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Javier Tebas, un justicier à deux vitesses

Par Nicolas Kssis-Martov
Javier Tebas, un justicier à deux vitesses

Le mercato clôturé, Javier Tebas repart en croisade. Et parmi les infidèles qu’il désire bouter hors d’Europe, un PSG auquel il reproche de venir fausser le jeu, voire de menacer le foot. Rien que ça. Bien sûr, dès qu’il est question de gros sous, chacun voit midi à son portefeuille et toute morale ne s’entend que dans son propre intérêt.

Le PSG n’a donc pas laissé partir Kylian Mbappé vers le Real Madrid, après avoir pour sa part dépouillé le Barça, mais aussi l’Inter ou Liverpool. Il fut d’ailleurs bien un des seuls à s’autoriser une pareille orgie, sans contribuer à fluidifier le marché. Avec un budget qui semble infini, et son appétit toujours insatisfait, il est clairement devenu par sa politique de recrutement – à défaut de pouvoir le juger sur son palmarès européen – un des ténors de l’UEFA, dans un sport qui est désormais d’abord une économie. Cette réalité n’a pas échappé à son pire ou principal ennemi sur le Vieux Continent, Javier Tebas, président de la Ligue espagnole. Mercredi sur Twitter, celui-ci n’a pas caché son amertume, voire son prochain combat : « Les clubs-états sont aussi dangereux pour l’écosystème du football que la Superligue. Nous avons critiqué la Superligue, car elle détruit le football européen et nous sommes tout aussi critiques envers le PSG. »

Cette menace à peine voilée ne doit pas être prise à la légère. L’homme pèse. Il a contraint les clubs domestiques à adopter plus de rigueur, une diète imposée qui, selon le Barça, explique son choix de se séparer de son enfant prodige Lionel Messi. Si ce sont essentiellement les petits clubs qui en font principalement les frais (la hiérarchie sportive n’a pas été fondamentalement chamboulée pour ces réformes) ou ont servi d’exemple, il est aussi vrai que la Liga a quelque peu changé de visage. Nous demeurons loin évidemment de la sobriété ou de la décroissance, mais, de fait, les chiffres et les déficits ont été ramenés à des dimensions bien plus présentables que ces dettes abyssales qui avaient pourtant permis aux grands d’Espagne (et de Catalogne) de régner en C1, voire en C3.

PSG, le mal incarné…

Or voilà désormais que cet homme, dont les idées penchent plus qu’à droite et parfois plus catholique que le pape, entonne une belle rhétorique quasi gaulliste et régalienne. Un discours de plus ciblé vers un club de Ligue 1, un pays, pendant que le Real Madrid par exemple fut longtemps pointé du doigt pour ses dettes et l’indulgence de la Couronne, sans parler d’une fiscalité plutôt favorable. Reconnaissons tout de même à Tebas une certaine cohérence. Alors qu’il était déjà en guerre contre la Superligue, il en avait quand même profité pour glisser un tacle appuyé à ces clubs-états : « L’égoïsme de certains clubs, je le connais déjà. Ma position sur le PSG et Manchester City ne change pas. J’ai toujours dit que vous ne pouvez pas tricher. Nous allons essayer de ne pas changer les règles. » On se rappelle que lors de l’arrivée de Neymar au PSG, le bonhomme avait dégommé les méthodes parisiennes avec son sens inimitable de la mesure. « Ils se moquent du système. Nous les avons surpris en train de pisser dans la piscine, enrageait-il. Neymar pissait depuis le plongeoir. C’est inacceptable. » Pour lui depuis lors, en osant un tel sacrilège, QSI s’était transformé en « délinquant régulier », au regard des montants déboursés. En revanche, pas un mot sur les 180 millions que le Real était prêt à lui transmettre pour s’offrir Mbappé.

Les deux pieds décollés, c’est rouge.

Il ne faudrait néanmoins pas résumer ces propos à de la com un peu aigrie. Il existe bien une bataille au sein du système capitaliste du foot. Elle oppose les anciennes versions « traditionnelles » des clubs, parmi lesquels Manchester United ou l’Atlético de Madrid qui peuvent par ailleurs se doper à l’aide de fonds d’investissement ou de propriétaires étrangers, et ces fameux clubs-états, dont la logique d’engagement financière, souvent à visée géopolitique ou de soft power, est de nature à pouvoir déstabiliser le marché, mais aussi les rapports de force. Évidemment, dans ce petit jeu de pouvoir, personne ne veut céder son statut dominant. Les places sont déjà suffisamment chères, et les affaires se règlent en famille, comme lorsqu’il s’agit du fair-play financier. « Les salaires au niveau européen ont connu une inflation de 15% parce que des clubs comme le PSG ou Manchester City ne payent pas avec les revenus qu’ils engendrent, mais avec du pétrole et du gaz », s’agaçait toujours Tebas le Juste. Le président de la Liga vante et promeut un modèle d’économie « sain » , ou ceux qui ont pu construire leur prévalence par deux décennies de surendettement se drapent en Père la Vertu. « La liberté du renard libre dans le libre poulailler », comme disait ce brave Marx. On peut trouver problématique que des États prennent une telle importance dans la vie du football européen, sans pour autant faire les yeux doux aux fonds de pension US, la Chine ou à CVC à qui Tebas a vendu 10% du capital de la Liga. Le diagnostic sur le foot est peut-être le bon, il faudrait dans ce cas aller au bout de la logique et du remède…

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