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  • France – RC Strasbourg

Strasbourg : entre Rosenior et les ultras, un dialogue de sourds ?

Par Julien Duez
5 minutes

Depuis que le RC Strasbourg est devenu un porte-étendard du concept de multipropriété après son rachat par BlueCo en 2023, la contestation n’a jamais cessé au sein d’une partie du public de la Meinau. La sortie de Liam Rosenior à son encontre confirme que chacun est bel et bien dans son rôle.

Strasbourg : entre Rosenior et les ultras, un dialogue de sourds ?

Il y avait de quoi se réjouir à la Meinau ce dimanche après-midi. Vainqueur face au Havre (1-0), Strasbourg compte désormais 9 points sur 12 possibles et pointe à la cinquième place du classement de Ligue 1. Pour voir un départ aussi canon, il faut remonter à 1978, rien que ça ! Donc oui, il y avait de quoi se réjouir à la Meinau ce dimanche après-midi, en tout cas sur le plan sportif. Pour le reste, certaines tensions entre supporters et direction ne sont pas près de disparaître.

Peu avant le coup d’envoi de la rencontre, la Fédération des supporters du Racing Club de Strasbourg (rassemblant quatre groupes de supporters, dont les Ultra Boys 90, principal groupe ultra du kop alsacien), publiait un communiqué rappelant les raisons qui la pousse à continuer ses actions de protestations contre la direction et ce, alors que le Racing vit actuellement sur un petit nuage, symbolisé par son récent retour sur la scène européenne, pour la première fois depuis 19 ans.

Clash contre clash

Dans sa missive, la FSRCS dénonce « ce que Marc Keller [Président du Racing, NDLR] a fait du club en le vendant à BlueCo [en 2023, NDLR] » et qu’elle « ne l’accepter[a] jamais ». Selon elle, Marc Keller « n’est plus maître des décisions dans ce club qu’il avait su rebâtir avec des bases solides il y a une décennie. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un communicant chargé de défendre la politique de BlueCo. » Pour le collectif, il n’y qu’une issue possible pour le Président : « S’en aller et laisser les vrais décideurs occuper son siège. La défense du club avec qui il a partagé tant de choses n’est manifestement plus de son ressort. »

 

Autre signe de la grogne qui ne cesse de bouillonner dans le kop, les sifflets à l’encontre d’Emanuel Emegha, dont le titre de joueur du mois d’août a été assombri par l’annonce de son futur transfert à Chelsea, dont l’influence au RCS n’est plus à démontrer. En réponse à quoi, les UB90 ont déployé une banderole l’invitant à rendre son brassard. Un clash parmi d’autres, mais suffisamment important cette fois-ci pour faire sortir de ses gonds l’entraîneur Liam Rosenior : « Il était dévasté et moi aussiEmanuel Emegha restera capitaine tant qu’il sera là », a-t-il martelé en conférence de presse.

Je suis assez déçu de la réaction des supporters : cette petite proportion ne donne pas le respect à mes joueurs le respect qu’ils méritent.

Liam Rosenior, en colère

 

Mais la colère de Rosenior ne s’arrête pas là. Au micro de Ligue1+, le technicien anglais s’est montré particulièrement remonté : « L’année dernière, cette équipe a tout donné pour les fans. Je suis assez déçu de la réaction des supporters : cette petite proportion ne donne pas le respect à mes joueurs le respect qu’ils méritent. » Comme pour lui donner raison, le geste du virage a été vivement conspué par une partie des supporters dits « lambdas ». De quoi rassurer l’entraîneur qui, s’il dit « comprendre les différents problèmes au niveau de l’actionnariat », préfère mettre en avant la réussite sportive de son équipe pour faire taire les critiques : « On va en coupe d’Europe pour la première fois depuis longtemps. On va continuer de tout donner. Ce n’est pas l’heure pour ces querelles-là, il faut qu’on soit tous unis. »

Bien faire et laisser braire

Contactés par So Foot, les Ultra Boys 90 reconnaissent qu’à travers ses déclarations, Liam Rosenior est « dans son rôle, en défendant son vestiaire et son staff ». Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’entraîneur s’en prend directement à eux : « En début d’année déjà, Liam Rosenior, Habib Diarra et même Marc Keller nous avaient demandé publiquement d’arrêter les 15 minutes de silence en début de match. Cela avait été une première tentative de nous faire renoncer à nos actions symboliques, rembobine Maxime, porte-parole des UB. Mais avec sa sortie après le match contre Le Havre, une limite a été franchie car l’engagement et la légitimité de groupes entiers de supporters sont directement remis en cause. »

Notre position n’est pas émotionnelle : elle répond à une vision de ce que doit rester le Racing. Nos actions ne sont pas dictées par la popularité d’un tel ou un tel, ni par l’humeur du moment.

Maxime, porte-parole des UB90

Et l’ultra de rappeler que le groupe est lui aussi dans son rôle, celui de contrepouvoir : « Depuis la prise de contrôle de BlueCo, nous alertons sur les dérives possibles de la multipropriété et sur la perte d’identité que cela peut engendrer. » Les UB en savent quelque chose : jumelés avec leurs homologues du Hertha Berlin, ils ont pu constater le désastre du projet Big City Club lancé par le milliardaire allemand Lars Windhorst et qui s’est soldé par une relégation en 2. Bundesliga, après que ce dernier a revendu ses parts au consortium 777 Partners (également propriétaire du Red Star et du Genoa). Depuis cette intégration dans le modèle de la multipropriété, le Hertha, contrairement à Strasbourg, n’a même pas de bons résultats sportifs à faire valoir.

« Notre position n’est pas émotionnelle : elle répond à une vision de ce que doit rester le Racing. Nos actions ne sont pas dictées par la popularité d’un tel ou un tel, ni par l’humeur du moment. Elles s’inscrivent dans une réflexion de fond sur l’avenir du club, insiste Maxime. Nous ne cherchons pas à diviser, ni à plaire : nous cherchons à défendre le Racing et ce qu’il représente. Cela peut parfois aller à contre-courant, mais rester fidèles à nos convictions nous semble plus important que de suivre le vent dominant. » Liam Rosenior est prévenu, le torchon n’a pas fini de brûler. Car de fait, si d’aventure le projet sportif strasbourgeois venait à prendre l’eau, les travées de la Meinau sonneront rapidement beaucoup plus creux. Sauf dans le kop, évidemment. Mais il sera alors trop tard pour pleurer.

Le coup de gueule de Liam Rosenior contre une partie du public strasbourgeois

Par Julien Duez

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