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  • Ce qu'il faut retenir de la 32e journée

La fête de Norwich, le sucre de Kane

Par Maxime Brigand
9 minutes
La fête de Norwich, le sucre de Kane

C'est une parabole de Payet, un pétard de Mbokani. C'est le sourire de De Bruyne, un plongeon de Vardy ou encore un biscuit brésilien dont on ne connaissait plus le goût. Mais on retient aussi les coups de poing d'Iwobi, ceux de Lloris et cette sombre histoire de dopage. Comme l'un des derniers bals, décisif par endroit, destructeur à d'autres. En nuances de plaisir.

L’équipe de la journée : Norwich City

Il faut voir la tête de Martin Olsson partir dans tous les sens, le corps d’Alex Neil décoller du sol et, instantanément, Carrow Road imploser. C’était le match de la peur, celui des excès et où la folie doit naturellement être invitée. Et, au regard des résultats du week-end, il s’agit peut-être aussi d’une bascule dans la lutte finale pour ne pas descendre en Championship que se livrent Newcastle United, Sunderland, Norwich City, Crystal Palace et, à un degré moindre, Swansea et Watford. Samedi, Norwich a claqué Newcastle sur le fil (3-2) après avoir été remonté deux fois au score grâce à un doublé d’Aleksandar Mitrović, grâce à un tir croisé de Martin Olsson dans les arrêts de jeu. Comme la juste récompense de l’opération sauvetage par le jeu menée par Alex Neil et ses Canaries depuis le début de la saison. Grâce à cette victoire, la deuxième en deux semaines après le succès à West Bromwich Albion (1-0), Norwich souffle et compte ce matin quatre points d’avance sur Sunderland, premier relégable, accroché sur sa pelouse contre WBA (0-0). Pour Newcastle, l’histoire se complique alors que Rafa Benítez n’a toujours pas remporté la moindre rencontre avec les Magpies, malgré un visage offensif plutôt séduisant à Carrow Road. Le technicien espagnol va certainement déchirer sa feuille de match, avec des choix discutés et discutables comme la non-titularisation de Mitrović au profit de Cissé – une première depuis près de quatre mois. La vie de château.

Le joueur de la journée : Kevin De Bruyne

Comme le tuyau manquant pour relier les parties d’une machine et activer le rouleau compresseur. Cela faisait deux mois que Manuel Pellegrini attendait son diamant belge, Kevin De Bruyne, touché aux ligaments d’un genou et d’une cheville. De retour sur les terrains du côté de Bournemouth, à quatre jours d’un quart de finale de Ligue des champions contre le PSG, KDB a tout simplement été exceptionnel, haussant sous sa semelle le niveau d’une équipe en panne de confiance depuis plusieurs semaines. Pendant près d’une heure, le roux doré a créé des décalages, accéléré, fait craquer quelques sourires par des gestes exquis et aussi rallumé le triangle qu’il forme avec David Silva et Sergio Agüero. Il ne suffit de se repasser qu’une action, celle du deuxième but de City, vainqueur logique (4-0), inscrit par De Bruyne au terme d’un mouvement aérien XXL. La confiance est présente, et City a les cannes bouillantes avant de filer à Paris. Seule incertitude : la défense, une nouvelle fois absente par moments, avec un Mangala fébrile et un Otamendi peu rassurant.

Le but de la journée : Dimitri Payet

Slaven Bilić parle d’un nouveau « moment magique » . Tout le monde a les yeux figés et n’en croit pas ses yeux. L’instant semble hors du temps, arraché à la réalité tant sa beauté est irrationnelle. Face à Crystal Palace, samedi, West Ham a souffert, mené, terminé à dix et s’est fait rattraper à un quart d’heure de la fin sur le premier but depuis plus d’un an de Dwight Gayle (2-2). Reste que malgré les point perdus dans la course à l’Europe par les Hammers, Upton Park a fermé les yeux sur un moment de grâce une nouvelle fois apporté du pied droit de Dimitri Payet. Il était pourtant usé physiquement de ses deux matchs avec l’équipe de France, moins tranchant, peu percutant. Mais sur trois pas d’élan, il a lâché un délice de coup franc dans la lucarne gauche de Wayne Hennessey avant d’aller se jeter dans les bras d’une famille qui lui rend enfin l’amour qu’il mérite. On ne sait pas où Payet s’arrêtera, mais sa partition anglaise est aujourd’hui une référence. West Ham, de son côté, est ce matin sixième à trois points de City, deux de United, et s’apprête à recevoir Arsenal le week-end prochain dans un choc décisif pour sa quête d’un ticket européen.

La déclaration de la journée

« Il commençait à compter les jours et à frapper à la porte. Jusqu’ici, il était dans une sorte de pré-saison. J’aurai pu le prendre au bout de deux ou trois semaines, mais cela aurait été irresponsable de ma part. Il n’était pas assez fort physiquement pour jouer dans ce championnat. C’est un championnat difficile et il aurait pu se tuer d’entrée. On a su prendre le temps, et lui a su faire face à la concurrence pour finalement apparaître. » Guus Hiddink, à propos d’Alexandre Pato, buteur pour ses débuts avec Chelsea face à Aston Villa (4-0).

