Community Shield, déjà 100 ans
En France, il y a le Trophée des Champions. Souvent un match chiant comme les embouteillages aoûtiens. En Angleterre, il y a le Community Shield. C'est le même principe, le champion contre le vainqueur de la Cup, mais en infiniment plus classe. Déjà parce que ça se joue un dimanche et à Wembley. Puis cette année, le Bouclier fête son premier siècle d'existence. Dans un coin, le challenger, Porstmouth, premier non-membre du Big Four à disputer le trophée depuis 1996. En face, avec le record de l'épreuve, affichant douze KO pour vingt-quatre participations, tenant du titre et également vainqueur du premier Charity Shield de l'Histoire, Manchester United.
Portsmouth
L’été : En attendant Younès Kaboul, Hary Redknapp s’est attelé à renforcer sa ligne avant. Le coach anglais lorgne toujours sur Sid Gouvou, Jeremy Menez, Wright-Phillips et Benayoun. Pour le moment, seul le double mètre de Peter Crouch est revenu pour 13 millions d’euros, tandis que Chelsea a prêté son prometteur israélien Ben Sahar. Sinon, Omar « OJ » Koroma, l’attaquant gambien de 18 ans, vient de signer pour repartir en prêt à Norwich City dans la foulée. Perte non négligeable, le ghanéen Sulley Muntari placera désormais ses mines à trente mètres pour le compte de l’Inter Milan version José Mourinho. Au rayon insolite, Celestine Babayaro a contracté la malaria alors qu’il était à l’essai. Une fois la maladie vaincue, Portsmouth lui a proposé un contrat d’un an. Bref, à Portsmouth, l’info ce n’est pas très glamour. Un peu comme le temps, là-bas, en été : entre 16 et 23 degrés, avec des nuages.
Celui qu’on attend : Et pourquoi pas Jermaine Defoe ? S’il continue sur la lancée de son excellente demi-saison à Portsmouth, ponctuée de huit buts en onze matchs de Premier League, le poids plume pourrait enfin aller au delà de cette réputation de buteur mou tournant autour de la dizaine de pions par exercice. Il faut dire qu’en huit saisons passées à Londres, entre West Ham et Tottenham, on l’a plus souvent vu dans les pages people des gratuits Lite et London Paper, aux bras de diverses filles dans les boîtes posh de Soho, que dans les colonnes sport. Pour Jermaine Defoe, l’occasion est belle de prouver dès dimanche qu’il peut-être un buteur… pour de vrai.
Un peu d’Histoire, bordel : Le palmarès n’est pas forcément ce qui caractérise le Portsmouth Football Club. Du coup, des Charity/Community Shield, on n’en a pas joué des masses. Un seul en fait, parce que l’Histoire n’a pas l’habitude de faire des cadeaux.En 1949 donc, c’est en champion que le club portuaire ne peut faire mieux que match nul 1-1 face à Wolverhampton. Et c’est tout. En effet, tenant de la FA Cup en 1939, Pompey est privé de Shield en raison de Seconde Guerre Mondiale. Puis en 1950, Portsmouth triomphe en Premier League, Arsenal soulève la Cup, mais cette année-là, le Shield est remixé. Ainsi c’est l’équipe d’Angleterre de la Coupe du Monde, victorieuse 4-2 d’une sélection de la Fédération qui s’empare du bouclier. Cette année encore, ils ont joué avec le feu car pour l’édition du centenaire, les instances anglaises auraient très bien pu organiser un match de gala.
Manchester United
L’été : Si Wayne Rooney a trusté l’actualité mancunienne en juin avec son mariage à l’italienne et sa lune de miel à Las Vegas, Cristiano Ronaldo a vite repris ses droits. Entre son transfert au Real Madrid, sa rupture avec Nereida Gallardo – une fille peu à l’aise avec les hauts de bikini – , sa blessure à la cheville et ses coups de rein à Beverly Hills, le Portugais est sur, en dessous, au dessus et derrière, tous les fronts. De quoi éclipser le mercato sans vagues de Manchester United. Si le prêt de Tevez a été transformé en transfert définitif pour 40,5 millions d’euros, Old Trafford se languit de voir un jour débarquer Dimitar Berbatov. Côtés départs, Mikael Silvestre et Louis Saha sont priés d’imiter Gerard Piqué, parti au Barca et Danny Simpson, prêté à Blackburn.Celui qu’on attend : Ryan Giggs, of course. Deux Champions League, dix titres en Premier League, quatre FA Cup, deux Carling Cup… Le palmarès du Gallois fait rougir. Pas étonnant dès lors qu’il détienne le record de figuration en Community Shield. S’il foule la prairie londonienne ce week-end, il fêtera sa onzième apparition ! En dix titularisations, il a soulevé six fois le bouclier, marquant son seul but l’an dernier contre Chelsea. Et personne ne sait si le gaucher compte s’arrêter un jour. Après tout, il n’a que 34 ans…
Un peu d’Histoire, bordel : On est le mercredi 24 octobre 1956, dans le Maine Road, l’antre de Manchester City. Les Citizens ont remporté leur troisième FA Cup au mois de mai, et affrontent leur pire amant, Manchester United, champion pour la quatrième fois de son histoire. 0-0 à la mi-temps, City commence à y croire. D’autant plus que le gardien des rouges, Ray Wood, se blesse et qu’il est remplacé par un certain David Gaskell. Âgé de 16 ans et 19 jours, Gaskell, à la base, assistait au match en tant que spectateur ! Voilà comment il est devenu le premier remplaçant de l’Histoire du club, et le plus jeune joueur à porter la tunique de Man U. L’anecdote s’embellie puisque les Reds Devils remportent le Charity Shield, 1-0 sur un but de Viollet.Moins de chance par contre ce samedi 12 août 1967, à Old Trafford. Manchester United ne peut faire mieux que 3-3 face à Tottenham. Le deuxième but des Spurs étant inscrit par Pat Jennings… le gardien, depuis sa propre surface de réparation.
A caler dans une discussion :
– Le Community Shield le plus prolifique a eu lieu en 1911, un Manchester United – Swindon Town achevé sur un 8-4.
– Les tirs au but ont fait leur retour en 1993. Dans les années 80 et au début des nineties, en cas d’égalité, chaque club gardait le trophée pendant six mois.- La rencontre se dispute à Wembley depuis 1974. Cette année-là, une après-midi brûlante, 67 000 âmes ont vu Liverpool battre Leeds 6 penaltys à 5 (1-1 temps réglementaire), avec les expulsions de Billy Bremner et Kevin Keegan.
– Jusqu’en 2001, le Community Shield s’appelait le Charity Shield. Les recettes générées par la vente de billets pour ce match sont allouées à plusieurs projets et causes. En 1912, par exemple, l’argent avait été reversé à la fondation créée après le naufrage du Titanic.
Pierre Maturana
Merci à Ian McLeish, rédacteur en chef du magazine officiel de Manchester United, pour la jolie petite histoire de David Gaskell.
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