un Kurzawa positionné milieu droit. Il n’en a rien été, car Dortmund a manqué de trop de lucidité et de créativité malgré une seconde période passée avec 67% de possession de balle, mais aussi aucun tir cadré. « On n’a pas réussi à trouver la solution pour être dangereux » , a regretté au digestif Lucien Favre, et l’entraîneur suisse se repassera certainement durant les prochains jours ces séquences de dix-quinze minutes où le PSG reculait sans trop savoir pourquoi et aurait pu se crocheter tout seul.

On retiendra aujourd’hui que les Parisiens ont aussi rendu une copie européenne mature et ont « joué leur jeu » lors d’un grand rendez-vous européen. Maintenant, ils basculent dans une autre sphère et font face à un défi immense : ne pas oublier que quand ils avancent à onze et souffrent à onze, il peuvent trouver autre chose que des mouchoirs dans leurs poches.

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