- Espagne – FC Barcelone
Pas de Villarreal-Barça à Miami : une petite victoire du foot
Ce mardi soir, la délocalisation du match entre le FC Barcelone et Villarreal – prévue en décembre à Miami – a été annulée. Une défaite pour le président de La Liga Javier Tebas, mais une victoire pour les premiers concernés : les joueurs. Jusqu’à quand ?

La nouvelle a de quoi rassurer les syndicats du monde entier : faire grève, même quelques dizaines de secondes, ça peut finir par payer. La preuve, deux jours après le mouvement initié par le Syndicat des footballeurs espagnols (AFE), la direction de La Liga a fait machine arrière en annulant la délocalisation du match entre le FC Barcelone et Villarreal, lequel devait initialement se tenir à Miami le 21 décembre prochain. « La Liga souhaite informer qu’à la suite de discussions avec le promoteur du match à Miami, ce dernier a annoncé sa décision d’annuler l’événement en raison de l’incertitude générée ces dernières semaines en Espagne », a annoncé l’instance dans un communiqué. Tant pis pour les amateurs de calembours qui ne verront donc pas un Flick à Miami.
🚨 NOTA INFORMATIVA. LALIGA informa de la cancelación del Partido Oficial en Miami, una oportunidad histórica para la internacionalización del fútbol español. Seguiremos trabajando por una competición global, moderna y competitiva.https://t.co/DpsR4PnXLf
— LALIGA Corporativo (@LaLigaCorp) October 21, 2025
Dès le lendemain, son président Javier Tebas s’est fendu d’une réaction assassine, dans laquelle il estime que cette décision fait perdre au football espagnol « une opportunité de progresser, de se développer à l’international et de renforcer son avenir ». À le lire, on croirait que La Liga ne vaut guère plus que la D1 des Îles Féroé sur le plan comptable. Comme si le Clásico n’était pas déjà le match le plus suivi sur la planète. Et comme si faire jouer Robert Lewandowski et compagnie en Floride allait convaincre les Etatsuniens de se passionner pour Getafe, le Celta Vigo, voire le Villarreal de Georges Mikautadze et leur assurer de conséquents revenus pour leur permettre de survivre.
Le pouvoir aux travailleurs
Il n’empêche, ce camouflet envoyé à l’un des plus ardents détracteurs d’un projet de Super Ligue révèle que, dans le football moderne, les joueurs ont encore le pouvoir de faire bouger les lignes. Alors que les joueurs du Barça et de Villarreal ont été écartés du mouvement de grève initié par l’AFE « afin d’éviter que la manifestation ne soit interprétée comme une mesure contre un club en particulier », le milieu des Blaugranas Frenkie De Jong ne s’était pas privé de donner son avis en conférence de presse : « Je peux comprendre les clubs, ils en tireront profit. Mais je ne suis pas d’accord avec cette décision qui est également injuste sur le plan sportif car nous allons disputer un match à l’extérieur sur un terrain neutre. Mais j’ai l’impression que personne ne nous écoute. »
On va continuer d’essayer. Cette fois, on est passés très près.
Même son de cloche du côté de Dani Carvajal : « Le fait que toutes les équipes de Liga ne jouent pas dans les mêmes conditions est, selon moi, une falsification claire de la compétition. Je pense qu’il est fondamental que nous – les joueurs, les clubs et la ligue – luttions ensemble pour ce qui est juste. Or, [ce match à Miami] n’est pas juste. » Son coéquipier Thibaut Courtois en a remis une couche, estimant que la décision de la Ligue de ne pas filmer la grève des joueurs relève « de la censure et de la manipulation ».
La Serie A et après ?
Bref, quand les joueurs ouvrent leur gueule de concert, leurs dirigeants sont obligés de réagir et ce, même quand l’UEFA se couche devant ces boîtes de Pandore, jurant n’accepter les délocalisations de matchs qu’« à contrecœur » et sans qu’elles ne constituent de « précédent » : « Notre engagement est clair : protéger l’intégrité des ligues nationales et faire en sorte que le football reste ancré dans son environnement d’origine », a promis Aleksander Čeferin. Javier Tebas a quant a lui assuré que sa croisade n’était pas terminée : « On va continuer d’essayer. Cette fois, on est passés très près. »
En attendant, le combat continue du côté de la Serie A, où Mike Maignan et Adrien Rabiot ont vertement critiqué la décision de faire jouer la rencontre entre l’AC Milan et Côme en… Australie. On pourrait croire à une mauvaise blague, mais le patron de la ligue italienne Luigi De Siervo a rappelé qu’il était tout à fait sérieux et demandé à Rabiot de se souvenir que ses semblables et lui « sont payés pour exercer une activité, c’est-à-dire jouer au football ». Une rhétorique qui rappelle celle adressée un temps aux supporters, vus comme des consommateurs qui payent pour s’asseoir et applaudir. Malgré tout, les voix contestataires ne se taisent jamais dans le contexte du football moderne. Hélas pour les ultras, certaines pèsent plus lourd que la leur pour freiner ses dérives. A défaut de les empêcher complètement.
Javier Tebas réagit à l’annulation d’un match de Liga à MiamiPar Julien Duez