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Espagne, colosse aux pieds d’argile
Après avoir souffert contre l'Iran et le Maroc, l'Espagne termine quand même première de son groupe et affrontera la Russie en huitièmes. Mais au-delà du classement, la Roja affiche une inconsistance peu en adéquation avec son statut de favori du Mondial.
Une madjer tout en finesse, pour égaliser dans le temps additionnel. Le petit geste d’Aspas est un trait de génie. À l’image de ce à quoi nous a habitués l’Espagne depuis une décennie. Sa place dans le scénario du match, en revanche, illustre autre chose. Contre le Maroc, la sélection espagnole a presque touché le fond – une deuxième élimination consécutive au premier tour de la Coupe du monde – et évité une défaite humiliante à quelques secondes près, grâce au soutien de la VAR. Déjà, contre le Portugal, la défense avait cédé trois fois avant de trembler face à l’Iran. Contre les Lions de l’Atlas, ce sont Ramos et Iniesta qui ont offert l’opportunité du premier but à Boutaïb. Avant qu’un manque de maîtrise ne laisse En-Nesyri remettre le doute au sein de l’équipe de Fernando Hierro. Le signe d’une sélection qui, quoi que puisse en dire le président de la Fédération espagnole, n’a pas digéré l’éviction surprise de son sélectionneur Julen Lopetegui, et son remplacement par l’ancienne gloire du Real Madrid.
Le chaud et le froid
Un coup de théâtre qui a transformé l’un des favoris ultimes de la Coupe du monde en équipe toujours bourrée de talents, mais au mental désormais friable, à la cohésion collective révolue. Dès son premier match contre la Selecção, l’Espagne a ainsi alterné entre errements défensifs incompréhensibles et enchaînements offensifs imparables. Car il ne faut pas sous-estimer la force d’une équipe qui en met trois aux champions d’Europe en titre. Mais une sélection qui se fait bousculer par l’Iran et le Maroc est tout de suite moins impressionnante.
Bonne nouvelle pour la Russie ?
On dit que les chiffres sont implacables… L’équipe d’Espagne finit première de son groupe à la faveur de ce but in extremis d’Aspas combiné à l’égalisation d’Ansarifard pour l’Iran contre le Portugal, mais elle n’a pas grand-chose à voir avec l’implacable machine à gagner de 2010 ou 2012. C’est une chance pour l’Espagne d’éviter l’équipe d’Uruguay qui monte en puissance. Mais même si la Russie apparaît désormais comme un « bon tirage » en comparaison aux expérimentés Godín, Suárez, Cavani, etc., on peut se demander qui fait la bonne affaire : les Ibères ou les Russes ? Poussés par la ferveur populaire, Golovin et ses potes ne partent peut-être pas vaincus d’avance face à un géant aux bases désormais trop fragiles.
Par Nicolas Jucha