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  • Euro 2016
  • Bilan du premier tour

Ces éliminés qui vont nous manquer (ou pas)

Par Régis Delanoë
7 minutes
Ces éliminés qui vont nous manquer (ou pas)

La phase de poules n’a pas écrémé beaucoup, mais il y a tout de même 8 sélections qui ont été éliminées. À leur manière, certaines d’entre elles manquent un peu déjà à la compétition, d’autres moins. À l’orée des huitièmes de finale, c’est déjà l’heure de s’offrir une petite séquence nostalgie sur ceux à qui on a dit au revoir.

Albanie : le coup est passé près

Lorik Cana et ses compatriotes ont longtemps cru la qualification possible. La dernière victoire acquise face aux Roumains leur avait enfin permis de débloquer le compteur, mais ils terminent finalement comme les pires troisièmes du tournoi et sont donc éliminés, du fait notamment de l’improbable réveil irlandais et de l’issue à suspense du groupe F livrée mercredi. Que l’Albanie n’aille pas plus loin dans la compétition, c’était prévu par une majorité de pronostiqueurs, mais il s’en est finalement fallu de peu que cette vaillante sélection dispute un huitième de finale : une entame de match manquée face à la Suisse, un money time mal géré face aux Français… Cette équipe nationale a en tout cas montré qu’elle méritait bien de figurer dans cette Europe élargie, avec quelques individualités vraiment intéressantes : Hysaj bien sûr, mais aussi Memushaj ou Sadiku. Le plus dur commence maintenant : confirmer et enchaîner avec la prochaine campagne de qualification pour le Mondial 2018… dans le groupe de l’Italie et de l’Espagne. Dur.


Roumanie : sans regret, vraiment ?

«  C’était le match pour cette génération, c’était le match de leur vie. La qualification aurait été une récompense. Je peux dire qu’ils ont tout fait pour tenter de se qualifier. (…)Nous n’avons pu marquer. Nous en sommes désolés. » Les dernières déclarations en tant que sélectionneur de la Roumanie d’Anghel Iordănescu, qui a quitté son poste à l’issue de ce troisième match de poules perdu face à l’Albanie (0-1), sont empreints d’un certain fatalisme. Son équipe a failli dans la petite finale du groupe. Tant pis et au revoir. Reste que c’est presque frustrant de se dire que cette Roumanie termine si précocement un tournoi qu’elle avait pourtant très bien entamé en ouverture face à la France. Si les Bleus ont eu tant de mal à prendre leurs trois premiers points, ce n’était pas seulement du fait de leur fébrilité, mais aussi et surtout en raison de la solidité collective de leurs adversaires en maillot jaune. Une équipe de pénibles, comme on dit. Et c’est un compliment.


Russie : sans équipe et maintenant sans entraîneur

Ce qui va le plus manquer de la Russie dans cet Euro ? Les regards bovins de son sélectionneur Leonid Slutsky, ainsi que ses inquiétants balancements d’avant en arrière depuis son banc façon Rain Man. Il a souffert, le pauvre, à voir ses joueurs envoyer en l’air la compétition sans vraiment chercher à la jouer. Cette Russie-là a encore montré trop de suffisance dans un tournoi international avec une équipe peu concernée, une défense presque toujours mal alignée, une attaque lente et stéréotypée. Pire sélection de cette Euro ? Peut-être bien, en tout cas ce n’est clairement pas rassurant de voir les Poutine boys aussi faibles et visiblement aucunement déterminés à s’améliorer alors qu’ils accueillent le Mondial dans deux ans. Le vaste chantier se profile sans chef désigné, Slutsky ayant décidé de jeter l’éponge. Le successeur de Capello n’aura pas duré un an à son poste.


Ukraine : vite, Shevchenko aux affaires !

Au rayon des sélections d’Europe de l’Est qui ont déçu, le voisin ukrainien est aussi en bonne place. Il a tout de même une circonstance largement atténuante avec un contexte lourd à gérer et qui commence à durer : un pays morcelé, un peuple déchiré, un avenir incertain. Dans ces conditions, pas facile de briller, d’autant que la sélection elle-même a paru divisée entre les joueurs du Dynamo Kiev d’un côté, ceux du Shakhtar de l’autre. Comme aux plus belles heures de la rivalité entre l’OM de Tapie et le PSG de Canal + venant pourrir l’ambiance au sein de l’équipe de France, l’Ukraine n’a pas su mettre de côté ses tensions en interne et termine en dernière position du tournoi, seule formation avec 0 point marqué. Vivement que l’actuel entraîneur assistant, Andriy Shevchenko, qu’on a vu plusieurs fois dépité sur le banc, passe aux affaires au poste de numéro 1 pour remettre de l’ordre dans cette sélection et lui redonner le goût de la victoire.