Le contraste entre les deux mondes est assez saisissant. À Villa Park, samedi, il y avait d’un côté le temps de la contestation après la semaine difficile connue par Aston Villa avec le départ de Rémi Garde, remplacé temporairement par Eric Black. Alors que les Villans vivaient leur vingt-deuxième défaite de la saison face à Chelsea (0-4), des pancartes fleurissaient à travers les tribunes pour cibler le propriétaire, Randy Lerner, traité de « lâche » , interroger le futur du club – « Proud history, what future ? » – ou critiquer l’attitude des joueurs parmi lesquels seul Jordan Ayew a surnagé. De l’autre, il y avait le Chelsea de Hiddink, qui ne s’arrête plus de sourire (15 matchs sans défaite) avec ses nouvelles têtes, ses gamins et un revenant. Car si Ruben Loftus-Cheek a inscrit son premier but en Premier League au cœur d’une prestation convaincante, la gueule de l’après-midi était celle d’Alexandre Pato, arrivé à Londres fin janvier, et buteur dès sa première apparition sur penalty. L’histoire d’un éternel espoir, d’un mec qu’on avait tous oublié. Entre Alexandre le Grand et Alexandre Arcady. Pato beurre.

L’analyse définitive du week-end : Arsène Wenger sait retourner l’Emirates et le serrer dans ses bras

Rien ne fera oublier la saison déjà bourrée de remords des Gunners. Même pas les déclarations d’espoir d’Arsène Wenger qui estime que son Arsenal a encore une chance d’aller chercher le titre et qui a recadré Mesut Özil cette semaine, jugeant son chef d’orchestre trop « pessimiste » . Ce week-end, les Londoniens ont enchaîné une deuxième victoire de rang dans ce qui apparaît comme la rencontre la plus aboutie à domicile depuis plusieurs mois et avec une revanche à la clé face à Watford (4-0), quelques semaines après la victoire des Hornets à l’Emirates en FA Cup. Le changement d’atmosphère entre les deux rencontres est frappant. D’un virage entre les demandes de démission envoyées à Wenger à des « olés » chantés samedi après la pause. Car Arsenal a joué de nouveau, porté par un nouveau quatuor offensif plein de promesses emmené par Obi-Wan Iwobi, buteur pour la deuxième rencontre de suite et passeur décisif pour Alexis Sánchez. De quoi revenir souffler dans le dos de Tottenham.

Vous avez raté Liverpool-Tottenham et vous n’auriez pas dû

Pour voir Hugo Lloris sortir son costume de héros dans toutes les positions. Pour voir aussi Harry Kane sauver les siens de la défaite, rectifier une prestation générale moyenne et aussi entrer dans l’histoire de Tottenham en devenant le meilleur buteur du club sur une saison de Premier League avec 22 buts. Mais surtout Philippe Coutinho, Lallana et Sturridge buter une nouvelle fois à un moment où Liverpool pouvait grimper dans le train européen, alors que Stoke avait été accroché plus tôt à domicile et que Southampton a été battu à Leicester dimanche (0-1). C’est aussi le titre qui a probablement pris un virage quasi définitif avec des Foxes qui comptent maintenant sept points d’avance sur les Spurs qui s’apprêtent à recevoir Manchester United. Vardy en plonge de plaisir.

La polémique autour de la théière : c’est quoi cette histoire de dopage généralisé ?

La bombe du week-end a éclaté dans les colonnes du Sunday Times. L’information est encore à prendre avec des pincettes, et les principaux accusés se sont empressés de rejeter les affirmations en bloc. Selon l’hebdomadaire britannique, habitué de la révélation des scandales de dopage, 150 sportifs britanniques se seraient fait prescrire par le médecin londonien Mark Bonar et un confrère encore inconnu, des produits interdits (EPO, stéroïdes et hormone de croissance). L’enquête parle alors d’un réseau de clients secrets dont plusieurs joueurs de Premier League évoluant à Arsenal, Chelsea, Tottenham ou encore Leicester. Le ministre britannique des sports, John Whittingdale, s’est déjà dit « choqué » et a ordonné l’ouverture d’une enquête indépendante, alors que les clubs visés ont publié respectivement des communiqués pour balayer les révélations du Sunday Times. Des premiers noms ont déjà circulé : Schmeichel, Fuchs, Kante, Mahrez, Vardy, Albrighton, Okazaki, Eriksen, N’Jie, Iwobi ou encore Iheanacho. Le recul est nécessaire, la suite de l’enquête attendue. En attendant, Wes Morgan a assuré pour offrir à Leicester un quatrième succès consécutif avec un but d’écart. Sans briller mais avec calme.

La stat inutile :

200 – Battu à Old Trafford (0-1), Everton a enregistré la 200e défaite à l’extérieur de son histoire en Premier League. Seul Newcastle a fait pire (203). La sauce au bleu.

What else ?

Face à Everton, Anthony Martial a inscrit le 1000e but à domicile de l’histoire de Manchester United en Premier League. Le Mille Bornes.

Pato est le sixième Brésilien à marquer en Premier League dès son premier match. C’est aussi le onzième Brésilien à jouer pour Chelsea, soit trois de plus que dans l’histoire de n’importe quelle équipe du pays. Chelseao.

Aston Villa n’a converti que 9,5% de ses actions cette saison. Gâchette enrayée.

Buteur contre Watford samedi, Héctor Bellerín a inscrit l’ensemble de ses trois buts avec les Gunners à l’Emirates. La maison rouge.

West Ham a déjà reçu cinq rouges cette saison. Seule la saison 1999-2000 a été pire sur ce point pour le club (8). Coup de marteau.

Avec onze passes décisives, David Silva affiche son meilleur total depuis son arrivée en Angleterre juste derrière la saison 2011-12 (15).

Cette saison, City a marqué sept buts en première période contre Bournemouth en deux matchs. Précoce.

Jonathan Leko est le premier joueur né en 1999 à jouer en Premier League (16 ans et 344 jours avec WBA contre Sunderland samedi). Coup de vieux.

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