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Rabiot, De Jong et les autres : en délocalisation forcée
Un an après la levée de boucliers de Rodri à propos des calendriers surchargés, Frenkie de Jong et Adrien Rabiot ont, quant à eux, dénoncé le choix de la Liga et de la Serie A de délocaliser des matchs de championnat aux États-Unis et en Australie. Face à des dirigeants toujours plus attirés par l’argent, il est temps que les joueurs décident de faire front commun.

« Personne ne nous écoute… » Un brin accablé, Frenkie de Jong a assuré ne pas être d’accord avec la décision « injuste » de délocaliser la rencontre entre Villarreal et le FC Barcelone aux États-Unis. Le milieu néerlandais goûte peu au charme de Miami et aurait préféré se déplacer à la Cerámica en décembre prochain. Qu’importe, il fera comme ses autres camarades : il montera dans l’avion direction la Floride, fera peut-être un détour par les tribunes d’un match de NBA aux côtés de Lamine Yamal et Raphinha, encaissera son chèque habituel en fin de mois et sera bien forcé de la fermer.
Rabiot oublie qu’il est payé des millions d’euros pour exercer une activité : jouer au football. Il devrait respecter l’argent qu’il gagne, acceptant ainsi la volonté de son employeur, Milan.
Un an après la menace de grève brandie par Rodri, certains footeux ont décidé de revenir au front. Pas au point de dresser les barricades, mais au moins assez pour tenter de faire entendre leur voix. En vain, pour le moment, car ils sont renvoyés à leur statut de nouveaux riches déconnectés. Adrien Rabiot en a fait l’amère expérience. Lui s’est plaint du déplacement « totalement fou » que les groupes de l’AC Milan et de Côme vont devoir faire jusqu’à Perth, en Australie, pour un match de Serie A, et a pris un sévère retour de bâton de la part de Luigi De Siervo, administrateur délégué du championnat transalpin : « Il oublie qu’il est payé des millions d’euros pour exercer une activité : jouer au football. Il devrait respecter l’argent qu’il gagne, acceptant ainsi la volonté de son employeur, Milan, qui a poussé pour ce match à l’étranger. »
Les dirigeants ferment les yeux
On n’imaginait pas franchement le Duc prendre position, et la réaction des instances devrait le faire réfléchir à deux fois lorsqu’il aura de nouveau quelque chose sur le cœur. Dans un entretien à France Football, Kylian Mbappé avait lui-même indiqué qu’il était difficile de se plaindre de l’usure : « Moi, je vais me mettre à jouer le gars qui est dans son salon. “Putain, au prix où on te paye, je serais content tous les jours !” Bam. C’est pour ça qu’il vaut mieux parfois prendre sur soi. » Mais alors, que peuvent vraiment dire les footballeurs sans être directement renvoyés dans leur camp en raison de leur salaire mirobolant et de leur travail moins laborieux qu’à l’usine ?

Avec Alisson Becker dans les buts, Jules Koundé en défense, Rodri et Frenkie de Jong dans l’entrejeu et Kylian Mbappé devant, l’équipe des syndicalistes a de quoi faire peur aux instances. Malgré ces noms ronflants, l’UEFA a validé sans trop broncher les délocalisations à l’autre bout du monde, la LFP a opté pour le Koweït en vue du prochain Trophée des champions, la FIFA espère organiser encore plus de Mondial des clubs et ne rechignera jamais à organiser des compétitions sur plusieurs continents si le gain en vaut la chandelle. Les clubs veulent également acheter la paix sociale, à l’image de Villarreal, qui a annoncé offrir le voyage à Miami à ses supporters. La déclaration du dirigeant Luigi De Siervo prouve aussi que les dirigeants ne comptent pas franchement ramer dans le même sens que les joueurs. Une relation patron employés en somme.
Tout n’est cependant pas de la faute des décideurs. L’esprit de groupe est vital pour mener à bien une lutte sociale, et c’est ce qu’il manque aux footballeurs, peut-être individualistes par essence, trop peu syndiqués et laissant certains leaders en cortège de tête. On ne demande pas aux footballeurs de lire Marx ou d’accompagner les Français dans les rues lors de journées de blocage, mais de déplacer le rapport de force. Pour être écouté, parler d’une seule voix pourrait être la solution. Qu’ils soient en Ligue 2 ou au Real Madrid, ils ne sont, pour les instances, bons qu’à taper dans un ballon. À la main-d’œuvre de réclamer son dû.
L’UEFA approuve « à contrecœur » la délocalisation de matchs de Liga et de Serie APar Enzo Leanni