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« L’OM, le club, les dirigeants, tout ça, pas un bon souvenir »

Ugo Bocchi, à Monaco
17 minutes
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Coupe de cheveux millimétrée, barbe taillée, chaussure pointue, petite chemise et jus d’ananas, Philippe Christanval a beau avoir pris sa retraite il y a pas loin de dix ans, il s’entretient. Aussi bien physiquement que professionnellement. Aujourd’hui agent immobilier de luxe, entre Monaco, Paris et Londres, il prend le temps de se poser, dans le salon de son hôtel, pour revenir sur sa carrière toute aussi intrigante que frustrante. Et entre Sarcelles, ses regrets, Nicolas Anelka, sa reconversion, Arda Turan, son passé de réserviste, Nelson Mandela, sa religion, Marseille, sa reconversion et Barcelone, il a bien des choses à raconter.

Tu as lu Dieu Football Club ?Oui.

Tu penses quoi de toutes les polémiques qu’il peut y avoir autour de la religion ? Dans le foot notamment.C’est un sujet qui n’est pas évident. Après, moi, personnellement, j’ai toujours préféré garder ma religion pour moi. Pour les repas en groupe, s’il y avait du poisson, je prenais du poisson. Mais je n’allais pas forcément faire de scandale pour avoir de viande halal. Mais c’est vraiment un sujet délicat en France.

On parle de toi dans le livre d’ailleurs. Mohamed Regragui, ancien joueur et aujourd’hui coach mental, dit : « J’ai vu des mecs se lancer à fond dans l’Islam, pour tout délaisser. Comme Kodjo Afanou, ancien Bordelais et l’ancien international français, Philippe Christanval. »

« Est-ce que j’ai arrêté le football par rapport à ma religion ? Non. J’ai arrêté parce que c’était le moment de tourner la page, tout simplement. »

Je le connais Mohamed. Et c’est propre à lui. Il y a peut-être des propos qui ont été mal interprétés, mais je ne vois pas où est le problème. On peut être footballeur et musulman pratiquant sans problème. Est-ce que j’ai arrêté le football par rapport à ma religion ? Non. J’ai arrêté parce que c’était le moment de tourner la page, tout simplement.

Quand est-ce que tu t’es converti à l’Islam ?À 18 ans. Mes parents ne sont pas musulmans. J’ai été éduqué dans la religion catholique, j’ai fait mon catéchisme, etc. Mais voilà, je ne trouvais pas forcément les réponses aux questions que je me posais à l’époque. Et j’ai toujours été croyant depuis tout petit. Et quand j’ai commencé à m’intéresser à l’Islam, j’ai trouvé les réponses aux questions que je me posais. Les choses étaient plus claires, plus simples, plus limpides, c’est pour ça qu’après j’ai décidé de franchir le pas.

Quelles questions tu te posais ?Des questions existentielles comme : « Pourquoi sommes nous là ? » Des questions qu’un adolescent peut se poser à un moment donné dans sa vie. Et moi je n’avais pas les réponses. Et dans l’Islam, je les ai trouvées.

Et comment tu es arrivé à l’Islam ?Un ami me parlait de sa religion. Et en fait, un jour, j’ai percuté. Mais bon, je suis quelqu’un de réfléchi, je ne me lance pas dans quelque chose si je ne comprends pas. Et donc j’ai acheté des livres, j’ai lu, je me suis intéressé, j’ai vu, et je me suis aperçu que ça me correspondait. Et puis que c’était vachement cohérent.

Comment as-tu abordé ta conversion religieuse avec ta famille ?Au début, c’était délicat parce que je ne voulais pas trop en parler. Aujourd’hui j’ai 37 ans, donc ça va mieux. Mais c’est vrai qu’à l’époque, j’avais 18 ans, je ne voulais pas trop en parler et c’est un journaliste qui en a parlé dans le Parisien. Je m’en rappellerai toute ma vie. C’était avant un match contre l’Italie. On jouait avec les Espoirs. Et mes parents l’ont appris comme ça.

Sérieusement ?Oui, je ne les avais pas prévenus. Ma mère était un peu… Comment dire ? Comme elle est très croyante, pratiquante, elle avait un peu d’appréhension, voilà. Mais après on a eu une discussion, et c’est allé mieux.

