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L’Atalanta reste-t-elle sexy sans Gasperini ?

Par Mathis Blineau-Choëmet
6 minutes

À la suite du départ du duc de Bergame Gian Piero Gasperini à l’intersaison, l’Atalanta entame sa phase de transition. Si la philosophie du club reste sensiblement la même, l’absence de son architecte risque de déjà peser ce mercredi face aux champions d’Europe parisiens.

L’Atalanta reste-t-elle sexy sans Gasperini ?

Depuis le Parco della Rocca e Fauna Orobica de la Città Alta, les supporters de l’Atalanta peuvent scruter le Stadio Atleti Azzurri d’Italia avec un pincement au cœur. Lors de ces dernières années, ce temple du football italien, racheté à la municipalité en 2017, s’est transformé en cour des miracles pour les fans de la Déesse. L’espérance et la foi inébranlables de ces tifosis, habitués toute leur vie à voir leur club végéter entre la Serie A et la Serie B, ont enfin été récompensées par l’équipe portée par le messie, Gian Piero Gasperini. En neuf saisons sur le banc du club lombard, l’entraîneur a empoché quatre podiums en Serie A, maintes victoires contre les mastodontes du Calcio, et surtout une Ligue Europa, le premier trophée majeur du club depuis 1963. Au grand dam des supporters, cette parenthèse dorée s’est clôturée en fin de saison dernière, quand l’évêque baptisé par la ville s’est envolé vers la cité des papes pour guider l’AS Roma.

Ivan pas que du rêve

Preuve d’une anticipation sans faille du board bergamasque, le remplaçant de la légende locale n’a pas attendu longtemps avant d’être connu. Dès le mois de juin dernier, la famille Percassi, à la tête du club, a officialisé l’arrivée d’Ivan Jurić sur le banc. Pour faciliter la transition post-Gasperini, le directeur sportif du club Tony D’Amico a opté pour un entraîneur qu’il a connu lorsqu’il officiait au Hellas Verone. À l’époque, Jurić avait emmené le promu gialloblù dans le top dix de la Serie A à deux reprises avant de quitter la Vénétie pour filer au Torino. D’Amico connaît donc bien ses méthodes de travail, son plan de jeu et sa capacité à amener des jeunes joueurs au plus haut niveau, une des caractéristiques principales de Gasperini. Autre familiarité avec l’ADN Atalanta, le Croate a joué sous les ordres de l’Italien au Genoa. Dans sa jeune carrière d’entraîneur, il a également officié comme entraîneur adjoint auprès de la Gasp’ lors de son passage à l’Inter Milan. Ce pedigree a visiblement séduit les propriétaires, désireux de perpétuer l’héritage. « Nous avons accueilli Ivan avec enthousiasme et confiance, convaincus qu’il saura prolonger le travail exceptionnel de notre ancien entraîneur tout en apportant sa touche personnelle », indiquait le board lors de sa présentation.

Même si Jésus Christ était l’entraîneur après Gasperini, on se serait attendu à moins bien. C’était la clé du miracle.

Gigi Riva, écrivain et journaliste de Bergame

À l’inverse des propriétaires, les fans de la Dea ont accueilli leur nouveau Mister avec moins d’enthousiasme, notamment à cause de ses deux dernières expériences loupées. À l’AS Roma en début de saison dernière, l’entraîneur de 50 ans avait été débarqué trois mois après son arrivée à cause de résultats moisis. Il a ensuite filé sur le banc de Southampton où il n’a remporté qu’un seul match de Premier League en six mois, précipitant les Saints en Championship. Malgré ces deux bilans moroses, Jurić a retrouvé un challenge aussi excitant que casse-gueule.

« On attend de voir ce que ça va donner, mais ça ne sera jamais du niveau de Gasperini. Avec son style porté vers l’attaque, on marquait pas loin de 100 buts chaque saison. Les équipes d’Ivan Jurić sont plutôt à 35-40 buts lors de ces dernières années », fait remarquer Gigi Rava, écrivain et journaliste de Bergame. Les premiers matchs de cette saison ont d’ailleurs illustré la difficulté de Jurić à produire du jeu. Contre Pise et Parme, deux clubs mineurs de la Serie A, les Bergamasque ont été incapables de gagner avant de se rassurer ce week-end face à Lecce, un autre petit Poucet, avec une victoire 4-1. Et encore, tout était loin d’être parfait. Dans le premier acte, l’Atalanta était fiévreuse avant de présenter enfin son meilleur visage au retour des vestiaires, entre autres grâce aux nouvelles recrues arrivées pendant le mercato estival. Mais bon, comme le dit Gigi Riva : « Même si Jésus Christ était l’entraîneur après Gasperini, on se serait attendu à moins bien. C’était la clé du miracle. Tout le monde pense ça à Bergame. »

Un ADN aussi préservé que fragilisé

Si Gasperini a hissé les voiles, sa philosophie ne s’est pas évaporée de Bergame. Au contraire : la stratégie de la Dea n’a pas changé. Cet été, elle a continué à vendre au moins un joueur à un prix onéreux (Mateo Retegui pour 68 millions d’euros) afin de remplir les caisses du club, aujourd’hui estimé à 500 millions d’euros, soit dix fois plus qu’il y a 15 ans. Elle a aussi acheté des jeunes potentiels à bas prix, comme le milieu polonais Nicola Zalewski, 23 ans, passé brièvement par l’Inter après avoir éclos à la Roma, et le défenseur ivoirien du Bayer Leverkusen Odilon Kossounou, 24 ans.

Sans stars dans son effectif, l’Atalanta suit les principes de Gasperini : développer les joueurs à potentiel et les talents natifs de la région. La pépite Giorgio Scalvini, titulaire indiscutable en défense, est promise à un avenir radieux, tandis que le joyau de l’académie Lorenzo Bernasconi dispute ses premières minutes avec les pros cette saison. Ajoutez le fougueux Charles De Ketelaere, l’héritier Maldini, les métronomes Mario Pašalić et Ederson (forfait ce mercredi) ou encore le vieux briscard Marten de Roon, et l’équipe a belle gueule, peut-être même plus forte sur le papier que la saison dernière.

Sauf que pour ce cru 2025-2026, Bergame devra faire sans son penseur et surtout sans son leader d’attaque Ademola Lookman, parti au clash avec le club. Désireux de quitter la Lombardie après trois saisons exceptionnelles, le Nigérian n’a pas trouvé de porte de sortie pendant ce mercato. Ce week-end, il ne souhaitait toujours pas rejoindre le groupe pour le match contre Lecce et sera absent au Parc des Princes pour la première journée de Ligue des champions contre l’ogre parisien. Son absence pourrait fragiliser l’équilibre tactique et la gestion des hommes d’Ivan Jurić, déjà bien occupé à poursuivre les travaux de Gasperini. Lors de sa présentation en juin dernier, le Croate avait d’ailleurs déclaré que « l’ADN du club restait », mais qu’il souhaitait aussi « apporter sa propre vision sans se laisser écraser par le passé ». Comme d’autres avant lui, le tacticien ne suivra pas à la lettre les principes de son prédécesseur. Un pari osé qui exige du temps et une sacrée dose d’innovation tactique pour que la Città Alta reste encore aux portes de l’Europe et, surtout, au sommet du football italien.

En direct : PSG-Atalanta (0-0)

Par Mathis Blineau-Choëmet

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