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Ils ont marqué le foot sud-américain (de 60 à 51)
Après les tops européens, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football sud-américain. Aujourd'hui, les joueurs classés de la 60e à la 51e place.
60. Guillermo Stábile
Pour être sûr d’entrer dans l’histoire, être le premier à réaliser un gros exploit est une stratégie qui fonctionne. Être le meilleur buteur de la première Coupe du monde de l’histoire, par exemple, semble être une bonne idée. En 1930, lors du Mondial en Uruguay, le jeune attaquant roule sur tous les défenseurs qu’il croise et plante huit buts en quatre matchs. À vingt-cinq ans, celui qui n’avait jamais connu de sélection avec l’Albiceleste avant la Coupe du monde marque même en finale, finalement perdue par les Argentins. Après ce coup d’éclat, Stábile prend ses cliques et des claques et traverse l’Atlantique, direction le Genoa. Il dit ainsi adieu à tout jamais à l’équipe d’Argentine, et se lance dans une carrière européenne qui le conduira plus tard à Naples, puis au Red Star, avec lequel il remporte le championnat de D2 en 1939. Son habileté et son jeu d’anguille inarrêtable lui valent le surnom de « El Filtrador » , mais la Deuxième Guerre mondiale stoppe sa carrière de joueur sur le Vieux Continent. Stábile est bon pour un retour au pays où il devient coach de l’Argentine, poste qu’il occupera durant plus de vingt longues années (1939-1960), avec la bagatelle de six Copa América à la clé. AD
59. Nílton Santos
La Bataille de Berne. C’est ainsi qu’a été surnommé le quart de finale de la Coupe du monde 1954 entre la Hongrie et le Brésil. D’une violence rare, cette rencontre sera marquée par l’exclusion de Nilton Santos, latéral gauche historique de la Seleção. Un homme devenu joueur de football après un passage à l’armée de l’air, en 1945, grâce au commandant Honório, buteur de l’équipe de la brigade, qui lui arrangera un essai à Botafogo. Avec l’Alvinegro, Nilton Santos dispute 729 rencontres durant sa carrière. Sous le maillot brésilien, il remporte les Coupes du monde de 1958 et 1962. Surtout, il forme une amitié avec Garrincha, qui l’avait pourtant rendu fou lors de son essai à Botafogo. « Il m’a fait danser dans tous les sens, dira-t-il. Je suis allé voir l’entraîneur. Je lui ai dit de l’engager tout de suite et de le mettre dans l’équipe. Je ne voulais plus jamais avoir à l’affronter » , racontait Nilton Santos dans ses mémoires. Surnommé « L’Encyclopédie » pour ses connaissances du football, Santos a laissé son nom au stade olympique de Rio. RC
58. Faustino Asprilla
Asprilla, c’est la personnification du talent et de la folie du football colombien des années 90. Du talent, Tino en avait assurément. Associé à Valderrama, Valencia ou Rincón, Asprilla fait partie de la grande Colombie de Pacho Maturana qui colle un 5-0 à l’Argentine à Buenos Aires en 1993. Ce jour-là, il inscrit même un doublé. Ensuite, Asprilla égrène son talent entre Parme et Newcastle. Félin, génial par intermittence, Faustino est aussi un amoureux de la fête. Connu pour ses frasques nocturnes et son appétit pour les femmes, « El Pulpo » (le poulpe en français) devient un symbole sexuel quand, lors d’un match amical face au Chili, la caméra découvre son sexe dépassant de son short. Pas gêné pour un sou, Asprilla en profitera pour poser nu pour un magazine national. L’homme ne fait pas mentir sa réputation de taré, et en fin de carrière à l’Universidad de Chile, il débarque à l’entraînement avec un flingue, dégaine et tire en l’air pour « encourager » ses coéquipiers. Récemment, il vient de lancer sa marque de préservatif. Une bien belle reconversion. AJ