« Par rapport à la religion, les Anglais ont une ouverture d’esprit extraordinaire. Ils ont dépassé des débats qu’on a actuellement en France depuis bien longtemps. »

Ce qu’elle espère, elle, c’est juste que ça me rende heureux. Sur le coup, ça fait un peu mal quand même, parce que bon 1) je ne l’ai pas dit à mes parents et 2) cette journaliste en question balance ça dans la presse, comme ça, sans forcément me poser la question… C’est grave ! Chacun est libre de vivre sa religion, sa non religion, sa vie, comme il l’entend. Et je trouve que les Anglais par rapport à ça, ils sont extraordinaires. Ils ont une ouverture d’esprit extraordinaire. Ils ont dépassé des débats qu’on a actuellement en France depuis bien longtemps. Aujourd’hui, j’ai 37 ans, ça va mieux. J’ai déjà fait plusieurs pèlerinages. Dont un avec Frédéric Kanouté. Il nous avait invité pour faire un match caritatif pour son association là-bas. Et du coup, on a fait le match là-bas et on en a profité pour faire un petit pèlerinage.

Tu as entendu parler de Yarouba Cissako, jeune espoir monégasque qui est parti au Qatar et qui a fait la Une du Parisien parce qu’il aurait voulu devenir imam ? J’ai discuté à plusieurs reprises avec lui. Il est venu me demander conseil. Et je lui ai dit que le football n’était pas contre la religion. On peut être footballeur professionnel et pratiquant. Il y a des catholiques pratiquant, des musulmans pratiquant, des juifs pratiquant et footballeurs. Après j’ai appris dans la presse qu’il était parti au Qatar. J’ai essayé de le conseiller au mieux, mais il a fait son choix. Il lui appartient.

Retour au foot. Après ton passage à Monaco, tu pars à Barcelone pour 16 millions d’euros. À l’époque, c’est énorme, tu le vis comment ?Quand on est joueur on ne pense pas à l’argent, ce sont des choses de journalistes ça. On ne touche rien sur le transfert. J’étais surexcité à l’idée de jouer à Barcelone, c’est tout. C’était déjà un très, très grand club. Quand je suis arrivé là-bas, le plus dur pour moi, c’était le contraste médiatique entre Monaco et Barcelone. Ici, aucun journaliste. Là-bas, 50 journalistes à chaque entraînement. Tout est épié. En France, on a un quotidien, c’est L’Équipe. Là-bas, pour Barcelone, t’en as minimum trois. Et puis, sinon, pour mon acclimatation, bah, je suis arrivé au moment où Emmanuel Petit partait. Donc, j’ai repris sa maison. Plus facile pour s’installer. Je ne comprenais pas l’Espagnol au début, mais c’est vite rentré.

Il y avait Richard Dutruel, à l’époque aussi, autre Français…

Ouais, je suis allé vers lui au début, mais après je me suis surtout bien entendu avec les Brésiliens. Thiago Motta, il n’était pas encore Italien, mais déjà très intelligent, de la personnalité, technique, Geovanni, Fábio Rochemback et Rivaldo. On avait pratiquement tous le même âge. Et puis je ne sais pas, on s’entendait bien.

Du coup, t’as fait la fête ?(Rires) Je ne les ai pas vraiment suivi là-dedans.

La première saison, tu fais quand même une vingtaine de matchs, c’est pas extraordinaire. Mais à la fin, certains journalistes et supporters te surnommaient « Christanmal » .

« Avec Van Gaal, au Barça, ça s’est mal passé. Mais contrairement à ce qui s’est dit, la première année, j’ai fait de super matchs. »

Ça c’est encore un truc de journaliste. Non, mais la première année, ça s’est vraiment super bien passé. J’étais défenseur central, jeune, et plusieurs fois titulaire. L’entraîneur, Carlos Rexach, était super content de moi. Avant de partir à la Coupe du monde, il m’a dit : « Tu es un joueur fait pour jouer ici pendant dix ans. Mais faut juste que tu muscles un peu ton jeu. Et ça ira. » Mais il a conclu en me disant : « Malheureusement, je ne pense pas que je serai là l’année prochaine. Ce sera Van Gaal. » Et avec Van Gaal, ça s’est mal passé. Mais contrairement à ce qui s’est dit, je suis désolé, mais la première année, j’ai fait des super matchs. Mais les médias n’en parlaient pas de ça. Et la deuxième année, ça s’est mal passé donc.

