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Au fait, c’est qui le patron de l’Allemagne ?

Par Adrien Candau
4 minutes
Au fait, c’est qui le patron de l’Allemagne ?

Débordante de talent aux quatre coins du pré, la Mannschaft a tout ce qu’il faut sur le papier pour défendre son titre mondial de 2014. À l’exception d’un leader sur le terrain, capable de fédérer et de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. Un problème en vue pour Joachim Löw ? Peut-être.

Vu de loin, ce Nationalelfcuvée 2018 a quand même des airs de panzer, prêt à rouler sur tout ce qui bouge en Russie. Face au Mexique ce dimanche, l’Allemagne entrera sûrement certaine de sa force sur la pelouse du stade Luzhniki de Moscou. De l’arrogance ? Non, simplement du bon sens. Une défense béton, un milieu aussi technique que travailleur et un coach champion du monde : la Mannschaft a clairement le matos nécessaire pour postuler sa propre succession. À l’exception notable d’un patron sur le terrain. Un vrai, capable de secouer les esprits et de raffermir les volontés dans les moments qui comptent.

L’ombre d’un doute

Depuis son titre mondial en 2014, la Mannschaft s’est en effet enrichie de nouveaux jeunes talents comme Timo Werner ou Leon Goretzka. Mais elle a aussi sacrément perdu en expérience, puisqu’elle doit désormais composer sans Philipp Lahm, Miroslav Klose, Bastian Schweinsteiger et Per Mertesacker, qui pesaient à eux quatre plus de 400 sélections. Des monuments dont l’influence sur le groupe, sur comme en dehors du pré, était évidemment fondamentale. Derrière, leurs héritiers tout désignés (comme Joshua Kimmich qui a suppléé au départ de Lahm à droite ou Kroos en digne successeur de Schweinsteiger) ont sans aucun doute le bagage technique pour tenir la comparaison avec leurs aînés. Mais ils doivent encore prouver leur qualité de leadership en équipe nationale. Pas une mince affaire, comme le reconnaissait lui-même Kimmich dernièrement, dans des propos rapportés par Reuters : « Lahm a laissé une telle trace au poste d’arrière droit au Bayern et en sélection… J’ai seulement 23 ans et c’est clair que je ne peux pas remplir son rôle. Je ne peux pas encore l’égaler. Je n’y suis pas encore. Il me manque encore de l’expérience. »

Outre-Rhin, le problème inquiète d’ailleurs déjà les plus pessimistes. Comme l’ex-international Dietmar Hamann (59 sélections entre 1997 et 2005), qui préfère la jouer profil bas dans The Independent : « En fait, beaucoup de gens là-bas estiment que notre équipe est meilleure qu’il y a quatre ans, mais je ne peux pas être plus en désaccord avec cet avis… La sélection a perdu beaucoup d’expérience, et ça compte beaucoup. L’Allemagne a énormément de jeunes joueurs qui ont besoin d’être guidés, je ne suis pas sûr qu’ils disposent des leaders pour le faire… »

Pas de Kaiser en Russie

Pourtant, l’Allemagne n’a (évidemment) pas non plus la tronche d’une équipe de bizuts. Des joueurs de la trempe de Neuer, Boateng, Khedira, Kroos et Müller semblent quand même avoir suffisamment de bouteille pour pousser une gueulante et secouer quelques cages si la sélection commence à montrer des signes de faiblesses en Russie. Sauf que certains d’entre eux n’aborderont pas le Mondial dans la forme physique et psychologique de leur vie. À l’image du capitaine Manuel Neuer, éloigné des terrains pendant huit mois et qui a seulement fait son retour sur le pré mi-mai. Jérôme Boateng a vu lui aussi sa saison parasitée par les blessures, ne disputant que 19 matchs de Bundesliga en 2017-2018. Suffisant pour que l’Allemagne s’autorise à douter d’elle-même ? Historiquement, il faut bien dire que le Nationalelfa souvent performé en Coupe du monde lorsqu’il avait un Kaiser à sa tête. Comme Franz Beckenbauer en 1974, Lothar Matthäus en 1990 ou même Oliver Kahn en 2002. En 2014, le leadership était néanmoins plus partagé entre différents cadres -Lahm, Klose, Schweinsteiger… –, mais la chaîne de commandement et la hiérarchie entre les joueurs restait clairement établie.

Quatre ans plus tard, le leadership de la Mannschaft semble encore plus diffus et moins vertical. Reste à voir si cette évolution est nécessairement un problème, ou plus simplement la conséquence de l’évolution d’un football où les grandes gueules semblent moins pulluler qu’il y a une dizaine ou une vingtaine d’années. Après tout, l’Allemagne ne sera pas la seule sélection annoncée comme postulante pour la victoire finale à ne pas pouvoir se reposer sur un seul joueur dont le charisme, la personnalité et l’influence transcendent ses partenaires. L’exemple le plus criant de cette évolution ? Le Brésil, où le sélectionneur Tite a décidé que le capitanat sera assumé par un joueur différent lors de chacun des matchs du Mondial. Partager pour mieux régner en somme. Un pari audacieux pour la Seleção comme pour la Mannschaft. Et un pari gagnant ?


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Javier Aguirre termine le match en sang après avoir reçu une canette en pleine tête
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