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- France-Ukraine (4-0)
Parce que les Bleus sont une fête
Dans une journée marquée par les commémorations des attentats du 13 novembre 2015, l'équipe de France a honoré son contrat : celui de se qualifier pour la prochaine Coupe du monde, mais aussi de créer des moments de partage. Tout ce qu'il faut pour se projeter avec enthousiasme vers l'avenir, quoi qu'il puisse nous réserver.
Les points orange disparaissent les uns après les autres, à mesure que le train avale les stations. Lucas a les yeux rivés sur la liste des arrêts de la ligne 10, et décompte les arrêts. Plus qu’un avant Porte d’Auteuil. Lui n’a pas 10 ans, mais son père, deux drapeaux tricolores enroulés dans la pogne, sait ce que ça représente de se déplacer un 13 novembre dans un stade : « Bien sûr que j’ai en tête tout ce qui s’est passé, on ne peut pas faire autrement que d’y penser. Mais il faut que la vie continue et qu’on continue de se rassembler ». Surtout que ce soir est un soir spécial : son fiston assistera à son premier match au stade et, de facto, son premier match de l’équipe de France.
🇫🇷 France 0-0 Ukraine 🇺🇦 #FRAUKR Le bel hommage du Parc des Princes qui honore la mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015. 🇫🇷 Le match des Bleus à suivre en direct sur TF1 & @tf1plus : https://t.co/0kxE7Lu0KQ pic.twitter.com/ilV93Cn0gk
— TF1 (@TF1) November 13, 2025
Le genre d’événements et de lieux, ceux « qui brassent les âmes » comme les qualifiait au même moment le président Macron lors de son homélie au Jardin du souvenir du 13-Novembre, qui étaient frappés 10 ans plus tôt par l’horreur du djihadisme. Ce jeudi au Parc des Princes, la France s’est recueillie, la France a prié pour les 132 victimes de ces attentats, avant de verser dans une jubilation que sait si bien offrir le football.
Yes he Did(ier)
Après une première période crispante, le contexte des commémorations n’aidant à la détendre, les Bleus ont su faire sauter le verrou ukrainien : un péno de Kylian Mbappé, la montée en puissance de Michael Olise, un retour fracassant de N’Golo Kanté et une entrée convaincante d’Ekitike auront fini par faire basculer le destin de cette rencontre et tamponner le ticket tant attendu. Pour le DJ, l’occasion était trop belle pour ne pas enchaîner du Joe Dassin avec du Tupac : voilà la bande à Didier Deschamps qualifiée pour la 17e phase finale de son histoire et pour un Mondial en Amérique du nord.
On n’a pas forcément offert le meilleur jeu mais on a eu des résultats à la hauteur de notre équipe.
Rien de banal quand on sait que ce continent s’est refusé au « DD joueur » en 1993, la faute au coup de Trafalgar du terrible Kostadinov dans cette même arène. « Je ne suis pas un grand expressif, je le reconnais mais il faut apprécier ces moments-là et on y sera », réagit le boss, précisant qu’il a quand même pu faire un crochet au pays de Mickey et Donald « cet été en observateur ». « C’est une bonne chose de faite. Sur l’ensemble des qualifications, je pense qu’on l’a mérité, se félicitait Hugo Ekitike sur TF1, dans un vocabulaire très deschampien. On n’a pas forcément offert le meilleur jeu mais on a eu des résultats à la hauteur de notre équipe. Le boulot est effectué. On a une pensée par rapport à ce qu’il s’est passé il y a 10 ans, donc on fête ça modestement, mais c’est un grand accomplissement. » Les leçons ont été apprises et même récitées ; les fantômes du passé peuvent donc rester au placard.
On the road again
Alors maintenant ? Voilà la seule question qui compte. Laissons de côté le déplacement de dimanche en Azerbaïdjan, qui comptera pour du beurre. Il s’agit de préparer la suite. Ou plutôt la fin pour Didier Deschamps qui rendra les clés du camion à la fin du tournoi. En 2025, le sélectionneur a pu constater que son collectif n’était pas encore complètement rodé. Si on parle de jeu, la demi-finale de Ligue des nations a montré que l’Espagne avait encore un petit temps d’avance. Les rassemblements successifs depuis la fin de l’été dans ces qualifications express ont aussi indiqué que les Bleus traînent encore des pieds face à des équipes regroupées : l’Islande les a challengés à l’aller (2-1 miraculeux) comme au retour (2-2), l’Azerbaïdjan n’a pas eu le droit à la fessée promise (3-0), alors que deux mi-temps sur quatre contre l’Ukraine ont laissé songeur.

Mais 2025 a aussi et surtout prouvé que, même baladée par la Roja, cette équipe de France a la ressource mentale pour croire à une remontada (défaite 5-4 au final). L’automne a souligné que les blessures, même d’un Ballon d’or et d’un Golden Boy, ne plomberaient pas cette équipe au vivier inépuisable. Il y en a encore plein en réserve, mais Barcola, Ekitike, Mateta, Thauvin, Cherki, Akliouche, Coman ou Nkunku ont tous eu une ou plusieurs occasions de se montrer sous leur meilleur jour.
Un arsenal qui devrait satisfaire le capitaine Mbappé dans sa quête, lui qui est sur le chemin d’une saison affolante d’un point de vue statistique. Ajoutez à ça un N’Golo Kanté increvable, un Manu Koné toujours plus costaud, une défense incarnée par un solide trio (Upamecano, Saliba et Konaté) : les Bleus peuvent voir loin. Demain, il faudra articuler tout ça. Pourquoi pas autour d’un Michael Olise qui ne cesse de prendre de l’épaisseur dans ce groupe. La France a besoin de ce type de chef d’orchestre pour continuer de sonner, de jouer et de vibrer. Parce que le pays en a besoin, cette équipe de France doit être une fête. Et celle de l’été prochain mérite d’être belle.
Ce que le tirage de la Coupe du monde 2026 peut réserver aux BleusPar Mathieu Rollinger, au Parc des Princes





