Il t’a expliqué pourquoi Van Gaal ?Il y avait pas mal de Néerlandais à l’époque, et dans sa tête, il voulait tous les faire jouer. C’était comme ça. Il voulait faire jouer ses joueurs. C’est tout. J’ai pas fait beaucoup de matchs, c’était difficile. En plus, c’est un entraîneur avec beaucoup de caractère.

T’étais seul à cette époque ?Non, j’étais avec ma femme. Et ça m’a bien aidé. Dans ces situations-là, tu cherches des personnes avec qui tu peux te rassurer et tu te rapproches souvent de la famille.

Mais toi, pourquoi t’es parti de Barcelone en fait ?Erreur de jeunesse. J’ai fait une saison moyenne parce que je n’ai pas joué. Et l’Euro se profilait.

Quand je suis parti, Puyol, un mec super attachant, était dégoûté. Il a couru dans le parking, m’a rattrapé, et m’a dit : « Pourquoi tu pars ? Franchement t’aurais dû rester. Je suis sûr que si toi et moi on avait joué dans l’axe, ça aurait été top. »

Moi à l’époque, Santini m’appelait souvent, il voulait rebâtir l’équipe de France, avec Thierry (Henry), David (Trezeguet) et moi entre autres. Et il m’a dit : « En revanche, faut que tu joues. » Et moi du coup, j’ai privilégié le fait de jouer. Même avec le départ de Van Gaal, et l’arrivée de Rijkaard, les dirigeants ne pouvaient pas m’assurer de jouer. Et je suis donc parti. Marseille, c’était une belle vitrine, j’avais l’assurance de jouer avec Perrin qui me voulait vraiment. Mais mauvais choix. Quand je suis parti, Puyol, un mec super attachant, et un super joueur aussi, il était dégoûté. Je m’en rappellerai toujours. Je disais au revoir à tous ceux qui étaient là. Lui n’était pas encore arrivé. Et moi je suis allé au parking. Il a couru, m’a rattrapé, il m’a dit : « Mais non pourquoi tu pars ? Franchement t’aurais dû rester. Je suis sûr que si toi et moi on avait joué dans l’axe, ça aurait été top. »

T’avais l’impression d’être quel joueur toi ? On disait souvent que tu étais nonchalant, pas assez agressif.Je suis quelqu’un d’assez calme, ça fait partie de ma personnalité. Mais regarde Varane, il n’est pas agressif, il est propre. En fait, quand t’as un joueur comme Varane, on va dire : « Il n’est pas assez agressif. » Quand t’as un joueur comme Sakho, on va dire : « Il n’est pas assez bon avec ses pieds. » Il y aura toujours quelqu’un pour prendre tes défauts et les mettre en avant. Et Rexach me disait souvent : « Le but, c’est d’être fort dans ce que tu sais faire. Tes défauts, tu les amélioreras. Mais tu ne seras jamais au top dans tes défauts. En revanche, avec tes qualités, tu peux. » Le problème, c’est que les journalistes vont toujours prendre ton côté négatif. Moi je n’étais pas un joueur agressif, mais je récupérais le ballon différemment, j’anticipais, je n’étais pas forcément au duel, mais je lisais peut-être le jeu mieux que les autres. Par exemple, Laurent Blanc, c’était pareil. Sur les centres, il n’était pas toujours au contact. Mais quand il y avait le centre, il prenait le ballon de la poitrine et relançait, parce qu’il sentait le jeu. Voilà, chacun ses caractéristiques.

Aujourd’hui, quels joueurs te font rêver ?Sergio Ramos, Raphaël Varane, Thiago Silva et Jérôme Boateng. Deux joueurs du Real, mais faut être objectif. Sergio Ramos, il est hyper complet.

Et tu penses que c’est pour ton jeu balle au pied, ta technique qu’ils t’ont pris au Barça ?Oui, je pense. Ça faisait partie de mes qualités, j’étais à l’aise avec le ballon.

Ton idole de jeunesse, c’était qui ?Je n’avais pas d’idole.

« Quand j’étais petit, j’aimais bien Laurent Blanc, Beckenbauer et Franck Dumas »

J’aimais bien tel ou tel joueur. Pas de joueur référence. J’aimais bien Laurent Blanc, Beckenbauer, Franck Dumas, un super défenseur. Pour moi, on ne s’en souvient pas vraiment, mais c’était un super joueur. Magnifique ! Desailly aussi.

