L1 : Lille hammer écrase l’OM…
Se faire marteler. L'OM n'avait pas prévu pareil cabossage après sa victoire contre l'OL, la semaine dernière. Il faut dire que le débat tactique entre Gerets et Puel a tourné très logiquement à l'avantage de ce dernier. Lille l'a emporté 3-1 au Vélodrome. L'OM est 4ème à un point des Nancéiens et Lille (6ème) se rapproche à un point de St-Etienne. Hormis Lyon et Bordeaux (vainqueur 1-0 à Toulouse), rien n'est encore joué pour l'Europe...
Jean II Makoun, bien sûr. L’atome explosif de la molécule lilloise…Le 5ème élément. Au milieu justement de la ligne des cinq astres du 4-5-1 Puélien (Bastos – Makoun – Mavuba – Cabaye – Obraniak). Jean est grand. Jean est stellaire. Et la planète Mars(eille) a subitement dévié de son axe… On comprend mieux pourquoi Seydou et Puel ont lâché Keita et Bodmer mais qu’ils ont dit niet au départ de Jean II : trop précieux.
Il n’aura fallu que l’arrivée de Mavuba au mercato pour bien stabiliser la ligne des cinq et refaire décoller le Losc à partir de janvier 2008. Hier soir, le 4-5-1 lillois, mobile et tentaculaire, déployé à la fois sur toute la largeur et bien resserré à 30 mètres, a coupé Marseille en deux, isolant les attaquants de leur milieu (Nasri, Cheyrou, M’Bami). Même si Nasri a réussi quelques percées et que Niang a encore fait des décrochages puis accélérations ultra speedées.
Le Losc de Puel, quand il fonctionne comme hier soir, n’est pas qu’un gros 4-5-1 bien compact qui contient l’adversaire, qui récupère et qui lance le contre vers la pointe esseulée. C’est beaucoup plus subtil. D’ailleurs les trois buts marqués sont plus le fait d’actions construites que de contre-attaques mortelles d’une seule passe en profondeur vers le finisseur létal. Mirallas n’étant pas Eto’o, de toutes façons.
L’égalisation lilloise à la 37ème est à la conclusion d’un beau mouvement collectif parti du milieu du terrain accéléré par Makoun, bien lancé dans l’axe profond derrière la ligne défensive marseillaise : se présentant seul face à Mandanda, Jean II transmet à Mirallas qui pousse dans le but vide. Trois minutes plus tard, à la suite d’un beau mouvement côté droit, Obraniak arme une frappe au coin des 16 mètres, mal repoussée, doux euphémisme, par Mandanda dans les pieds de Mirallas qui double au compteur : 2-1.
Hormis le but de la tête contre le cours du jeu de Niang, sur coup franc indirect de Nasri, Marseille n’a pas vu le jour. Etouffé dès la 5ème minute par un pressing haut et un marquage quasi individuel sur Cissé, Akalé et Niang, seul à surnager, donc. Toute la fluidité marseillaise habituelle a été asséchée par le marais lillois.
Mais qui dit marais ne dit pas eaux dormantes. Lille possède des paires verticales qui se projettent très vite vers l’avant, en jeu court ou mi-long : Emerson-Bastos à gauche, Makoun-Mirallas dans l’axe et Beria-Obraniajk à droite.
Au cœur du système, Mavuba et Makoun, qui offrent aussi la verticalité pour étirer la défense marseillaise sur les côtés (aïe, aïe, aïe, les montées de Bastos, excellent, et celles d’Obraniak !).
Les Lillois ont une remarquable maîtrise technique du ballon, avec un jeu de passes bien dosées, bien appuyées. Lille joue à terre : pas de centres aériens, pas de transversales au dessus du niveau de la mer. Un jeu direct, tout en surface, avec Makoun en aiguilleur infatigable, capable d’accélérations inouïes. Et puis les Lillois tirent souvent de loin, dès qu’une ouverture se présente. Sur coup franc, Wendel a trouvé un alter ego de poids, Bastos, auteur de frappes pures comme les Brésiliens savent les armer.
En deuxième mi-temps, Marseille a poussé, s’est créé quelques occases par Nasri, Niang (une reprise à ras du poteau, 48ème) ou Cheyrou mais bien stoppées par Sylva, nettement plus à l’aise sur sa ligne que dans ses sorties aériennes hésitantes.
A la 68ème, le coup de grâce, une action partie de la gauche renversée vers la droite, aboutit à Obraniak qui transmet à Cabaye dont le tir est dévié par Cheyrou : le ballon roule devant la ligne de but avant d’être poussé sur une glissade de Makoun. Plié.
Match plaisant mais qui illustre une fois de plus deux tares rédhibitoires du foot français de club. La première, critiquable, c’est l’inconstance d’une équipe comme Marseille, pourfendeuse une semaine plus tôt d’un OL complètement dépassé, mais incapable de se hisser au niveau des Dogues.
Marseille, potentiel 3ème de L1, en est déjà à 4 défaites à domicile… Et puis l’autre tare, beaucoup plus pardonnable, c’est cette impossibilité pour les clubs français de pouvoir construire sur la durée. En ayant pu garder Bodmer et Keita et en se renforçant juste d’un bon buteur, type Pauleta, le Losc aurait pu faire très mal sur un cycle de trois ans. Mavuba repartira en juin et les Makoun, Bastos, voire Mirallas ne devraient pas rester Lillois encore bien longtemps. Amen.
Chérif Ghemmour
Par