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Ewa Pajor, la Pologne au féminin
Attaquante la plus prolifique du monde en 2025, Ewa Pajor a porté le FC Barcelone comme la Pologne cette saison. À 28 ans, la capitaine des Bialo-Czerwone a par son impact et son talent permis au football féminin polonais de franchir un cap et de participer cet été à sa première compétition majeure.

Le temps s’est suspendu au Generali Stadium de Vienne, le 3 décembre dernier. Alors que l’Autriche accusait un but de retard sur les Polonaises après le match aller à Gdańsk et poussait dans les arrêts de jeu pour recoller au score et arracher la prolongation, Ewa Pajor, la capitaine et avant-centre des Bialo-Czerwone, a surgi devant Manuela Zinsberger pour mettre fin aux espoirs autrichiens au bout du temps additionnel et qualifier la Pologne pour sa première compétition majeure. Le reste appartient à l’histoire.
La saison de tous les records
Sept mois après la nuit étoilée de Vienne, la Pologne a fait ses grands débuts à l’Euro face à l’Allemagne. Malgré la défaite (2-0), les protégées de Nina Patalon ont offert une belle résistance durant pratiquement une heure, s’offrant même des occasions franches par l’intermédiaire de sa superstar.
Ewa est une personne très empathique, qui communique avec les gens en parlant avec eux, et elle a une sorte d’optimisme qui lui permet de toujours savoir que tout ira bien.
À l’issue de la rencontre, la sélectionneuse polonaise n’a pas hésité à faire l’éloge de sa capitaine. « Ewa est avant tout une joueuse d’équipe, une fille qui, bien qu’elle soit une attaquante extraordinaire, joue toujours pour l’équipe. Lorsqu’une passe est la meilleure option, Ewa la trouve toujours, affirmait la boss polonaise. Si elle doit prendre l’initiative dans un match, elle le fera. Elle marque également des buts très importants. Ewa est une personne très empathique, qui communique avec les gens en parlant avec eux, et elle a une sorte d’optimisme qui lui permet de toujours savoir que tout ira bien. Elle insuffle une énergie positive à toutes les joueuses. Elle n’abandonne jamais, dirige l’équipe et lui apporte beaucoup de soutien. »
"Pokazałyśmy ogromne poświęcenie i wolę walki" - powiedziała na antenie TVP Sport Ewa Pajor. 📰 https://t.co/rIS3jyt45y#weuro2025 #CzasNaNasząHistorię pic.twitter.com/ma7KEaC8rJ
— Łączy nas piłka kobieca (@laczynaskobieca) July 5, 2025
Véritable modèle de réussite en Pologne, Ewa Pajor a changé de dimension lors de cette saison 2024-2025. En rejoignant le FC Barcelone à l’été 2024, où évolue également l’autre gloire locale Robert Lewandowski, Pajor n’a pas eu besoin de beaucoup d’adaptation pour devenir la meilleure buteuse de Liga cette saison, après l’avoir été en Allemagne avec Wolfsburg la saison précédente, avec dix-sept réalisations. Mieux, elle est même la meilleure buteuse du monde en 2025 selon l’IHFFS avec 29 caramels toutes compétitions confondues.
Au cours de sa première saison en Espagne, la numéro 17 a donc inscrit un total de 43 buts toutes compétitions confondues, devançant d’une unité Lewy, qui a planté 42 fois. Malgré la malédiction qui continue de peser sur elle en Ligue des champions, puisqu’elle a perdu sa cinquième finale de C1, face à Arsenal, et continue de courir derrière son premier titre européen en club. En Pologne, l’annonce de ce transfert a en tout cas été retentissante, la télévision publique polonaise ayant acquis les droits de diffusion des matchs de championnat de l’équipe féminine du Barça.
Métier : changeuse de mentalité
Admiratrice de Lewandowski, Pajor a avoué au Guardian ne pas avoir hésité longtemps à rallier Barcelone quand le club catalan est venu la chercher à Wolfsburg, où elle venait de passer neuf ans : « Je suis restée très longtemps à Wolfsburg. Mais quand Barcelone est venu me dire qu’ils voulaient que je fasse partie de cette équipe, je me suis dit “wow, OK, c’est Barcelone”. Je me sentais très à l’aise à Wolfsburg, mais quand Barcelone m’a appelée, il n’y a eu aucun doute. » Formée au Medyk Konin, où elle a disputé ses premiers matchs à haut niveau à seulement 15 ans, devenant ainsi la plus jeune buteuse de l’histoire du football polonais, déjà sous les ordres de Patalon, elle a rapidement dû s’exiler ailleurs en Europe pour franchir un cap sportif. À Wolfsburg, Pajor prend du galon petit à petit et finit par s’imposer comme l’une des avants-centres les plus prolifiques en Europe. Sa carrière a pourtant été mise à mal lorsqu’à ses 15 ans, les médecins lui ont diagnostiqué un kératocône, qui aurait pu lui faire perdre la vue. Un comble pour une joueuse dont la vision du jeu n’a que très peu d’égal.
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Dans un pays où les droits des femmes sont régulièrement réprimés par le pouvoir en place, le football féminin tend pourtant à se développer sous l’impulsion de la notoriété de Pajor. Pour Michał Karaś, journaliste sportif polonais à Flashscore, l’impact de Pajor a été essentiel dans le développement du football féminin en Pologne : « Je ne pense pas que nous verrions autant d’initiatives si Pajor n’était pas là. Bien sûr, la PZPN (la fédération polonaise, NDLR) se porterait toujours candidate pour les tournois de jeunes, mais les stades seraient-ils remplis ? Je ne pense pas. Et pourtant, l’Euro U19 de cette année s’est avéré très populaire, les matchs de la Pologne ont attiré des foules de plus de 2 500 personnes et on pouvait voir dans les tribunes des enfants et des adultes, portant les maillots de Lewandowski et de Pajor. » Si pour Karaś, Lewandowski reste la figure majeure du football polonais et que les actions de Pajor ne pourront – pour le moment – jamais avoir le même impact, il estime que « pour le football féminin polonais, elle est déjà une icône et elle le mérite ».
Elle n’abandonne jamais, dirige l’équipe et lui apporte beaucoup de soutien.
La numéro 9 polonaise n’est pas seulement une footballeuse qui brille à l’étranger, elle œuvre également à l’intérieur de la Pologne. Uniejów, ville d’origine de Pajor, située au centre du pays et connue « pour ses activités agricoles et pour avoir été le lieu de naissance de sainte Faustyna », selon Karaś, est devenue une région touristique : « Aujourd’hui, certaines personnes quittent même l’autoroute toute proche pour prendre une photo de l’emblématique but en bois où elle avait l’habitude de jouer. » Aux côtés d’Agata Tarczyńska, également internationale polonaise, Pajor a créé son propre tournoi dans sa région d’origine qui connaît un fort succès. Pour le journaliste, il n’y a pas de hasard : « Son tournoi bénéficie d’une attention médiatique garantie et le mérite en revient également à la ville d’Uniejów, qui a construit son image autour de Pajor. La ville offre un soutien important pour cultiver cette image, le programme de formation du football local est meilleur que la plupart des autres, malgré l’absence d’un club bien établi dans la ville. » Il n’est pas trop tard pour s’engager sur l’autoroute ouverte par Ewa Pajor.
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Tous propos recueillis par LB sauf mention.