Arda Turan racontait a raconté il y a peu : « En 2002, j’étais ramasseur de balle et Christanval m’a donné son maillot. Peu importe le joueur, j’avais un maillot du Barça. » Je ne m’en souviens pas du tout. Mais c’est marrant. Quand tu donnes ton maillot à un enfant, tu ne t’en rends pas forcément compte, mais tu peux créer des vocations.

Après l’épisode catalan, Marseille. Ça ne s’est pas bien passé, d’un côté comme de l’autre. Tu peux raconter ta version des faits ?Ce qui s’est passé, c’est que dès que je suis arrivé, j’avais un problème au genou. Et les dirigeants à l’époque, ils n’ont pas été très professionnels. Le championnat à Barcelone, il se finissait plus tard, donc je revenais de vacances. Les joueurs à Marseille, eux, ils étaient déjà en préparation depuis au moins deux semaines. Et dès que je suis arrivé, on m’a fait jouer deux matchs en deux jours, alors que je revenais tout juste de vacances. Ce sont des choses qu’on ne fait pas normalement. Normalement, quand quelqu’un arrive, tu lui fais une préparation et tu le fais jouer petit à petit. Du coup, j’ai fait les deux matchs, je n’étais pas prêt et je me suis blessé au genou. Et après, pendant les trois premiers mois, j’étais à l’infirmerie, je devais me retaper. Après, j’ai commencé à jouer. Il y a eu un changement d’entraîneur. Perrin est parti. Anigo est arrivé. Bref, Marseille, ce n’est pas un bon souvenir.

Rien à en retenir ?Si, avec le groupe, avec les joueurs, ça se passait bien. Ils ont été très respectueux envers moi, même quand je ne jouais plus. Mais après, c’est vrai, que le club, les dirigeants, tout ça, pas un bon souvenir.

Tu as quand même pu suivre le parcours de l’OM en UEFA, la folie Drogba, la finale contre Valence, depuis une place privilégiée.Drogba, il a fait une saison, il était monstrueux. Il a porté l’équipe. C’est un mec simple en plus. Marseille, ça l’a fait décoller lui aussi.


Et ce geste contre Newcastle, tu l’avais déjà vu le faire ?Jamais. Ce n’était pas même un grand dribbleur Didier. Il sort ça, comme ça. De nulle part. Mais bon il était en pleine confiance. Il aurait pu tenter n’importe quoi, ça aurait marché.

Mais même avec ça, Marseille ne restera pas dans ton cœur ?

« L’OM, ça n’est pas un bon souvenir, mais ça m’a fait grandir en tant qu’homme. »

Toutes les expériences sont bonnes à prendre, ça m’a fait grandir en tant qu’homme. Ce n’était pas un club qui me convenait et même ma famille n’était pas heureuse là-bas. Ils ne se sentaient pas bien. L’ensemble n’était pas positif.

Il y a une raison à ça ?J’en sais rien, c’est un tout. Ma femme se sentait mieux à Barcelone qu’à Marseille. C’est la même atmosphère méditerranéenne. Mais voilà, c’est un tout.

Et ensuite t’aurais pu aller à Arsenal, non ?J’y suis allé même. Mais Wenger, il était en pleine discussion avec Sol Campbell à l’époque, et il m’a dit qu’il me prendrait si une place se libérait derrière. Et puis, finalement ça ne s’est pas fait, et j’ai signé à Fulham. J’avais toujours ce problème au genou. J’ai tout fait de mon côté pour le soigner, mais une fois que ça a commencé, c’est difficile de s’en remettre, de jouer à 100%.

Et tu rejoins finalement une grosse communauté de Français à Fulham ? Legwinski, Malbranque, Queudrue, Goma.Exact. Fulham c’est vraiment un bon petit club, dans un bon quartier de Londres. Et franchement, les trois années que j’ai passées là-bas étaient magnifiques. Je suis tombé sur un entraîneur, Chris Coleman, qui me faisait vraiment confiance. Trois années au top. On jouait le milieu de tableau et la dernière année, le maintien. Le championnat anglais, c’est vraiment magnifique. Le respect que les supporters ont pour les joueurs, ça m’a impressionné.

Ça t’a changé de Marseille ?

