On Henry encore ?
L'Euro approche. Thierry Henry sera titulaire alors que personne ne le souhaite vraiment. Hormis l'intéressé, Pierre Ménès et quelques autres. Dont, c'est tout le problème, sans doute le sélectionneur national. Mauvaise nouvelle ?
Thierry Henry est cramé. Tout culé qui se respecte vous le confirmera : à Barcelone, il est nul.
Ca va certes un peu mieux qu’à ses débuts, comment faire pire, mais heureusement Eto’o revient. Henry peut bien être meilleur buteur de son escouade à égalité avec le beau-gosse Messi, 12 buts chacun, l’attaque qui pourrait relancer Barcelone, en Espagne comme en Europe, c’est Eto’o – Messi – Bojan sur le pré, les défenseurs dans le vent, Ronnie et Henry à l’hospice. Le numéro 14 barcelonais restera encore longtemps associé à qui vous savez, pas de quoi s’affoler. A Arsenal, toutefois, c’est pour toujours celui d’Henry, personne ne l’oubliera de sitôt, mais ce n’est pas pour autant évident que tous voudraient le voir revenir…
En EDF, c’est pareil. On peut être le meilleur buteur en activité d’une sélection et ne pas en être actuellement son meilleur attaquant, la preuve. Benzema c’est mathématiquement mieux : plus de danger et d’activité, moins de hors-jeu et de polémique, autant de plat du pied.
Benzema premier sur le rap, c’est évident, les prochains mois le confirmeront. Si 451, il sera difficile de ne pas aligner Benzi en tête de gondole. Comment imaginer Henry rééditer des performances façon Coupe du monde 06 et Benzema attendre gentiment sur le banc ? C’est chaud. A l’inverse, titulariser le pote de Rohff équivaut à placer Henry sur le banc. Pas simple, voire pas possible…
Comment régler le problème ? Jouer à deux pointes : Benzema – Henry et roule ma poule. Une fois encore, le cocu de l’histoire, c’est Nicolas. Anelka a beau ne jamais avoir autant joué en EDF, et plutôt bien, son histoire en bleu (le rouge n’y changera rien) est un éternel recommencement. Et ce même si son association avec Didier Super risque d’envoyer du lourd dans les semaines à venir.
Donc voilà, problème réglé. Et tant pis pour Anelka, une fois encore tête de Turc. Et tant pis pour les détracteurs de TH14, de plus en plus nombreux. Qui n’en peuvent plus de sa maladresse, pardon, ses maladresses devant le but, de son jeu de tête, véritablement unique en son genre, et surtout de son melon, tout aussi unique en son genre : subtil mélange entre fausse modestie, assurance à la limite de l’arrogance (ce qui pourrait au moins être drôle) et posture école de commerce en permanence : je suis un mec super cool et sympa mais j’en pense pas moins, z’êtes tous des cons de toute façon.
Comme si ça suffisait pas pour énerver les gens, l’homme aux deux prénoms a besoin de multiplier les touches de balle pour pouvoir se montrer efficace, de beaucoup toucher le ballon pour avoir de bonnes sensations (ou pas), quitte à aller se perdre, à gauche surtout et un peu partout voire nulle part si besoin est. En plus, l’animal n’hésite pas à faire savoir à ses copains, geste de merde à l’appui, s’il estime qu’on lui a mal transmis, enfin plutôt si on lui a pas transmis la gonfle comme mossieu le souhaitait, ou quand mossieu le souhaitait : « Ça tricote au milieu. On ne me donne pas le ballon assez vite » . (Euro 04, Zidane a parait-il beaucoup apprécié).
Les anti-Titi, qui n’ont pas forcément tort, n’en peuvent tellement plus qu’ils finissent souvent par lui reprocher jusque sa présence. Sauf que c’est un peu utopique. Un gars des Ulis revient, forcément. Henry fait partie du patrimoine. 1998, la-lalalala, poèmes de Jean-Louis Murat à son honneur, Monaco, Arsène Wenger, Pascale Clark, but devant les lacets de Roberto Carlos, Larqué qui jouit ; Thierry Henry est inscrit dans l’ADN de l’EDF. Puis surtout c’est pas sympa. Sans Thierry Henry, l’Equipe de France ne perdrait peut-être pas de sa valeur, mais certainement de sa saveur.
Comme la musique de Sebastien Tellier, les Bleus sont le plus court chemin qui va de la hype au parking d’Auchan. Le cas Henry nous permet alors, comme peu d’autres en ce monde, d’avoir un avis original en toutes circonstances. C’est super pratique : il suffit de l’allumer comme un sagouin auprès des profanes (ou tous ceux assimilés comme tels par les autres) et de le défendre coûte que coûte auprès des experts (ou tous ceux considérés comme tels, souvent par eux-mêmes).
Pour être unique en toutes circonstances, il suffit donc de critiquer ou d’encenser Henry selon le milieu dans lequel on se trouve. Ça demande un peu d’entrainement, mais c’est imparable. Ainsi, rien que pour cela et les argumentations improbables qui s’en suivent, ou ces longues discussions où l’on place l’esprit de contradiction au dessus de ses convictions, Thierry Henry doit continuer à jouer en EDF. Et, si possible, persister à mal le faire, c’est bien plus drôle ainsi. On Henry déjà.
SCW
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