- C1
- Quarts
- Dortmund-Barcelone (3-1)
Guirassy, en haut de l’affiche
Un style qui s’affine, des buts à la pelle et le statut de meilleur buteur provisoire de la Ligue des champions à 29 ans. Aucun supporter d’Amiens ou de Rennes n’aurait pu croire à une telle progression pour Serhou Guirassy.

Que doivent penser les Guinéens de leur nouvel ambassadeur ? Les supporters d’Amiens de leur ancien attaquant un peu pataud, pas forcément meilleur qu’Olivier Pickeu, Louis Mafouta ou Moussa Konaté ? Les Arlésiens, les Montargois, les Lavallois et les Lillois de leur ancien locataire ? Se souviennent-ils d’un mec grand et costaud ou d’un gros bosseur ? Se demandent-ils si c’est bien cet amoureux du foot, qui n’est pas « né buteur », mais est « devenu » le meilleur buteur de la Ligue des champions de la saison, celui qui a failli faire vaciller Barcelone à lui tout seul ?
« Je suis fier, parce que l’on a fait une belle rencontre, je pense. Les supporters ont vu du beau jeu. Le 4-0 à Barcelone, c’était un peu trop à remonter », a réagi l’intéressé, tout plein de cernes. La soirée ne s’est pas terminée comme il l’aurait voulu, mais, après cinq buts en trois matchs face à Barcelone cette année, Serhou Guirassy aura tout donné. Et ce n’était pas gagné.
Parce qu’il vient de loin
Un but de la tête, une Panenka tout en douceur et un but de vrai buteur, la panoplie du soir ne montre pas de signes de faiblesses. Avec un peu d’aide de Karim Adeyemi et de Daniel Svensson, Guirassy a planté ses 25, 26 et 27e buts de la saison (en 40 matchs), espérant seul ou presque que Dortmund renverse Barcelone. Sa soirée résume sa saison accomplie individuellement dans un collectif peu performant. « C’est très bien d’être meilleur buteur de la Ligue des champions. Il y a des grands joueurs, recconnaissait-il après la rencontre. Être premier, ça veut aussi dire que je suis un grand buteur, mais sans l’équipe, je ne peux pas faire tout seul, c’est dommage que la compétition s’arrête aujourd’hui. »
🖤💛#UCL pic.twitter.com/07dI9e4lz2
— UEFA Champions League (@ChampionsLeague) April 15, 2025
Oui, c’est dommage. Car voir la marge de progression de Guirassy attire la rétine déjà pour l’année prochaine. On parle d’un attaquant international jeune français débutant en pros à Laval, parti ensuite trop tôt à Lille, puis pas vraiment éclatant ni à Auxerre ni à Cologne. Son relatif échec en Allemagne avait ralenti ses espoirs. Des bons débuts à une concurrence d’Anthony Modeste et une descente en D2 plus tard, le voilà à Amiens. Puis à Rennes, contre 15 millions d’euros quand même. Mais comment passer d’un animateur du multiplex du dimanche à un buteur en série de Ligue des champions ? Même si les plus coquins rappelleront qu’il est le meilleur buteur de l’histoire des Rouge et Noir dans la compétition… avec deux réalisations (une contre Krasnodar et une autre contre Chelsea en 2020-2021).
Science du but sans confiance n’est que ruine de l’âme
Après un bon passage breton, son mètre 87, ses 82 kilos de raboteur de prés et sa maturité tardive l’ont de nouveau propulsé en Bundesliga, en 2022, à Stuttgart, où il en a planté 28. Ce serait trop facile dans ce championnat aux défenses portes ouvertes, trop simple pour un joueur grand, bon de la tête et un minimum adroit avec ses pieds. Ce serait le coup d’une saison, pas plus. Peu importe si c’est le record du club en une saison, peu importe si ce n’est pas loin derrière Harry Kane. Dortmund pouvait le recruter un peu blessé au genou, pas grave s’il échouait : 18 millions d’euros, ce n’est rien.
Serhou Guirassy : « Quand t’as aucune confiance pour un 9 c’est compliqué. J’ai un cas en particulier d’un joueur cette saison. Il a pas perdu ses qualités du jour au lendemain. » pic.twitter.com/WbYRATopoY
— Le Club des 5 (@LeClubDes_5) July 19, 2024
On pouvait se dire qu’un joueur d’Amiens restait un joueur d’Amiens, ou même que Dortmund baissait en standing cette saison. Quarante matchs plus tard, dont 33 dans lesquels il s’est montré décisif, à commencer par ce quart de finale retour de Ligue des champions, Guirassy est la preuve qu’à force de boulot, le boulot d’attaquant peut être bien fait. « Plus jeune, je m’éparpillais un peu trop. Avec la maturité, j’ai appris à jauger les situations où je dois dézoner et celles où je dois rester à mon poste, disait l’admirateur de Karim Benzema à France Football cet hiver. Sur certains matchs, il n’y a pas besoin de moi dans le jeu, je dois accepter de faire le parking. » Ce mardi soir, il a garé trois fois le ballon au fond des filets de Wojciech Szczęsny pour passer devant ses adversaires du jour, Raphinha (12 pions) et Robert Lewandowski (11). Qu’on se le dise : il faut maintenant compter avec Serhou Guirassy.
« On n’a pas été à la hauteur » : Jules Koundé déçu malgré la qualification du BarçaPar Ulysse Llamas