57. Luis Suárez
Quand le fauve a débarqué en Europe, « il jouait comme un animal enragé » , expliquait il y a deux ans l’ancien manager de l’Ajax David Endt (So Foot #113). Déjà, à Montevideo, son premier coach, Alejandro Garay, voyait en lui un félin : « Tu peux lui donner la meilleure nourriture, les meilleurs soins, mais un jour, le tigre va ouvrir la porte et te bouffer. Pourquoi ? Parce que c’est un tigre putain ! » D’Amsterdam à Barcelone en passant par Liverpool, il est toujours resté à l’état sauvage. Le salopard a sorti les griffes contre adversaires, entraîneurs et arbitres. Simulé des fautes comme une garce. Croqué de la chair humaine. Et posé sa grosse patte dans la surface en Coupe du monde. Le prix à payer pour admirer le plus beau, le plus majestueux, le roi de la jungle. FL
56. Tostão
Le Brésil des années 60 avait deux rois. Le plus illustre, le Roi Pelé, mais aussi le Roi blanc, alias Tostão. Adversaires sur le terrain lorsque le premier régalait à Santos et que le deuxième cartonnait à Cruzeiro, les deux hommes ont finalement été associés pour mener l’attaque brésilienne lors du Mondial 1970 au Mexique. Une réussite totale. Alors que Tostão a été à deux doigts de louper la compétition à cause d’une blessure à l’œil, lui, Pelé et l’une des plus grandes Seleção de l’histoire déroulent et remportent la Coupe du monde sans sourciller, et sans perdre un seul match. Pas vraiment voyageur dans l’âme, Tostão ne jouera jamais ailleurs que dans le championnat brésilien, mais s’offrira une belle pelletée de titres, surtout avec Cruzeiro. Mais la blessure à l’œil qui avait failli lui coûter la Coupe du monde 1970 ne le lâchera pas, et de nouveaux soucis à la rétine le conduisent à stopper sa carrière en 1973, à seulement vingt-six ans. Les médecins craignaient en effet qu’il ne devienne définitivement aveugle, mais Tostão restera dans le monde du football en se lançant avec succès dans une carrière de journaliste. AD
55. Jorge Burruchaga
Il parle à voix basse et lève rarement les yeux. Peut-être du fait de ses origines : l’humilité et le calme d’Entre Ríos, à la frontière avec l’Uruguay. Pourtant, c’est lui qui offre la Copa Libertadores à Independiente, en 1984, contre Grêmio. Le seul but des deux finales. Après avoir battu dans la foulée Liverpool lors de la Coupe intercontinentale, le premier affrontement post-guerre des Malouines entre Argentins et Anglais, c’est encore lui qui offre le Mondial à l’Argentine de Maradona, en 86. « Le plus grand moment de ma carrière, le plus beau moment de ma vie » , dit-il, au bord des larmes. La France, en revanche, le retiendra surtout pour ses blessures à Nantes et son implication dans l’affaire OM-VA. Son avis ? « J’ai été victime d’une grande injustice. » LR
54. Enzo Francescoli
Si l’adolescent Maradona avait pour idole Bochini, Zidane, lui, n’avait d’yeux que pour Francescoli, l’élégant numéro 10 de l’OM lors de la saison 1989-1990. « Marseille a été la meilleure équipe dans laquelle j’ai jouée. Notre trio d’attaque avec Papin et Waddle était exceptionnel. Malheureusement, on a été volé par un arbitre qui n’a pas vu une main que tout le stade Da Luz de Lisbonne a vu » , regrette le Prince depuis le Monumental, stade de River Plate, où il eu plus de succès qu’en Europe, avec la conquête de cinq championnats et de la Copa Libertadores 96.