« Fulham et l’OM ? Le jour et la nuit. À Fulham, même quand on perdait, ils nous applaudissaient. Magnifique. »

Le jour et la nuit. Même quand on perdait, ils nous applaudissaient. Magnifique. Le vivre ensemble, le club, tout le monde se mélangeait avec tout le monde, les Français se rapprochaient un peu entre eux, mais on était tous très proche. À l’époque, il y avait de belles valeurs dans ce club.

C’est Tigana qui avait amorcé le recrutement français de Fulham, tu sais pourquoi certains clubs comme Arsenal, Newcastle, et pleins d’autres aujourd’hui se tournent vers notre championnat ?Les joueurs français ont la cote en Angleterre parce qu’un Français peut jouer partout. Un joueur formé à Barcelone, il va avoir plus de mal à s’adapter ailleurs. Mais le joueur français, il a le physique et la tactique et c’est pourquoi il s’exporte plus facilement.

Et ta famille se sentait bien en Angleterre ?Pour ma femme, ce n’était pas évident de déménager tout le temps, mais vers la fin, elle aussi, en avait marre. Elle était contente que j’arrête.

T’as quand même tenté un dernier essai à Blackburn ?Ouais, mais j’avais vraiment décidé d’arrêter avant d’arriver à Fulham. Là, je savais déjà que j’allais arrêter. J’avais ce truc en tête et difficile de l’enlever.

C’est Marseille qui t’a usé ?Un peu, ouais. Mais j’ai quand même commencé à 12 ans, ça faisait vingt ans que je ne faisais que ça, j’étais lessivé, saturé, j’en eu marre. Je ne l’ai jamais regretté.

C’est à cause de ton statut d’éternel espoir ? De la pression médiatique que tu as subie ?Oui, ça y a contribué. Aujourd’hui, je peux le dire avec le recul, j’avais le potentiel pour faire encore mieux. Mais voilà, j’ai eu des problèmes, avec mon genou notamment, je n’ai jamais pu revenir à 100% de mes capacités physiques. Quand je jouais, j’avais mal. Pareil quand je m’entraînais. Tout ce contexte a fait qu’à un moment donné, j’avais besoin de… (Il souffle)

C’est vrai que tu as pris ta retraite relativement tôt…Ouais, 31 ans. Et tout ça, ça a touché ma famille aussi. Ma mère surtout. Il y a ce qui se dit à l’extérieur. Et ce que nous on vit à l’intérieur.

« Ma mère prenait toutes ces critiques pour elle. Normal, je suis son fils. Elle a comme toutes les mamans, ce côté protecteur. »

J’ai toujours été droit, très professionnel, j’ai jamais triché, pendant les périodes de pré-saison, je partais très peu en vacances, je m’entraînais tout seul avec un préparateur physique, pour toujours être au top… J’ai fait énormément de sacrifices. Mais quand on voit de l’autre côté qu’il y en a qui critiquent comme ça, alors qu’ils ne savent pas les sacrifices que tu as faits, tu peux prendre un coup. Ma mère prenait toutes ces critiques pour elle. Normal, je suis son fils. Elle a comme toutes les mamans, ce côté protecteur. Mais bon, y a pire dans la vie.

Ta maman était soulagée que tu arrêtes le foot ?Même pas, elle voulait que je continue encore un petit peu elle. Mais moi, j’en pouvais plus.

Et pour ton fils, aujourd’hui, comment ça se passe pour lui ? Les gens lui parlent encore de toi ?Tous ses copains lui parlent tout le temps de moi. Et c’est là qu’on voit le décalage entre le monde médiatique et la réalité. Après ma carrière, j’ai vu que j’avais laissé une belle image, et les gens me disent qu’ils m’ont apprécié. Et c’est là que tu vois que ce qu’on dit dans la presse est différent de que les gens peuvent vivre et ressentir. Et les amis de mon fils, c’est pareil. Rien que le fait que j’ai joué à Barcelone, ils sont émerveillés et même très respectueux par rapport à ça.

Et t’as des regrets par rapport à ta carrière ?J’ai des regrets par rapport à ce que j’aurais pu faire. Notamment à cause de mes problèmes de genou. Mais sinon, aucun regret par rapport à l’intensité que j’ai mise dans ma carrière. J’ai donné tout ce que je pouvais donner. Aucun regret.

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