Turquie : hold-up manqué

Une entame manquée face à la Croatie (0-1), une humiliation face à l’Espagne (0-3), puis finalement le réveil et la victoire 2-0 de l’espoir dans le troisième match face à la Tchéquie : difficile de dresser le bilan de cet Euro turc, mais il penche plutôt du côté de la déception et de la crispation. Versés il est vrai dans un groupe très relevé, les hommes de Fatih Terim n’ont pas été vraiment à la hauteur du rendez-vous, et la tension s’est vite cristallisée autour des performances de ses supposés leaders, dont le pauvre Arda Turan, à la ramasse complète et qui s’est tellement fait critiquer que ça en a fait pleurer sa maman, a-t-il avoué. Le réveil face aux Tchèques mardi soir à Lens a finalement été inutile : la Turquie termine seulement cinquième meilleure troisième et ne réédite pas l’exploit de 2008 lorsque la bande à Altıntop et Rüstü s’était hissée à la troisième place de la compétition.


Tchéquie : Tomáš Rosický, la tristesse d’un adieu

Le miracle de Saint-Étienne n’a pas eu de suite. Revenus de 0-2 à 2-2 face à la Croatie à Geoffroy-Guichard grâce à un coaching gagnant, la sortie de Modrić et les fumis croates, les Tchèques ont manqué leur finale du groupe D en s’inclinant ensuite 0-2 face à la Turquie. C’est triste pour Petr Čech, impuissant dans son but. Triste pour Tomáš Rosický, qui a illuminé l’Euro le temps d’une magnifique passe décisive avant de quitter le tournoi, évidemment sur blessure, et de dire adieu à la sélection. Triste aussi pour l’élégant Plašil, pas au niveau dans ce tournoi et qui prend lui aussi sa retraite internationale. Vingt ans après la finale de l’Euro disputée par Nedvěd, Berger, Poborský, Bejbl, Šmicer and co, la sélection tchèque repart de zéro, ou presque, et va devoir retrouver une nouvelle génération pour ne pas seulement faire de la figuration dans les compétitions internationales.


Suède : arrivé avec son gros ego, parti dès le premier tour

« Came like a king, left like… » En un tweet, Ibrahimović a déclenché un meme dont il est devenu la principale victime. Revenu un France avec la sélection, le Z s’est montré incapable de la faire briller. À leur corps défendant, ses coéquipiers ont montré un niveau bien trop faible pour espérer mieux qu’une élimination dès la phase de poules, mais le leader et capitaine de l’équipe n’est pas parvenu à jouer le rôle de guide qu’on aurait aimé le voir endosser. Dans une formation qui ne peut pas faire le jeu, l’ex-attaquant du PSG ne sait pas bien comment se comporter sur un terrain. S’il y a eu du mieux lors du troisième match face à la Belgique, avec notamment ce but injustement refusé, le bilan général est trop insuffisant. Décidément, cet Euro ne sourit pas aux équipes en jaune… Allez, ça a quand même fait plaisir de revoir ce cœur de Kim Källström l’espace de trois matchs.


Autriche : les outsiders ont failli

C’est certainement la plus grosse déception de cet Euro pour l’instant et l’éliminé précoce le plus inattendu : l’Autriche avait un profil d’outsider en début de compétition, mais termine finalement au quatrième rang du groupe F avec seulement un point pris. « Peut-être que nos attentes étaient un peu trop élevées » , a déclaré le sélectionneur Marcel Koller après la défaite face à l’Islande. Peut-être effectivement a-t-on surestimé le niveau réel de cette équipe qui a manqué de solidarité, les individualités (Alaba, Arnautović…) semblant plus vouloir faire leur petit numéro que de se mettre vraiment au service du collectif. Dix-huit ans après son dernier Mondial totalement manqué, il faut croire que la France ne réussit pas à la sélection autrichienne, qui reste prometteuse, mais qui doit gagner en maturité. Ils ont payé pour apprendre, dira-t-on.

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Par Régis Delanoë

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