Foot français : bilan européen entre chien et relou…
Cette saison, les clubs de chez nous n'ont pas pesé bien lourd en Ligue des Champions et en Coupe de l'UEFA. Avant l'élimination de l'OM et du PSG hier soir, un cancérologue aurait été utile à diagnostiquer l'état de santé des clubs français. Depuis hier soir, on se demande si la présence d'un médecin légiste n'est pas plus adéquate.
Sérions les problèmes. La C1, d’abord. Feu sur l’excellent Angel Marcos de L’Equipe qui avait trop sniffé de LSD. En plein délire d’oiseaux fleuris dans un ciel sans armes et sans banquiers, il nous avait prédit que les petits budgets Porto et Villarreal se qualifieraient en demies et mettraient à bas l’horrible logique capitalistique qui prévalait après la victoire du modeste Porto en 2004. Manchester et Arsenal ont bousillé ses rêves babacools : 4 grosses cylindrées en demies, dont trois clubs anglais. Tout le monde savait ça dès le début. Et cette domination par l’argent n’est pas prête de s’arrêter : les grands clubs italiens vont bientôt revenir sur le devant de la scène continentale.
Voilà donc l’OL grandement exonéré. Economiquement, Lyon ne pèse rien sur l’échiquier continental : aucune star ne souhaite venir jouer en France. L’épisode Oddo de cet été était révélateur : il a préféré au dernier moment aller à Munich alors que la transaction vers Lyon était quasi bouclée. Rappelons aussi pour la 1000ème fois aux nostalgiques que l’OL ne pouvait pas garder les Tiago, Diarra, Essien. Pour ce dernier, quand Chelsea propose 38 millions pour l’avoir, l’offre ne se refuse pas. Idem pour Drogba et Ribéry, vendus par l’OM… Arsenal peut faire construire le pharaonique Emirates Stadium sans trop bouleverser son business plan et sans trop oblitérer ses performances, et ce malgré la crise financière. Mais pas Lyon, qui doit épargner sévère pour bâtir son futur stade (qui déjà pris deux ans de retard). Résultat : un recrutement light, 100 % L1 : Piquionne, Keita, Makoun, Ederson, Lloris, Bodmer, Pjanic… Pas d’équipe-bis comme les autres ténors continentaux. Un seul Govou vous manque et tout est dépeuplé. Avec 7 joueurs frenchy et son coach, Arsenal reste le meilleur club français.
Sinon, d’un point de vue sportif, l’OL a pris au Nou Camp (5-2) la déculottée qu’il aurait dû prendre à Old Trafford l’an dernier. On avait fustigé le manque d’audace de Perrin au match retour, à Manchester (défaite 1-0). A Barcelone, on a vu ce qu’il en coûtait de vouloir jouer d’égal à égal avec les grands. C’était encore plus criant avec le Bayern, étrillé 4-0. Les clubs français ne peuvent plus construire sur la durée avec un effectif stable et costaud, donc c’est foutu d’avance en LDC. C’est valable pour Lyon, mais aussi pour Bordeaux et Marseille. Inutile de les accabler, ils ont fait leur job : l’OL a fini deuxième de sa poule, quand l’OM et les Girondins ont fini très logiquement à la 3ème place puis reversés en Coupe de l’UEFA.
Bon, la C3, maintenant. Feu sur l’excellent Guy Roux qui nous bassine depuis des années sur le très bon niveau de la L1 et qui affirme qu’un club français classé 10ème en championnat est meilleur que le 10ème de n’importe quel grand championnat européen. A la limite, pourquoi pas. Sauf qu’il n’existe pas de Coupe d’Europe des Meilleurs Dixièmes… Non : la Coupe de l’UEFA est disputée par les seconds et troisièmes nationaux, ainsi que les vainqueurs de coupes domestiques. Et c’est là que le bilan est accablant. Dans cette L2 européenne qu’est la C3, on pouvait penser que les six clubs français brilleraient un plus qu’avant. Même pas. Nos six représentants ont cumulé toutes les tares rédhibitoires de notre chère L-Une : indigence technique (Marseille maladroit éliminé en quarts par Donetsk, tout juste supérieur), manque de moyens (l’effectif du PSG limité et à bout de souffle a très normalement explosé en quarts, 0-3 hier soir à Kiev), manque de gnac et de caractère (l’élimination impensable d’un Bordeaux trop sympa à Galatasaray, 3-4 en 16èmes), la lose magnifique (petit Nancy vaillant mais justement viré de son groupe H par du lourd, La Corogne et le CSKA Moscou), le foutage de gueule légendaire (Rennes éliminé en préliminaires par Twente 2-1 puis 0-1 parce que la C3 ça fait chier la bite) et enfin la frilosité frenchy habituelle (un St-Etienne très performant en C3 qui fait impasse contre Brême, seulement 0-1 puis 2-2 en 8èmes).
Les années passent et se ressemblent en C3 pour les clubs français. Avec toujours les discours à la con de clubs qui prétendent jouer l’Europe et qui jouent petit bras une fois la compète engagée… Sauf que cette année c’était vraiment jouable, vu que le plateau final était beaucoup moins relevé que les autres années (victoires de Porto, Valence, CSKA Moscou, FC Séville, Zénith St-Petersbourg). A l’arrivée on a deux clubs français éliminés par deux clubs ukrainiens, qui affronteront deux clubs allemands. Preuve sans doute que le foot de club français a encore bel et bien reculé : l’Ukraine n’est que 22ème au classement FIFA (même si ses clubs sont plus solides financièrement) et la Bundesliga, qui revient en force, serait donc devenue supérieure à la L1. Après tout, l’équipe de France a giclé illico au dernier Euro et est actuellement barragiste en éliminatoires de Mondial 2010 avec la perspective d’y rencontrer du très costaud (Croatie, Allemagne, Russie, Turquie…)
Voilà pour la C3. Pas une grande compète mais un vrai indice révélateur de l’état de santé des puissances moyennes du foot continental. Le recul de la France est certes préoccupant mais n’atteint pas la situation dramatique du foot hollandais (ou écossais) qui a rejoint la zone sinistrée de la Belgique, de la Scandinavie (quid des Malmö, Copenhague, Trondheim ?) et de certains pays de l’Est (Reptchèque, ou ex-Yougoslavies…). Petit motif d’espoir : le retour de la concurrence au sommet de la L1 avec plus de matchs au couteau et une vraie émulation entre pas moins de 6 clubs. A moins qu’on assiste en fait à un nivellement par le bas prolongé qui a fini par rattraper l’OL… Réponse la saison prochaine.
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