Cette année-là, Francescoli formait un autre trio d’attaque de luxe avec Crespo et Ortega. Enzo l’Uruguayen, c’est aussi trois Copa América (83, 87, 95), dont deux au nez et à la barbe des Brésiliens. Respect. LR
53. Osvaldo Ardiles
« Argentina, Argentina… » Au tournant des années 70 et 80, les clameurs descendent des tribunes de White Hart Lane pour deux champions du monde 78 : Ricardo Villa et surtout Osvaldo Ardiles. Véloce et subtil meneur de jeu des Spurs, « Ossie » régale the place to be qu’est l’Angleterre, à une époque où les clubs britanniques raflent toutes les coupes européennes. Mais la guerre entre sa patrie natale et son pays d’adoption éclate en avril 1982. « Le lendemain de l’invasion des Malouines, on jouait la demi-finale de Cup, expliquera Ardiles pour El Grafico. Il y avait vingt fois plus de journalistes que d’habitude et ils ne voulaient pas parler de football.(…)La presse nous pourrissait la vie ; pour l’argentine, j’étais un traître, pour l’anglaise, un espion » .
L’Argentin file rejoindre la sélection en vue du Mondial 82, il reviendra à Tottenham un an plus tard au détour d’un crochet discret au PSG. Et d’une apparition au cinéma dans À Nous la Victoire. FL
52. Djalma Santos
Le 24 juillet 2013, lendemain de la mort de Djalma Santos, tous les journaux selamentent du décès du « meilleur latéral droit de l’histoire du football » . Si ce titre restera à jamais subjectif, il est certain que le Brésilien est celui qui a révolutionné le poste, transformant le simple défenseur en latéral à vocation offensive. Au cours de sa carrière, il connaît trois clubs, mais c’est avec Palmeiras qu’il remporte trois championnats paulistes, au moment où le Santos de Pelé marchait sur le football local. Mais c’est avec la Seleção que Djalma Santos va écrire les plus belles pages de son histoire. Lors de la Coupe du monde 1958 en Suède, il voit du banc son équipe rejoindre la finale. Lors de laquelle il sera finalement titulaire et que le Brésil remporte. Au Chili, quatre ans plus tard, Santos est un membre indéboulonnable du onze brésilien qui réalise le doublé. Il termine tranquillement sa carrière à l’Atlético Paranaense. Avec un titre, que le club attendait depuis treize ans. RC
51. Héctor Scarone
« Nous étions jeunes, gagnants, unis, on croyait être indestructibles. » Devant le cercueil d’Héctor Scarone, José Nasazzi, son ancien coéquipier, se rappelle les bons souvenirs de la première puissance de l’histoire du football mondial : la Celeste. Petit attaquant, Scarone a dû s’y reprendre par deux fois avant de signer au Nacional. Lors de son premier essai, il avait été considéré trop frêle. L’année suivante, il se présente de nouveau et rejoint le club de la capitale et son équipe réserve. Cinq matchs suffiront pour qu’il fasse le grand saut. 1917, le Mago Scarone a dix-neuf ans. Cette même année, il offre la première Copa América à sa patrie, d’un coup de tête, lui le buteur d’un mètre soixante-dix. Mais sa réelle d’histoire d’amour, c’est celle avec son club. Vingt saisons avec le maillot du Nacional, et une preuve de son attachement incroyable : en 1926, il rejoint le FC Barcelone. Le club catalan lui propose un contrat professionnel, qu’il refuse. « Je pensais à ma patrie, aux Jeux olympiques de 1928. Je devais porter le maillotceleste (s’il devenait professionnel au Barça, il ne pouvait pas disputer les JO, réservé aux amateurs à l’époque, ndlr). Je pensais au Nacional, mon club de cœur et j’ai décidé de ne pas signer. » Scarone range les crampons en 1939. Avec les éloges des plus grands, dont Zamora, qui déclarait que Scarone « était le symbole du football » . RC
Par Léo Ruiz, Florian Lefèvre, Alexandre Doskov, Arthur Jeanne et Ruben Curiel