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Harder et Eriksson : rivales d’un jour, ensemble pour toujours

Par Mathieu Plasse
5 minutes

Coup d’envoi du groupe C de l’Euro féminin, les équipes du Danemark et de la Suède s’affronteront dans un choc scandinave. Une rencontre d’autant plus particulière pour deux joueuses : la Danoise Pernille Harder et la Suédoise Magdalena Eriksson, en couple depuis une dizaine d’années. Deux championnes devenues modèles de la cause LGBT, qui devront faire cavalières seules pour chercher un titre continental.

Harder et Eriksson : rivales d’un jour, ensemble pour toujours

Été 2004 : le championnat d’Europe à 16 équipes était réservé aux équipes masculines. Dans le stade de Bessa-XXI du regretté Boavista, la Suède affrontait alors le Danemark pour l’ultime journée de poules de cette édition portugaise. Alors que l’Italie n’avait déjà plus son destin en main pour accéder aux quarts de finale, les deux nations nordiques forçaient leur destin. Antonio Cassano avait beau arracher la victoire à la 94e minute contre la Bulgarie, les voisins réalisaient eux le score parfait : 2-2. Les trois équipes étant à cinq points, la Squadra prendra la porte, déclassée au nombre de buts marqués entre elles. Un cas unique qui rendra fous les Transalpins et soulignant la bonne entente que peuvent avoir des pays très liés l’un à l’autre.

21 ans plus tard, la Suisse accueille la 14e édition de l’Euro féminin. Pays où aucune polémique ni colère ne sont tolérées. Cependant, pour éviter tout soupçon, Suède et Danemark, rangés dans le groupe C, se rencontrent lors de la première journée. Cela n’empêchera pas que les liens entre les deux équipes soient plus forts que jamais. D’un côté : Pernille Harder, meilleure buteuse des Rød-hvide (Rouge et Blanc en danois) avec 76 réalisations, aura fort à faire pour sa cinquième grande compétition internationale. Sa vis-à-vis du soir : la défenseuse et capitaine Magdelana Eriksson a fréquenté le dernier carré des quatre dernières grandes compétitions (Coupe du monde, Euro, Jeux olympiques) sans jamais toucher le graal. Coéquipières au Bayern Munich, les deux partagent quelque chose de plus fort : elles filent le parfait amour depuis onze ans.

L’amour triomphe toujours

Loin de vivre dans le secret, Harder et Eriksson n’ont jamais caché leur relation, au contraire. Lors de la Coupe du monde 2019 en France, la Suède s’imposait dans la douleur contre le Canada, sur un but de Stina Blackstenius. Dans les travées du Parc des Princes, celle qui jouait latéral gauche retrouve sa partenaire, portant le temps d’un soir le maillot jaune et bleu. Spontanément, les deux partagent un baiser de joie, capturé en photo. Et exposé sur les réseaux sociaux. « C’était fou, la photo était partagée partout dans le monde, jusqu’au Brésil et en Argentine », se rappelle Pernille Harder. Deux sportives de haut niveau, du même sexe, partageant leur amour sans crainte, autant dire que cela a été un bol d’air frais pour la communauté LGBT. « Nous nous sommes rendu compte d’à quel point cela pouvait aider des gens, à travers les messages que je recevais sur Instagram. C’est ici que j’ai compris que nous étions très puissantes, ensemble », racontait Magdalena au Guardian.

Puissantes à deux, en dehors et sur le terrain. Alors qu’elles se sont rencontrées en 2014 sous le maillot de Linköpings, dominant le championnat suédois à l’époque, les partenaires feront en sorte de ne jamais être séparées. Après quatre titres de championne d’Allemagne sous le maillot de Wolfsburg, Pernille Harder retrouve son amoureuse à l’été 2020, direction Londres et Chelsea. Une romance à prix d’or, puisque la Danoise devient à ce moment la joueuse la plus chère du football féminin, avec un transfert estimé à 350 000 euros. Alors que les Blues étaient déjà une place forte du football féminin britannique, les deux tourterelles contribuent à trois titres consécutifs en WSL. L’idylle continuera en Allemagne, les deux partant main dans la main pour le Bayern Munich à l’été 2023. Le titre de Bundesliga n’a plus quitté la Bavière depuis leur arrivée. Mieux, Pernille Harder a remporté en avril son dixième titre domestique consécutif, tout en portant quatre maillots différents. Seule pièce manquante à leurs tableaux de chasse : un trophée continental, aussi bien en club qu’en sélection.

Les coups de coude ne sont pas en option

Depuis cette fameuse photo de 2019, les deux ont fini par multiplier les engagements. Que ce soit pour rejoindre Ada Hegerberg et Megan Rapinoe au sujet de l’égalité salariale en sélection, ou pour aider d’autres personnes à s’assumer. Le tandem reverse 1% de son salaire à l’association Common Goal et son projet PlayProud, destiné à rendre l’environnement du football plus accueillant pour les personnes LGBT. Si elles n’ont que rarement eu de problèmes quant à leur sexualité, l’environnement traditionnel dans lequel elles ont vécu a été un frein à leur coming out. « Je ne pense que j’aurais été haïe si je l’avais fait, mais je me serais sentie un peu seule. Cela reste quelque chose de marginal là d’où je viens, alors que j’ai pu m’assumer telle que je suis à Linköping, et me dire que je peux tomber amoureuse d’une femme », explique Eriksson.

Un coming out reste quelque chose de marginal là d’où je viens, alors que j’ai pu m’assumer telle que je suis à Linköping, et me dire que je peux tomber amoureuse d’une femme.

Magdalena Eriksson, femme libérée

Les sentiments qu’elles peuvent avoir l’une pour l’autre n’empêcheront pas de croiser le fer pour le rêve d’une vie. Preuve en est, lorsque les deux formations se sont affrontées en guise de clôture de Ligue des nations. En l’absence d’Eriksson, les Blågult avaient collé un score de tennis au Danemark (6-1). Une rencontre qui sera un meilleur souvenir que le match aller, Pernille Harder se prenant le coude de sa fiancée en plein visage, à la lutte pour un corner. « En tant que joueuse, c’est bien que Magda ne participe pas à ces matchs, mais aussi pour éviter ce genre de duels », concluait Pernille Harder pour Aftonbladet. À voir si lors de leur affrontement, on retrouvera la pancarte « Pernille tar disken » (Pernille fait la vaisselle) devenue virale, gageant que la perdante s’occupe des tâches ménagères à leur retour à la maison. Foyer qu’elles veulent revoir le plus tard possible.

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