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La fin des fidèles
Arsène Wenger quitte Arsenal, Peter Crouch descend en deuxième division, Michael Carrick prend sa retraite... Chaque saison, des personnalités fidèles à l'élite anglaise désertent leur royaume. Et cette année peut-être encore davantage que les précédentes.
Il n’y a pas si longtemps, l’Angleterre disait adieu à ses icônes nommées Steven Gerrard, Frank Lampard, Jamie Carragher ou encore Gary Neville. C’est (malheureusement ou heureusement) la loi du temps qui passe : chaque saison, des personnalités fidèles à la Premier League, qu’ils ont marquée de leurs gestes ou de leurs paroles, s’en vont, laissant les nostalgiques se consoler comme ils peuvent avec d’anciens journaux et enregistrements vidéo. Ces mêmes nostalgiques qui, au terme de cette saison 2017-2018, commencent sérieusement à regretter l’irréversible caractère toujours éphémère des choses. Car cette fin d’exercice vient remplir encore une fois leur tristesse. Et même sans doute plus que d’habitude.
Wenger et Carrick, les livres refermés
Le plus gros « choc » réside évidemment dans le départ annoncé d’Arsène Wenger. Sur le banc d’Arsenal depuis 1996, soit plus de deux décennies, l’entraîneur français a décidé de dire stop, à 68 ans. Avec lui, c’est tout une partie de l’histoire du club, mais aussi du championnat anglais qui s’en va. À Old Trafford, les fans de Man United vont quant à eux devoir dire adieu à Michael Carrick, qui porte les couleurs des Red Devils depuis 2006, et dont la carrière au pays a débuté dès 1999 (au passage, le milieu de terrain n’a évolué en deuxième division qu’une seule saison, en 2003-2004). À 36 ans et ennuyé par un corps qui ne suit plus l’intensité du football moderne, celui qui sera titulaire et capitaine lors de la réception de Watford incarne encore une certaine idée du ballon rond britannique. Celle de la besogne qui gagne, de l’Anglais qui grandit et s’épanouit à l’intérieur de ses frontières, de celui qui boit des pintes avec des fans amis.
Crouch, l’armoire changée
Moins médiatique parce que moins certain et moins brutal, le probable au revoir de Peter Crouch à la Premier League participe aussi au changement d’époque regretté par certains anciens. Relégué au sein de l’échelon inférieur avec Stoke City, l’attaquant aux 37 bougies traînait sa longue carcasse au sein du paysage parfois bourrin de l’élite depuis 2002 (même s’il a évolué quelques mois en Championship l’année suivante). Qu’il opte pour la retraite, respecte son contrat chez les Potters(il lui reste un an à tirer) ou s’engage à l’étranger, bref quelle que soit la décision de l’avant-centre, le championnat perdrait le recordman de buts de la tête. Des coups de casque qui font partie intégrante du patrimoine footballistique du pays.
? @petercrouch takes his place in the Guinness World Records annual.? https://t.co/1REr8agb8M pic.twitter.com/eZoP78FnrI
— Stoke City FC (@stokecity) 9 octobre 2017
Pour ne rien arranger, les amateurs du sport le plus populaire de la planète ont flippé ces derniers jours pour la vie d’Alex Ferguson. L’Écossais n’est plus dans le game depuis qu’il a quitté MU en 2013, mais sa présence dans un stade rassure les plus conservateurs. Une angoisse due à une opération d’urgence subie par l’ex-boss des Red Devils, placé en soins intensifs en raison d’une hémorragie cérébrale et à présent hors de danger.
Sir Alex no longer needs intensive care and will continue rehabilitation as an inpatient. His family have been overwhelmed by the level of support and good wishes but continue to request privacy as this will be vital during this next stage of recovery. pic.twitter.com/7AFFspsaj7
— Manchester United (@ManUtd) 9 mai 2018
C’est le jeu de la mondialisation s’appliquant à quasiment toutes les nations européennes, et il appartient à chacun de juger si le « phénomène » est bon ou mauvais, mais les carrières à la Wenger, Ferguson, Carrick, Crouch, Lampard, Gerrard, Carragher, Neville se font – et se feront – de plus en plus rares. Et la Premier League – comme d’autres championnats – est déjà entrée dans une nouvelle ère (avec comme conséquences directes, au passage, son lot de polémiques entourant par exemple l’influence des agents, illustrées par les affaires croissantes de Jorge Mendes chez le promu et champion de deuxième division Wolverhampton).
Est-ce à dire que le football était mieux avant ? Encore une fois, là n’est pas le propos, et les avis défileront de manière aussi variée que changeante. Mais, quand même, il est toujours compliqué de dire bye bye. Surtout quand il faut le susurrer à plusieurs personnes en même temps. Parce qu’au fond, on est tous un peu nostalgiques. D’Alan Shearer, de Gerrard, de Lampard, de Ferguson ou de Crouch. Ou de l’addition de tous ceux cités, formant un bel ensemble que beaucoup se sont plus à contempler.
Par Florian Cadu