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Joueurs en tribune : l’histoire des trois petits ronchons
Pour ce dernier match préparatoire contre la Bulgarie (21h10 au Stade de France), Didier Deschamps compte pour la première fois sur un groupe de 26 joueurs. Pour trois d'entre eux plane ce soir, mais surtout pendant l'Euro la menace d'être recalé au troisième plan : pas sur le banc, mais bien tout là-haut en tribune. Autant dire que les places autour du terrain vaudront cher et sont mises en jeu dès maintenant.
« J’espère que les joueurs m’entendront beaucoup moins lors des prochains matchs. » Si Didier Deschamps veut qu’on lui coupe le sifflet, c’est pour deux raisons. La première, c’est qu’il espère que ces vingt jours de préparation lui permettront d’avoir suffisamment de certitudes et d’automatismes pour éviter de s’égosiller au moment où la compétition se corsera. La seconde, c’est que le sélectionneur attend avec impatience le retour du public. « Le vrai football, c’est avec des supporters et des stades pleins, scandait le Basque en conférence de presse. Ça nous a manqué. Le sport, c’est partager des émotions… » Ce mardi, à une semaine de l’entrée en lice des Bleus à l’Euro, ce sera un échantillon de 5000 personnes triées sur le volet qui prendront place dans le Stade de France. De quoi faire monter progressivement le volume avant les 14 500 spectateurs de l’Allianz Arena (25% de la capacité) mardi prochain contre l’Allemagne, puis les 67 000 places ouvertes à la Puskás Arena (100%) contre la Hongrie et le Portugal. Pourtant, au milieu de ces foules enthousiastes, trois individus porteront un survêtement officiel de l’équipe de France et risquent de tirer la tronche.
Après les coiffeurs, les shampooineurs
Nouveauté de cette édition post-épidémie, une sélection peut désormais embarquer 26 joueurs dans son avion, mais devra impérativement en laisser trois de côté au moment des matchs. Puisqu’en plus le troisième gardien doit obligatoirement prendre place sur le banc, cela fera quatre bonhommes qui seront assurés de ne pas fouler la pelouse. Alors, ces réservistes ne seront pas forcément les mêmes tout au long de la compétition, mais la donnée change considérablement l’équation en matière de management. « Je sais très bien que je ne peux pas faire plaisir à tout le monde. Il y aura forcément des déçus, commentait Didier Deschamps au moment de l’annonce de sa liste le 18 mai dernier. Déjà qu’à 23, ce n’était pas évident… »
On est pas bien là ?
On s’était fait au concept de coiffeurs, ces joueurs chargés d’étoffer le groupe pour parer à toutes les situations, mais promis à peu de temps de jeu, en général lors du troisième match de poule quand la qualification est assurée. Mandanda, Sidibé, Kimpembe, Mendy ou Lemar avaient ainsi apporté leur contribution au titre de 2018 en Russie. Adil Rami, lui, était le seul a voir squatté en permanence le banc de touche, mais avait éclaboussé ses partenaires de sa joie de vivre depuis ce spot imparable. Trois ans plus tard, il y a le risque de créer une nouvelle espèce. Appelons-les les shampooineurs. Ceux-là devront quitter la bulle que forme l’équipe quelques heures avant le début de la rencontre et patienter jusqu’au coup de sifflet final pour reprendre le train de l’histoire en marche.
Tout le monde ne veut pas de cette place
En 2021, être sur la feuille de match est déjà un objectif en soi, autant que d’être dans le onze de départ. Jules Koundé l’a déjà admis : « Je suis quelqu’un d’assez ambitieux, j’ai l’objectif de ne pas être en tribune. Le coach a des choix à faire, je les respecterai, mais je ferai le meilleur pour être dans ce groupe. » Sur l’identité des recalés, difficile de se faire une idée dès aujourd’hui. Pour la Bulgarie, il existe la probabilité que Rabiot, Hernandez et Coman commencent par chauffer les places, mais plus pour se remettre à 100% après des petits bobos. « Je ne prendrai pas de risques », commentait Deschamps. Mais à terme, en espérant que ce rab ne serve pas d’infirmerie, on pourrait imaginer Léo Dubois, Clément Lenglet, Thomas Lemar, Marcus Thuram ou Wissam Ben Yedder sur la sellette.
Pour le grand décideur, c’est toute l’importance d’avoir sélectionné des gars dont l’ego sera susceptible d’accepter ça, même ponctuellement. « Dans ces 26, certains joueront peu, et d’autres pas. Mais ils sont là. D’où l’importance dans les critères d’avoir cette capacité à accepter et de ne pas être des béni-oui-oui », confirmait DD. Le capitaine Hugo Lloris tentait de rapporter ce lundi la manière dont ses 25 camarades vivaient cette situation étrange.« Il n’y a pas de tension par rapport à ça, les choses sont claires dès le départ. On se considère comme un groupe de 26 joueurs et on va vivre cette aventure à 26, assure l’intouchable. À l’approche de la compétition, il y a quelque chose qui flotte dans l’air, on veut vire ça ensemble. On sait qu’il y aura de grands défis qui nous attendent et on devra dégager cette force face à l’adversité. » Du Deschamps dans le texte, qui résumait lui-même l’affaire quelques minutes plus tard : « Je leur dis tout le temps,« Vous êtes là et vous êtes 26 ». Avec ça, j’ai tout dit. » Jusqu’aux premiers coups de moues.
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Par Mathieu Rollinger, à Saint-Denis
Tous propos recueillis par MR