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Metz : c’est parti pour un retour
Un an après l’avoir quittée, le FC Metz est (encore) de retour en Ligue 1. Un nouveau coup d’ascenseur fait dans l’émotion, au bout d’un barrage épique à Reims, mais qui pousse les Grenats à croire qu’ils montent avec de nouveaux arguments.

2 juin 2024. Dans les entrailles de Saint-Symphorien, les Stéphanois multiplient les allers-retours entre leur vestiaire et le bar pour faire transiter des dizaines de demis de bière et célébrer comme il se doit le retour de l’ASSE en Ligue 1. Etienne Green maîtrise mal l’équilibre du plateau et s’en fout plein les claquettes, Anthony Briançon et Florian Tardieu descendent les godets sans sourciller, mais c’est surtout le coach Olivier Dall’Oglio qui finit trempé d’Amos. Douché à domicile, le FC Metz ressent une amertume qui n’a pas vraiment le goût de Picon : les Grenats subissent alors leur quatrième relégation en dix ans.
Un an plus tard, un jeudi de l’Ascension, le contenant et le contenu ne sont plus les mêmes : c’est cette fois Stéphane Le Mignan qui apparaît dans les coursives du stade Auguste-Delaune avec un t-shirt « Le FC Metz en Ligue 1 » imbibé de champagne. C’est la tradition et, qui plus est à Reims, ça coule de source, mais son ivresse n’a rien d’alcoolisée ; elle n’est due qu’au résultat heureux que ses gars sont allés chercher au bout de la prolongation du barrage. « On a vécu une soirée qui restera gravée quelle que soit la suite, clame le Breton dans un sourire. On a réussi à montrer beaucoup de cœur, cette capacité à ne pas lever le pied alors qu’on était mené 1-0. Encore une fois, on a su retrouver des ressources dans le jeu et physiques. Et puis ça a basculé sur un beau deuxième but et un troisième magnifique de Gauthier Hein. […] Pour nous, c’est une histoire qu’on voulait écrire par rapport à ces play-off. Les joueurs, comme Matthieu Udol, avaient vécu une émotion très différente la saison dernière. Comme un symbole, c’est lui qui égalise et nous donne ce surplus d’énergie pour aller chercher la victoire. » À l’image de Koffi Kouao, hilare avec une bouteille de Moët & Chandon à la main : ceux-là ne vont pas redescendre tout de suite, alors que la remontée express est célébrée ce vendredi sur la place d’Armes à Metz.
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Qu’est-ce qui est Grenat, qui monte et qui ne veut pas redescendre ?
Si aujourd’hui la fête est plus folle, c’est aussi parce que cette équipe a dû emprunter un itinéraire bis, bien plus sinueux et « plus difficile pour le cœur » d’après le président Bernard Serin. « Il y avait pas mal de déçus de notre fin de saison parce qu’on a lâché des points et tout le monde voulait qu’on monte directement, replace Matthieu Udol, manquant la chenille que ses coéquipiers ont lancée sous le kop grenat comme aux plus belles heures. Moi, j’étais en mission, je ne voulais pas qu’on reste en Ligue 2. » Dans la roue de Lorient et du Paris FC, le FC Metz a en effet longtemps eu les deux premières places du classement dans le viseur. Les déceptions du printemps avec des nuls contre Caen, le Red Star et Rodez, ainsi qu’une défaite à Pau, en ont décidé autrement : il a fallu passer par la case barrage pour renouer avec l’élite.
On a déjà obtenu des promotions avec un jeu plus direct, plus kick and rush, mais Stéphane a imprimé sa volonté de passer par la possession, ce qui a plu à nos supporters et qui nous permet aujourd’hui d’arriver en Ligue 1 avec d’autres ambitions.
C’est à ce moment que le travail de Stéphane Le Mignan a fini par payer. Le héros de Vannes et Concarneau avait été choisi par le board messin pour incarner un renouveau. « On a déjà obtenu des promotions avec un jeu plus direct, plus kick and rush, mais Stéphane a imprimé sa volonté de passer par la possession, ce qui a plu à nos supporters et qui nous permet aujourd’hui d’arriver en Ligue 1 avec d’autres ambitions », félicitait le président. Sans le talent de Georges Mikautadze, qui portait sur ses épaules le projet messin l’an dernier, la volonté du coach était de mettre en avant la formation messine et la filière sénégalaise de Génération Foot, le tout encadré par des tauliers.
Ainsi, l’armada sénégalaise (Pape Sy, Aboubacar Lô, Sadibou Sané, Alpha Touré, Papa Amadou Diallo, Cheikh Tidiane Sabaly, Idrissa Gueye et Ibou Sané) et les jeunes du club (Morgan Bokele) ont pu profiter de l’expérience et de la hargne des copains Matthieu Udol, Gauthier Hein, Benjamin Stambouli, Jessy Deminguet, Koffi Kouao, ainsi que la sûreté apportée cet hiver par le gardien belge Arnaud Bodart, poussant le club à tourner la page Alex Oukidja à la mi-saison. Le capitaine Udol récapitule le processus : « Il est venu avec de nouvelles idées. Ça a pris du temps à mettre en place, le temps de trouver les automatismes et d’apprendre une nouvelle façon de travailler. Et au fil de la saison, on jouait de mieux en mieux. Ça s’est étiolé sur la fin de la saison régulière, mais on s’est remis la tête à l’endroit en mettant de la qualité dans notre jeu. » La base était là, et puisque la chance se provoque, c’est ce travail foncier qui a permis au club à la croix de Lorraine de faire basculer le play-off contre Dunkerque sur un coup de billard, tout comme de trouver les ressources physiques et mentales pour venir à bout du Stade de Reims.
Quand l’euphorie sera retombée, il faudra ensuite se poser une question, peut-être la seule qui compte : monter en Ligue 1, c’est très bien, mais pour y faire quoi ? La Ligue 1 à 18 a toujours son lot d’infirmes, et Metz n’a pas grand-chose à envier à ce que proposait le dernier tiers du classement de l’élite, mais ce club a vécu trop de saisons calvaires pour en accepter une nouvelle. Certes, les Grenats ont retrouvé un nouveau souffle, mais tout est encore fragile. Les révélations devront confirmer, les patrons devront décider de leur avenir, et il faudra recruter au moins deux joueurs par ligne pour être compétitif. « Demain, on va faire la fête, mais après-demain, au boulot ! », claironnait le président Serin, alors que le patriarche Carlo Molinari passait dans son dos avec ses éternels yeux pétillants, sûrement encore émoustillé par le lob fou de son gamin, Gauthier Hein. Pour le gars de Thionville, arrivé cet été d’Auxerre pour aider son club formateur à retrouver des couleurs, les choses sont déjà très limpides : « Pour moi, ce n’est qu’une étape. Je suis revenu avec des objectifs élevés, qui sont en lien avec ceux du club : se pérenniser en Ligue 1. »
Les images de la fête après la montée du FC MetzPar Mathieu Rollinger, à Reims
Tous propos recueillis par MR à Reims.